Typologie(s)
maison et atelier d’artiste
Intervenant(s)
Paul HANKAR – architecte – 1897
Albert CIAMBERLANI – peintre – 1897
Adolphe CRESPIN – peintre de sgraffite – 1897
Adrien BLOMME – architecte – 1927
Styles
Inventaire(s)
- Inventaire d'urgence du patrimoine architectural de l'agglomération bruxelloise (Sint-Lukasarchief 1979)
- Actualisation de l'inventaire d'urgence (Sint-Lukasarchief - 1993-1994)
- Actualisation du projet d'inventaire régional du patrimoine architectural (DMS-DML - 1995-1998)
- Inventaire des sgraffites (GERPM)
- Le patrimoine monumental de la Belgique. Ixelles (DMS-DML - 2005-2015)
Ce bien présente l’(es) intérêt(s) suivant(s)
- Artistique La signature d’un bien immeuble (bâtiment) par un architecte de renom ne peut pas être considérée comme un critère absolu. Pour évaluer la place qu’un bien occupe dans l’œuvre d’un architecte, ce critère doit être modulé avec la qualité architecturale (composition et structure interne) du bien, sa mise en œuvre (matériaux, maîtrise technique) et la place qu’il occupe dans l’histoire de l’architecture, ces trois éléments pouvant témoigner d’une phase ou d’un aspect de l’architecture urbaine ou paysagère du passé. Les critères suivants s’appliquent alors pour évaluer l’intérêt artistique : la rareté (typologie, style, utilisation des matériaux, sources), la représentativité (idem) et l’intégrité (idem + qualité d’exécution).
- Esthétique Le bien possède un intérêt esthétique s’il stimule les sens de l’observateur de manière positive (l’expérience de la beauté). Historiquement, cette valeur était utilisée pour désigner des zones naturelles ou semi-naturelles de grande valeur, mais elle peut également s’appliquer à de grands ensembles de bâtiments dans une zone urbaine, avec ou sans éléments naturels, ou à des monuments qui marquent le paysage urbain. D’autres intérêts sont automatiquement pris en considération, l’artistique en premier lieu, mais aussi le paysager (intégration de l’œuvre dans le paysage urbain, points de repère dans la ville) et l’urbanistique (ensembles urbains spontanés ou rationnels). Les critères de sélection suivants lui sont également associés : la représentativité, la valeur d’ensemble et la valeur contextuelle. Ces critères doivent être combinés avec d’autres critères (notamment artistiques).
- Historique Le bien présente un intérêt historique s’il témoigne d’une période particulière de l’histoire de la région ou de la commune, s’il représente un témoignage d’une période particulière du passé et/ou d’une évolution rare pour une période (par exemple, une cité-jardin représentative d’un mode de construction utilisé lors des grandes campagnes d’urbanisation après la Seconde Guerre mondiale, les noyaux villageois illustrant les premiers bâtiments groupés des communes de la Seconde couronne, la Porte de Hal comme vestige de la deuxième enceinte, etc.), s’il témoigne d’un développement urbain (et/ou paysager) particulier de la ville (par exemple, les immeubles des boulevards centraux ou du quartier Léopold), s’il présente un lien avec un personnage historique important, y compris les maisons personnelles d’architectes et les ateliers d’artistes (par exemple, la maison natale de Constantin Meunier, la maison de Magritte), s’il peut être associé à un événement historique important (par exemple, les maisons datant de la reconstruction de Bruxelles suite au bombardement de 1695, la colonne du Congrès), ou s’il possède une représentativité typologique caractéristique d’une activité commerciale ou culturelle (par exemple, les églises, les cinémas, l’architecture industrielle, les pharmacies).
- Technique Un bien possède un intérêt technique en cas d’utilisation précoce d’un matériau ou d’une technique particulière (ingénierie), ou s’il présente un intérêt constructif ou technologique particulier, une prouesse technique ou une innovation technologique. Il peut également être considéré comme ayant une valeur archéologique industrielle s’il témoigne de méthodes de construction anciennes. Bien entendu, l’intérêt technique est à mettre en relation avec l’intérêt scientifique.
