Typologie(s)

établissement universitaire

Intervenant(s)

William DEFONTAINEarchitecte1907-1908

Statut juridique

Procédure de classement depuis le 06 juillet 2023

Styles

Éclectisme

Inventaire(s)

  • Actualisation permanente de l'inventaire régional du patrimoine architectural (DPC-DCE)

Ce bien présente l’(es) intérêt(s) suivant(s)

  • Artistique
  • Esthétique
  • Historique
  • Social

Recherches et rédaction

2021

id

Urban : 39899
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Description

Petit bâtiment de style éclectique, architecte William Defontaine, 1907-1908.

Construit en extension de l’immeuble sis avenue Louise 90 à Bruxelles, en lieu et place des écuries de celui-ci (voir L’avenue Louise et les rues adjacentes Considérations historiques, urbanistiques et architecturales, note 16: architecte Janlet, 1870).

Historique

Le bâtiment est édifié en 1907-1908 à la demande de l’«Université nouvelle de Bruxelles», institution fondée en 1894 d’une dissidence au sein de l’Université libre de Bruxelles (ULB). Depuis 1884, l’ULB connait une longue période de crise, les progressistes mettant en cause le fonctionnement de la démocratie au sein de l’Université. Cette tension sera exacerbée par l’invitation, en 1893, du géographe français Élysée Reclus (1830-1905), à l’initiative du recteur Hector Denis (1842-1913). Le conseil d’administration de l’ULB s’oppose à la venue cet anarchiste notoire sur le campus, une mesure que certains perçoivent comme une attaque contre le libre examen et la liberté de l’enseignement. De cet incident s’en suit une scission au sein de l’Université, scission qui aboutit à la création de l’Université Nouvelle et de l’Institut des Hautes Études.

Un groupe de scientifiques et d’hommes politiques proches du milieu socialiste (tels P. Janson, Ed. Picard, G. De Greef, É. Vandervelde, L. de Brouckère, H. Lafontaine) s’organise: ils permettent dans un premier temps à Reclus de donner son cours dans les locaux de la Loge maçonnique des Amis Philanthropes, pour décider ensuite de fonder l’Université Nouvelle et l’Institut des Hautes Études, adepte des nouvelles théories pédagogiques notamment représentées par Ovide Decroly (1871-1932).

L’Institut des Hautes Études dispense des conférences gratuites en soirée, ouvertes à toutes les couches de la population, et promeut de nouvelles disciplines comme la sociologie, la psychologie ou la criminologie. Sous l’influence d’Edmond Picard, il propose également des conférences culturelles et artistiques, données entre autres par Georges Eekhoud, Camille Lemonnier ou Victor Horta. L’Institut se distingue aussi par une véritable politique scientifique internationale, accueillant des conférenciers comme l’historien Charles Seignobos, le poète Guillaume Apollinaire, les sociologues et anthropologues Enrico Ferri et Césaré Lombroso ainsi que Maxime Kovalevsky et Eugène De Robertis.

L’Université Nouvelle s’attache également à promouvoir l’accès des femmes à l’enseignement et au professorat. Plusieurs conférencières sont invitées à l’Institut comme la féministe polonaise Marya Chéliga-Loewy ou l’anglaise Cecily Dean Corbett. Fait rarissime pour l’époque, la programmation des conférences de l’Institut est dirigée, de 1906 à 1919, par une femme, Charlotte Speyer –plus connue sous son nom d’épouse Lalla Vandervelde– en collaboration avec le musicologue Charles Vanden Borren.

L’Université Nouvelle devient ainsi, avec l’Institut des Hautes Études, un acteur incontournable en matière d’enseignement et d’éducation tant à Bruxelles que sur la scène internationale.

Durant la Première Guerre mondiale, l’Université Nouvelle poursuit ses enseignements alors que toutes les autres universités sont fermées. Au lendemain de la Guerre, en 1919, ses membres décident de la dissoudre et de rejoindre l’ULB, mais maintiennent leur création la plus importante, l’Institut des Hautes Études de Belgique qui poursuit ses activités, notamment dans les locaux de la rue de la Concorde. En 1922, l’I.H.E.B. est constitué en association sans but lucratif. En 1965, il s’installe sur le campus du Solbosch.

Aujourd’hui, le bâtiment de la rue de la Concorde est l’un des derniers témoins de cette entreprise pédagogique et scientifique à Bruxelles. Il abrite en effet, aujourd’hui encore, la salle de conférence principale qui accueillait les cours et les conférences du soir de l’Institut, soit l’essentiel du dispositif de ce haut lieu de la culture progressiste du début du XXe siècle. L’importante émulation scientifique générée par cette institution a également laissé de nombreux documents (lettres, rapports, factures, plans, photos, programmes, etc.) conservés par le service des Archives de l’ULB.


Description

Élévation de deux niveaux, le rez-de-chaussée occupé par une devanture commerciale aménagée en 1977 en remplacement du passage cocher flanqué d’une baie d’origine. Étage en briques blanches et rayé de bandes pierre blanche, presque entièrement occupé par une logette en bois. Élégant entablementCouronnement horizontal qui se compose d’une architrave, d’une frise puis d’une corniche. Les façades sont d’ordinaire coiffées d’un entablement. On peut également trouver un petit entablement au-dessus d’une baie ou d’une lucarne. scandé d’aisseliers.

À l’intérieur, ancienne salle de conférences de l’Université nouvelle occupée par une mezzanine cernée d’un garde-corpsOuvrage de clôture qui ferme un balcon, une terrasse, une porte-fenêtre, une gaine d'ascenseur... métallique et accessible depuis un escalier à rampe en bois, l’ensemble de style éclectique. Espace éclairé par un lanterneau. Cage d’escalier menant à l’étage également d’origine.

Sources

Archives
AVB/TP 394 (1907-1908), 93689 (1977).

Ouvrages
De Greef, G., L’Université Nouvelle: sa situation matérielle et morale, Bruxelles, 1909.
Despy-Meyer, A., Inventaire des archives de l’Université nouvelle de Bruxelles, 1894-1919, déposées aux Archives de l’Université de Bruxelles, Bruxelles, 1973.
Elmer, M., Bardez, R., L’Université Nouvelle de Bruxelles et l’Institut des Hautes Études: une brève notice historique, étude inédite, Université libre de Bruxelles, 2021, 6 p.
Noël, F., 1894: L'Université libre de Bruxelles en crise, Bruxelles, Université Libre de Bruxelles, 1988.
Uyttebrouck, A., Despy-Meyer, A. (dir.), Les cent-cinquante ans de l'Université libre de Bruxelles (1834-1984), Université libre de Bruxelles éd., Bruxelles, 1984, pp. 22-23.

Périodiques
Van Rooy, W., «L’Agitation étudiante et la fondation de l’Université Nouvelle en 1984», Revue Belge d’Histoire Contemporaine, 1-2, 1976, pp. 197-241.