Recherches et rédaction
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La drève Sainte-Anne est une artère rectiligne qui relie le square
Cardinal Cardijn et la rue des Artistes à l’avenue des Trembles, longeant le
parc dit de la drève Sainte-Anne et l’avenue du Parc royal à l’est. À l’ouest,
elle croise les rues de Vrière et des Horticulteurs, puis l’avenue des
Robiniers.
Dénommée à l’origine avenue du Duc, la drève est ouverte en 1626-1628 par
l’architecte Franquart à la demande de l’archiduchesse Isabelle, pour relier l’église
Notre-Dame à la fontaine Sainte-Anne. Dessinant un coude vers l’est, elle
longeait ensuite la chapelle du même nom, avant de rejoindre la rue de la
Chapelle Sainte-Anne. Longue de plus de 600 mètres et bordée de quatre rangées
de tilleuls, elle constituait jadis un lieu de promenade pour les Bruxellois.
Son alignement fut modifié par arrêté royal du 30.05.1866. À l’occasion de la
création du parc royal en 1877-1878, avec percement de l’avenue du même nom et
de l’avenue des Trembles, la drève fut bordée à l’est par un haut talus arboré
et privée de son extrémité courbe au-delà de la fontaine. Quant à l’amorce de
la drève, elle fut rebaptisée place Léopold dans la seconde moitié des années
1860, avant de devenir le début de la rue des Artistes en 1916, bordé par le square
du Cardinal Cardijn, ainsi baptisé en 1981. Vers 1950,
en vertu d’un arrêté royal du 15.12.1937, la pointe sud de l’îlot formé par la drève et la
rue du Verdier est supprimée, une opération permettant le passage du
nouveau collecteur du Molenbeek sous la rue des Artistes.
Implantée à
l’extrémité de la drève, au fond d’un vaste bassin semi-circulaire, la fontaine
Sainte-Anne fut érigée en 1625 à l’initiative de l’archiduchesse Isabelle.
Également baptisée fontaine des Cinq Plaies, elle est alimentée par une source
réputée miraculeuse, qui attirait les pèlerins. À proximité, désormais
accessible par un petit chemin, la chapelle Sainte-Anne a vraisemblablement été
édifiée sous le règne des archiducs Albert et Isabelle, au XVIe ou au
XVIIe siècle.
Avant l’aménagement du parc royal, le côté est de la drève était occupé par des
fermettes et des résidences de plaisance. Aujourd’hui connue sous le nom de
parc de la drève Sainte-Anne, la bande de terrain comprise entre l’artère et
l’avenue du Parc royal a été inscrite comme site sur la liste de sauvegarde le
11.06.1998, notamment en raison de la présence d’arbres remarquables.
Côté ouest, dans l’îlot compris entre les rues de Vrière et des Horticulteurs, se
trouvait jadis le lieu-dit Cauweghem.
Là était implantée une maison de plaisance remontant au XVe siècle,
qui a appartenu à la famille de Cordes et où séjourna Pierre-Paul Rubens en
1625-1623. La demeure fut démolie en 1820. Une villa fut édifiée sur la
propriété en 1861, qui servit un temps de foyer pour orphelins avant de
disparaître en 1935.
Le côté bâti de la drève présente des habitations précédées d’un jardinet. Dans
le premier tronçon et la première moitié du deuxième, il s’agit essentiellement
de maisons néoclassiques érigées dans les dernières décennies du XIXe
siècle ou dans les premières années du XXe. Parmi elles, une
enfilade particulièrement cohérente (voir nos12 à 26), ainsi
que les nos34 et 36, aujourd’hui transformés. Dans la
seconde moitié du deuxième îlot, les habitations remontent aux années 1930 à
1950, soit après la démolition de la villa qui occupait le nord de l’îlot.
Quant au dernier tronçon, sa partie sud présente également des constructions
tardives dont, au no72,
une petite villa d’inspirations pittoresque et Art Déco conçue en 1929 par
l’architecte Fernand Brunfaut. Il y avait à cet endroit des établissements de
loisirs, comme l’Hôtel des Acacias au
no70, établi dans une imposante villa néoclassique, ou la Laiterie Robert au no74.
À l’extrémité de l’artère est implantée l’ancienne Caserne des
Grenadiers, abritant aujourd’hui l’École
européenne (voir no86-90). La caserne avait été inaugurée en
1902 après acquisition des terrains par l’État. Dans la partie sud du complexe, récemment
rénovée, s’étendait jadis la vaste exploitation horticole Draps-Dom, établie là
vers 1884 et expropriée en 1899 et 1910 en vue de l’agrandissement de la
caserne.
Sources
Archives
AVB/PP 2710 (1868).
AVB/TP 65509 (1946); 72: 37979 (1929).
Ouvrages
COSYN, A., Laeken Ancien & Moderne, Imprimerie scientifique Charles Bulens, Bruxelles, 1904, pp. 71-76, 138.
GUILLAUME, A., MEGANCK, M., Atlas du sous-sol archéologique de la région de Bruxelles. 24. Laeken, Direction des Monuments et des Sites – Musées royaux d’Art et d’Histoire, Bruxelles, 2012, pp. 69-70, 81-84.
PLATTON, R., Laeken. À propos de la drève Ste Anne, Bruxelles, 1988.
VAN KRIEKINGE, D., Essai de toponymie laekenoise, Laeken, 1995, s.p.
VAN NIEUWENHUYSEN, P., Toponymie van Laken (thèse de doctorat en Philologie germanique), UCL, Louvain-la-Neuve, 1998, pp. 1708-1710.
Cartes / plans
POPP, P. C., Atlas cadastral de Belgique, plan parcellaire de la commune de Laeken avec les mutations, 1866.