Recherches et rédaction

2013-2015

 

Voir les biens de ce lieu repris à l'inventaireSituée dans le prolongement de l'avenue du Pesage, cette longue avenue débute place Marie-José et s'achève à hauteur du croisement qu'elle forme avec les avenues de la Forêt, d'Italie et du Venezuela.

Son tracé reprend celui de l'ancien chemin vicinal n°52, dit aussi Wallengat ou Wallinegat, qui menait autrefois au lieu-dit Het Spoel, petit hameau formé à l'est de Boondael (une demande de permis de bâtir de 1887 mentionne également la rue Wallinnes). Ce chemin est une première fois redressé et élargi dans la cadre du plan général fixé par l'arrêté royal du 22.10.1885 qui prévoyait en outre la prolongation du Wallengat jusqu'à la chaussée de la Hulpe (hippodrome de Boitsfort, Uccle, 1875) ainsi que, dans la continuité, le redressement et l'élargissement de la Brusselstraet (chemin vicinal n°28 et actuelle avenue A. Buyl) et du chemin n°43.

Ces travaux de voirie avaient alors pour objectif de rendre possible l'établissement de la ligne de tramway à vapeur entre l'ancienne place Sainte-Croix (place E. Flagey) et Boondael où elle devait aboutir à l'angle des actuelles avenues du Derby et Air Marshal Coningham, à hauteur du Café du Lac construit en 1865 par Petrus Vandenbranden sur des terrains lui appartenant (voir Gonthier, A., 1955, pp. 117, 118, 122). Le café est démoli au début des années 1950 pour laisser place à l'actuel immeuble à appartements de Jean Debernardi, un entrepreneur particulièrement actif dans le quartier (notamment le n°1-5; architecte G. Dewamme, 1953).

Avenue du Derby, l’ancien [i]Café du Lac[/i], s.d (Collection de Dexia Banque-ARB-RBC).

Élargi à 18 mètres à la fin des années 1890 (arrêté royal du 19.09.1892), l'ancien sentier se voit à nouveau modifié dans le cadre du plan d'aménagement du quartier de Boondael, dont la version définitive, après plusieurs variantes, est finalement fixée par arrêté royal le 02.11.1937. Ce quartier correspond à la zone qui s'étend de l'avenue Brillat-Savarin à la frontière communale avec Watermael-Boitsfort, et couvre le site précédemment occupé par l'Exposition universelle de 1910 et l'ancien hameau de Boondael.

C'est parce qu'elle se trouve en direction de l'Hippodrome de Boitsfort (1875), situé chaussée de la Hulpe, que l'avenue du Derby reçoit sa dénomination: un terme du vocabulaire hippique.

Telle qu'elle se présente aujourd'hui, l'avenue se construit progressivement entre le début des années 1920 et le milieu des années 1970. Le bâti se compose de maisons unifamiliales, de villas précédées d'un jardinet ou implantées en recul important de l'avenue (comme la villa de style traditionnaliste située au n°12 de l'architecte Robert Théry, 1955) et des immeubles à appartements érigés après la Seconde Guerre mondiale.

La plus ancienne construction actuellement conservée aux abords de l'avenue est la Villa René (1894), édifiée pour le négociant en charbon et amateur d'art Edouard Taymans (voir n°18). En 1909, E. Taymans fait appel à l'architecte Paul Hamesse pour effectuer des travaux à hauteur du garage de la villa (démoli). Quelques années plus tôt, ce même architecte réalise pour Taymans la transformation de son habitation et magasins de la rue des Champs Élysées (voir le n°6A à cette adresse).

Pour les maisons unifamiliales principalement construites dans les années 1930, c'est le style Art Déco qui s'impose, tantôt discrètement comme au n°13 (architecte A. Delforge, 1935), tantôt de manière plus affirmée comme dans la maison personnelle de l'ingénieur-architecte Eléazar Cozac, alors architecte attitré de la société Solvay (voir n°19), ou dans les deux villas conçues par et pour l'architecte Pierre Heine (voir nos2, 4), qui est également l'auteur des plans originels de la villa sise au n°6 (1925) complètement reconstruite depuis.

Avenue du Derby 6, élévations originelles par l’architecte Pierre Heine (façades), ACI/Urb. 93-6 (1925).

À l'angle de l'avenue du Brésil, l'immeuble à appartements de 1953 résulte de la collaboration des architectes Antoine et Michel Courtens, son fils (voir n°53). L'immeuble est construit à la demande de Marie Courtens, épouse d'Antoine, et de Pierre de Brabant, un collaborateur du Groupe Louis Empain que Courtens rencontre à l'occasion de son séjour pour cette société au Canada (Bovy, Ph., 2003, p. 18).

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la Société Anonyme d'habitations à Bon Marché de l'Agglomération bruxelloise investit également le long de l'avenue en commanditant à l'architecte Raymond Moenaert un sobre complexe de trois immeubles à appartements (n°43-51; 1951). Conçus dans le cadre des nouvelles directives liées à la loi De Taeye (1948) et à la loi Brunfaut (1949), les appartements sont réservés à la vente et accessibles à la classe moyenne ou à la bourgeoisie modeste (à l'arrière, les 34 garages sont de l'architecte E. Picquet, 1954). Un peu plus loin, à hauteur de l'avenue d'Italie et dans un tout autre style, l'immeuble à appartements (nos26-28-30: La Pelouse, 1964) fait partie du complexe immobilier Royal Derby de l'architecte René Stapels (1960-1964; voir avenue d'Italie).

Sources

Archives
ACI/TP 93.
ACI/TP Quartier Boondael.
ACI/TP Historique des rues (1925).

ACI/Urb. 1-5: 93-1-5; 6: 93-6; 12: 93-12; 13: 93-13; 26-28-30: 93-26-28-30; 43-51: 93-43-45-47-49-51.
43-51: Bulletin communal de la ville de Bruxelles, année 1949, séance du 03.10.1949, pp. 213-215.

Ouvrages
BOVY, Ph., Boondael (2), Commune d'Ixelles, Bruxelles, 2003 (À la découverte de l'histoire d'Ixelles, 10), pp. 18, 19.
DOSOGNE, D., Formation et évolution de deux quartiers résidentiels du Sud-est de Bruxelles: le quartier du Solbosch et le quartier de Boondael, mémoire de fin de licence spéciale en Urbanisme et Aménagement du territoire, ULB, 1994.
GONTHIER, A., Boondael. Le Milieu, les hommes, les institutions, Éditions de la librairie encyclopédique, Bruxelles, 1955.
GUILLAUME, A., MEGANCK, M., et al., Atlas du sous-sol archéologique de la Région de Bruxelles:15 Ixelles, Bruxelles, 2005, p. 92.

Périodiques
43-51: GAIARDO, L., Société Coopérative du Logement de l'Agglomération Bruxelloise Centième anniversaire, IGEAT – ULB, 2000, p. 16.
43-51: «Cheminées Shunt», La Maison, 10, 1957, p. CCXII.