- Urbanistique Certains biens architecturaux ont joué un rôle prépondérant dans la planification urbaine par le passé. Ils suivent généralement d’autres formes (plans) urbanistiques, entraînant une interaction entre les espaces bâtis et non bâtis (ou ouverts). Cet aménagement comprend également la cohérence entre les différents niveaux d’échelle. Un bien immobilier possède un intérêt urbanistique lorsqu’il joue un rôle dans ce domaine. En voici quelques exemples : les bâtiments d’angle, les places ou les enfilades d’immeubles présentant une certaine cohérence, les tours (immeubles de grande hauteur) habilement implantées et leur relation avec leur environnement qualitatif immédiat, qui peut être cohérent mais aussi contrasté, ainsi que les vestiges de concepts urbanistiques et la manière dont ils sont ou ont été remplis architecturalement (et typologiquement), comme les palais urbains et/ou les maisons de maître éclectiques encore préservés dans le quartier Léopold.
Recherches et rédaction
id
Description
Paul Hankar dessine également les plans d'un hôtel particulier pour José Ciamberlani rue Paul Émile Janson no 23-25 (1900), soit dans le prolongement de la parcelle appartenant à son frère Albert, des écuries séparant les deux propriétés (voir ce no).
Les sgraffitesTechnique de décoration murale consistant à recouvrir d’une mince couche d’enduit clair une première couche de ton sombre. Un dessin est ensuite créé en grattant partiellement l’enduit clair, alors qu’il est encore frais, pour mettre à jour l’enduit foncé sous-jacent. Les traits des dessins apparaissent ainsi en creux et en foncé. En outre, la couche d’enduit clair peut être mise en couleur. monumentaux de la façade sont conçus par Albert Ciamberlani qui en confie la réalisation à Adolphe Crespin.
En 1927, à la demande de Albert Devez, juriste et homme politique libéral, l'hôtel est fortement remanié par l'architecte Adrien Blomme qui transforme le rez-de-chaussée côté rue et la façade arrière, modifie l'intérieur et agrandit le bâtiment.
La façade monumentale de douze mètres de large, le double d'une maison traditionnelle, s'élève sur trois hauts niveaux. Construite en briques blanches de Silésie, marquée de bandeauxÉlément horizontal, soit en saillie et de section rectangulaire, soit dans le plan de la façade. de pierre blanche d'Euville, elle est décorée aux étages d'un imposant sgraffiteTechnique de décoration murale consistant à recouvrir d’une mince couche d’enduit clair une première couche de ton sombre. Un dessin est ensuite créé en grattant partiellement l’enduit clair, alors qu’il est encore frais, pour mettre à jour l’enduit foncé sous-jacent. Les traits des dessins apparaissent ainsi en creux et en foncé. En outre, la couche d’enduit clair peut être mise en couleur. d'inspiration orientale. Les étages sont flanqués de larges pilastresÉlément vertical plat en ressaut qui évoque un support (un pilier engagé). Il peut être muni d’une base et d’un chapiteau. supportant la corniche.
La façade, asymétrique, révèle une grande liberté dans la répartition des baiesOuverture, d'ordinaire une porte ou une fenêtre, ménagée dans un pan de mur, ainsi que son encadrement. : quatre fenêtres au rez-de-chaussée, deux au premier étage et sept au dernier.
Soubassement percé à droite de deux baiesOuverture, d'ordinaire une porte ou une fenêtre, ménagée dans un pan de mur, ainsi que son encadrement. à arcStructure appareillée de couvrement, cintrée selon un profil donné. surbaisséUn élément est dit surbaissé lorsqu’il est cintré en arc de cercle inférieur au demi-cercle., à gauche d'un garage aménagé en 1927 par Adrien Blomme, en remplacement d'une porte.
