Recherches et rédaction
Voir les biens de ce lieu repris à l'inventaire
Reliant
la place Royale au boulevard de Waterloo, cette importante voie de pénétration
dans Bruxelles est une portion de la « Vieille Chaussée » qui traversait la
ville d’ouest en est via le Castrum, le Werf, le Nedermerct
et le Coudenberg, et dont le tracé remonte au moins au XIe siècle
(voir aussi rue de Flandre, Sainte-Catherine, du Marché aux Poulets, du Marché
aux Herbes, de la Madeleine et Montagne de la Cour). Actuellement, elle se
prolonge, au-delà du Pentagone, par la chaussée d’Ixelles mais autrefois elle
allait du Palais du Coudenberg à l’ancienne porte du Coudenberg. Cette partie
de la première enceinte, dont des vestiges furent découverts en 1888 sous
l’actuelle rue Brederode, servit de prison d’État sous le duc d’Albe, de dépôt
des Archives du Brabant à partir de 1591 et fut démolie en 1761. La rue fut
ensuite fermée plus haut par la Nouvelle porte du Coudenberg, future porte de
Namur, appartenant à la deuxième enceinte (XIVe siècle). Cette porte
fortifiée, de plan semi-circulaire, fut détruite en 1782. Après l’établissement
des boulevards de ceinture — boulevards du Régent en 1821, de Waterloo en 1823
(voir boulevard d’Anvers) — fut créée en 1835-1836, à l’extrémité de la rue de
Namur, une vaste esplanade occupée par des immeubles symétriques et deux
pavillons d’octroi d’esprit néoclassique dus à l’architecte A. Payen. Après la
suppression de l’octroi en 1860, ces deux pavillons furent transférés à
l’entrée du Bois de la Cambre. La partie Ouest de la rue, la plus ancienne, est
dénommée rue de Coudenberg jusqu’en 1851 ; la partie Est, plus récente, parfois
appelée rue Entre-deux-portes, adopte son appellation actuelle au début du XIXe
siècle.
Le tronçon Ouest de la rue était jadis délimité, du côté pair (Nord), par la
façade gothique de l’ancienne église Saint-Jacques et l’abbaye de Coudenberg,
remontant au XIe siècle (voir nos 4 à 12) et, du côté
impair (Sud), par les écuries du Palais du Coudenberg, remontant au XIVe
siècle et détruites en 1928 (voir rue de la Régence, n° 2). Le tronçon Est de
la rue était jadis occupé par le couvent des Thérésiennes ou Carmélites démoli
en 1785, qui comprenait une église baroque construite de 1607 à 1615 par
l’architecte W. Cobergher, et sur lequel on traça ensuite les rues Thérésienne
et de la Pépinière.
Rue courbe grimpant depuis la place Royale au travers d’une arcade, avec
retrait de l’alignement à hauteur des nos 34, 45 et 65 (voir ce numéro).
Composition hétérogène qui présente en majorité des magasins d’inspiration
néoclassique s’échelonnant sur le XIXe siècle, le plus souvent de
petits immeubles de quatre niveaux et deux travées en moyenne. Façades sobres,
tout au plus décorées d’encadrements moulurés, de cordons et de refends, du premier
quart du XIXe siècle tels les nos 37 (1844), 45 (1850), 46 (1841, surélevé en 1897) et 79 (1835, surélevé en 1887). Façades
plus riches avec décor stuqué et balcons à garde-corps en fer forgé, de la
deuxième moitié du XIXe siècle, tels les nos 11 (1881), 36-38, 39-41 (1878) et 81 (1879). Maisons d’angle similaires à
pan coupé, aux nos 27
(1883) et 29-31. Quelques hôtels
particuliers d’esprit néoclassique subsistent, mais généralement profondément
transformés tel celui portant les nos 51-53, bâti en 1855 avec deux étages sur rez-de-chaussée formant
soubassement et surélevé en 1893 ou tel le n° 70. Un petit nombre d’immeubles conservent des vestiges — toiture,
façade arrière — d’un noyau plus ancien comme les nos 69, 71 ou les nos 75-77 résultant de la transformation en
1876 d’une façade à pignon sous pinacle du XVIIe siècle. On trouve
aussi de grands immeubles d’habitation, de commerce ou de bureaux du début du
XXe siècle. Nouvelles constructions près de la rue Brederode et aux
nos 55-63. Depuis le XIXe
siècle, la rue abrite des commerces de luxe.
Sources
Archives
AVB/TP 26390 (1835-1836), 17488 (1844), 17491 (1850), 17526 (1841), 17539 (1897), 25800 (1835), 17509 (1887), 17484 (1881), 17501 (1878), 2797 (1879), 17482 (1883), 17506 (1855, 1893), 17508 (1876).
A.A., vol. 32 bis (1835), rep. 93.