Le deuxième niveau est éclairé par deux grandes baiesOuverture, d'ordinaire une porte ou une fenêtre, ménagée dans un pan de mur, ainsi que son encadrement. à arc outrepasséUn arc est dit outrepassé lorsque son tracé excède le demi-cercle ou le demi-ovale. Il peut en outre s'agir d'un arc brisé dont le tracé se compose de deux courbes en forme de demi-cœur., inspirées de l'architecture chinoise (Loyer, F., 1986, pp. 206, 207), pourvues de châssisPartie en menuiserie d'une fenêtre. à petit-bois aux lignes souples. Le balcon continuUn élément est dit continu s’il règne sur toute la largeur de l’élévation ou sur plusieurs travées. est supporté par cinq consolesPièce de pierre, de bois ou de métal partiellement engagée dans un mur et portant un élément en surplomb. La console se distingue du corbeau par ses dimensions plus grandes et par le fait qu’elle s’inscrit grosso modo dans un triangle rectangle. La console désigne également des éléments non porteurs, mais apparentés d’un point de vue formel à une console. en pierre ; celle dans l'axe est doublée d'un élément en pierre. L'exceptionnel garde-corpsOuvrage de clôture qui ferme un balcon, une terrasse, une porte-fenêtre, une gaine d'ascenseur... en fer forgéFer façonné à chaud sur l’enclume, utilisé pour réaliser des éléments architecturaux comme des garde-corps, des ancres, des grilles, des épis de faîtage., reprenant des motifs floraux répétitifs, participe pleinement à la décoration et à l'animation de la façade. À hauteur de cet étage un sgraffiteTechnique de décoration murale consistant à recouvrir d’une mince couche d’enduit clair une première couche de ton sombre. Un dessin est ensuite créé en grattant partiellement l’enduit clair, alors qu’il est encore frais, pour mettre à jour l’enduit foncé sous-jacent. Les traits des dessins apparaissent ainsi en creux et en foncé. En outre, la couche d’enduit clair peut être mise en couleur. représente une scène de vie antique.
Le dernier étage est percé de sept fenêtres rectangulaires en bandeauÉlément horizontal, soit en saillie et de section rectangulaire, soit dans le plan de la façade., séparées par un trumeauPan de mur compris entre deux travées ou entre deux baies d'un même niveau. en pierre doublé de colonnettes en fonteFer riche en carbone, moulé pour réaliser des éléments architecturaux comme des garde-corps, des colonnettes, des cache-boulins. Contrairement au fer forgé, la fonte est cassante et résiste mal à la flexion. jumelées par deux. La friseBande horizontale, décorée ou non, située au milieu de l’entablement. Par extension, suite d’ornements en bande horizontale. de l'entablementCouronnement horizontal qui se compose d’une architrave, d’une frise puis d’une corniche. Les façades sont d’ordinaire coiffées d’un entablement. On peut également trouver un petit entablement au-dessus d’une baie ou d’une lucarne. est décorée d'un sgraffiteTechnique de décoration murale consistant à recouvrir d’une mince couche d’enduit clair une première couche de ton sombre. Un dessin est ensuite créé en grattant partiellement l’enduit clair, alors qu’il est encore frais, pour mettre à jour l’enduit foncé sous-jacent. Les traits des dessins apparaissent ainsi en creux et en foncé. En outre, la couche d’enduit clair peut être mise en couleur. qui illustre, dans une succession de médaillonsCartouche rond ou ovale., reprenant le rythme des baiesOuverture, d'ordinaire une porte ou une fenêtre, ménagée dans un pan de mur, ainsi que son encadrement., les travaux d'Hercules.
L'ensemble de la façade a fait l'objet d'une restauration en 2006.
Le plan du rez-de-chaussée, proche de celui de l'hôtel René Janssens, est composé de deux parties séparées par le couloir d'entrée où une porte vitrée à petit-bois est décorée de vitraux colorés. La partie droite rappelle le plan traditionnel des maisons bruxelloises, à savoir une enfilade de trois pièces : salon, salle à manger et véranda. La partie de gauche comprend, vers la rue, un petit salon isolé donnant sur la cage d'escalierEspace à l'intérieur duquel se développe un escalier. monumentale, elle-même suivie d'une pièce donnant vers le jardin.
Au premier étage, le vaste salon occupant toute la largeur de la façade est éclairé par les deux baiesOuverture, d'ordinaire une porte ou une fenêtre, ménagée dans un pan de mur, ainsi que son encadrement. circulaires ; la salle à manger se trouve à l'arrière. Le dernier étage est occupé par des chambres ; trois à l'avant et deux à l'arrière.
En 1927, Blomme agrandit un « local d'archive » entre le rez-de-chaussée et le premier niveau, accessible depuis la cage d'escalierEspace à l'intérieur duquel se développe un escalier.. Il agrandit l'immeuble sur trois niveaux vers le jardin et aménage une terrasse au premier étage. L'architecte modifie également la circulation intérieure en déplaçant l'escalier de service et différentes cloisons.
Aménagement intérieur. L'ensemble de l'aménagement intérieur est conçu par Paul Hankar qui dessine un escalier monumental de style Art nouveauStyle Art nouveau (de 1893 à 1914 environ). Mouvement international, avec de fortes variantes locales, né en réaction aux styles « néo ». En Belgique, ce courant connaît deux tendances : d’un côté, sous l’égide de Victor Horta, l'Art nouveau « floral », aux lignes organiques ; de l’autre, l'Art nouveau géométrique, influencé par l'art de Paul Hankar ou la Sécession viennoise. en acajou et sapin rouge du Nord, un élégant mobilier en chêne pour la salle à manger et la chambre à coucher, plusieurs cheminées en marbre, les lambrisLe lambris est un revêtement de menuiserie, de marbre ou de stuc couvrant la partie inférieure ou l'entièreté des murs d’une pièce. et les plafonds en bois. La salle à manger du rez-de-chaussée a conservé une friseBande horizontale, décorée ou non, située au milieu de l’entablement. Par extension, suite d’ornements en bande horizontale. de tapisserie qui a pour thème la faune et la flore. De nombreux éléments de boiseries de style Art nouveauStyle Art nouveau (de 1893 à 1914 environ). Mouvement international, avec de fortes variantes locales, né en réaction aux styles « néo ». En Belgique, ce courant connaît deux tendances : d’un côté, sous l’égide de Victor Horta, l'Art nouveau « floral », aux lignes organiques ; de l’autre, l'Art nouveau géométrique, influencé par l'art de Paul Hankar ou la Sécession viennoise. ont disparu lors des modifications réalisées par l'architecte A. Blomme en 1927.
Suite à ces transformations, la cage d'escalierEspace à l'intérieur duquel se développe un escalier., qui conserve son volume d'origine, reçoit un nouvel escalier plus massif de style baroque flamand. Au rez-de-chaussée la cheminée est abaissée jusqu'à hauteur des lambrisLe lambris est un revêtement de menuiserie, de marbre ou de stuc couvrant la partie inférieure ou l'entièreté des murs d’une pièce. et sa forme est simplifiée (Architecture et décoration, 1903, pl. 14). Les lambrisLe lambris est un revêtement de menuiserie, de marbre ou de stuc couvrant la partie inférieure ou l'entièreté des murs d’une pièce. en bois dessinés par P. Hankar subsistent au rez-de-chaussée ; ceux du premier étage ont disparus. Les moulures des plafonds sont renouvelées dans un style Art DécoStyle Art Déco (entre-deux-guerres). Tendance à la géométrisation des formes et des ornements architecturaux, doublée de jeux de matériaux, de textures et de couleurs. représentatif du style d'Adrien Blomme. Les meubles conçus par Paul Hankar sont aujourd'hui conservés au Design Museum de Gand.
Classement 12.01.1983
Sources
Archives
ACI/Urb. 89-48.
Ouvrages
BORSI, F., WIESER, H., Bruxelles capitale de l'Art Nouveau, trad. fr. J.-M. Van der Meerschen, Mark Vokaer éd., Bruxelles, 1992 (Collection Europe 1900), pp. 38-39, 57, 147.
LOYER, F., Paul Hankar, Naissance de l'Art Nouveau, AAM, Bruxelles, 1986, pp. 205-208.
LOYER, F., Paul Hankar, Dix ans d'Art Nouveau, CFC éd. – AAM, Bruxelles, 1991, pp. 70-84.
Bruxelles, Monuments et Sites classés, Région de Bruxelles-Capitale, Service des Monuments et Sites, 1994, p. 136.
VERHEYEN, A., Éléments de biographie in Hommage à Albert Ciamberlani 1864-1956, Galerie Regard, Bruxelles, 1975, p. 2.
Périodiques
COSSE, J., « Maison mitoyenne à Saint-Gilles Bruxelles », A+, 98, 1988, pp. 4-37.
PUTTEMANS, P., « Paul Hankar », A+, 114, 1992, p. 20.
DEWALQUE, A., « Paul Hankar, La permanence de la tradition gothique », A+, 117, 1992, pp. 62, 63.
« Maison, rue Defacqz, 46, Bruxelles, Paul Hankar, Architecte » Architecture et décoration, 1903, pl. 3, 13, 14.
CONRARDY, C., Thibaut, R., « 1859 – Paul Hankar – 1901 », La Cité, 2, 1923, pp. 25-28.
CONRARDY, C., Thibaut, R., « 1859 – Paul Hankar – 1901 (suite) », La Cité, 3, 1923, pp. 37-40.