Recherches et rédaction

2013-2015

 

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Située dans la prolongation de l'avenue de l'Hippodrome, la longue avenue Adolphe Buyl débute à hauteur du boulevard Général Jacques et s'achève square du Solbosch. Plusieurs artères y aboutissent, certaines situées sur le territoire de la Ville de Bruxelles.

Elle résulte du redressement et de l'élargissement de l'ancien chemin vicinal n°28 –dit aussi Brusselstraet ou rue de Bruxelles– reliant l'ancienne place Sainte-Croix (actuelle place E. Flagey) au hameau de Boondael (à hauteur de l'ancien Dieweg), selon le plan général approuvé par l'arrêté royal du 22.10.1885. Ce plan prévoit également, dans la continuité de ce chemin n°28, le redressement et l'élargissement du chemin vicinal n°43 (dit Krommerstraet) et du sentier n°52 (dit Wallinegat, actuelles avenues du Derby et de la Forêt), avec prolongement de ce dernier jusqu'à la chaussée de la Hulpe (hippodrome de Boitsfort, Uccle, 1875). L'élargissement de l'ancien chemin en avenue a notamment pour objectif de rendre possible l'établissement de la ligne de tramway à vapeur entre Ixelles et Boondael, reliant l'ancienne place Sainte-Croix au Café du Lac, à l'angle des actuelles avenues du Derby et Air Marshal Coningham (construit en 1864 par Petrus Vandenbranden, il fut démoli en 1953: voir Gonthier, A., 1955, p. 117).

L’ancien [i]Café du Lac[/i], à l’angle des actuelles avenues du Derby et Air Marshal Coningham, s.d.L’ancien [i]Café du Lac[/i], à l’angle des actuelles avenues du Derby et Air Marshal Coningham, s.d.L’ancien [i]Café du Lac[/i], à l’angle des actuelles av (Collection de Dexia Banque-ARB-RBC).

Dans les années 1880, l'avenue traverse un territoire qui conserve encore sa physionomie campagnarde; seules quelques maisons ont été construites à hauteur de la rue Élise, tels les nos56 à 62, bâties en 1886 et 1889.

Avenue Adolphe Buyl 50 à 62 (photo 2014).

En octobre 1887, l'ancien chemin n°28 reçoit le nom d'avenue du Solbosch. Ce toponyme dérive de ‘s wolfs bosch, une partie de la forêt de Soignes déboisée en 1802 pour faire place à des terres de culture. Elle ne reçoit son appellation actuelle que le 07.08.1919, en hommage à Adolphe Buyl (1862–1932). Cet ancien instituteur entra dans la vie politique en janvier 1900 pour devenir conseiller communal à Ixelles. Échevin puis bourgmestre de 1921 à 1929, il encouragea l'urbanisation des quartiers Petite Suisse-Solbosch (1921-1929).
Durant la Première Guerre mondiale, A. Buyl participa à l'organisation d'un réseau de renseignements en direction de la Hollande et de l'Yser, ce qui lui valut d'être cité à l'ordre du jour de la Nation le 19.08.1919, comme le rappelle la plaque commémorative apposée à l'angle de l'avenue et du boulevard Général Jacques.

Avenue Adolphe Buyl, plaque commémorative en l’honneur d’A. Buyl, à l’angle du boulevard Général Jacques (photo 2014).

Au début des années 1890, le tracé de l'avenue est une nouvelle fois partiellement élargi en vertu du Plan général d'alignement de l'avenue du Solbosch, du Derby, du Pesage et de la Forêt (arrêté royal du 19.09.1892). Peu après, aux environs de 1900, de nombreuses demandes de permis sont introduites pour des immeubles principalement situés entre le boulevard Général Jacques et l'avenue Jeanne. Ce bâti, généralement de caractère bourgeois, est de style éclectique (voir l'enfilade allant du n°8 au n°14, les nos17 et 19 ou encore les nos37, 39 et 41, un ensemble de trois immeubles de 1902), parfois encore fortement dominé par le néoclassicisme (comme l'illustre le n°11 et la suite d'immeubles allant du n°43 au n°55, tous des environs de 1900), emprunte des éléments architectoniques à la Renaissance (voir nos28, 74 et 76) ou s'inspire de l'Art nouveau alors en vogue (voir les nos50 et 78). Depuis, un certain nombre de ces maisons unifamiliales ont vu leur rez-de-chaussée ou leur sous-sol modifiés par l'aménagement d'un commerce (voir les nos48 et 78 par exemple).

Au-delà de l'avenue Jeanne, l'avenue Buyl longe, côté impair, le campus de l'Université libre de Bruxelles qui se développa dès 1924 sur les terrains laissés libres par l'Exposition universelle de 1910 (voir dans les textes d'introduction: L'avenue Franklin Roosevelt et le quartier du Solbosch et Université libre de Bruxelles Le campus du Solbosch). Parmi les bâtiments du campus universitaire on retiendra: le bâtiment des Constructions civiles conçu en 1953 par l'architecte Marcel Van Goethem, dont la forme générale s'inspire largement du Bauhaus mais complètement transformé au début des années 1990 suivant une esthétique postmoderne (n°87); le Centre de calcul conçu en 1969-1970 par les architectes José et Françoise Vandevoorde-Blomme (bureau d'architecture CERAU) (voir n°91); et enfin à l'angle de l'avenue Antoine Depage, l'Institut de Physique conçu en 1959 par l'architecte Pierre Guillissen (voir avenue Antoine Depage n°30-42).
L'avenue A. Buyl traversait dans toute sa longueur le site de l'Exposition de 1910, qui s'étendait entre la chaussée de Boondael et l'avenue Victoria. À terme, l'événement allait stimuler le lotissement de cette partie de l'artère par la construction d'habitations bourgeoises, comme en témoigne la belle enfilade de maisons éclectiques entre l'avenue Antoine Depage et le square du Solbosch (voir les nos115 à 131; on signalera qu'au sein de cette enfilade le n°129, de 1907, est aujourd'hui à l'état d'abandon) ou encore les nos151 et 153 de l'architecte Fernand Symons (1910), malheureusement aujourd'hui transformés et en mauvais état de conservation.

Avenue Adolphe Buyl 153, 151, élévations, ACI/Urb. 4-151 (1910).

Côté pair, face au campus universitaire, les terrains restent occupés par les champs et les jardins potagers jusque dans les années 1940-1950. Des immeubles à appartements pour la plupart de qualité «standard» s'érigent alors progressivement dans la foulée de l'aménagement du quartier Boondael, entre l'avenue Brillat-Savarin et l'avenue Georges Bergmann. Parmi eux on relèvera toutefois le n°164-174 (voir ce numéro) qui, par son imposant gabarit, marque fortement l'avenue, et un peu plus loin le n°176 au style moderniste plus affirmé (voir ce numéro).

Sources

Archives
ACI/TP 4.
ACI/TP Historique des rues (1925).
ACI/Urb. 37: 4-37; 39: 4-39; 41: 4-41; 43: 4-43; 45: 4-45; 47:4-47; 49: 4-49; 51: 4-51; 56: 4-56; 58: 4-58; 60: 4-60; 62: 4-62; 87: 4-84, AVB/TP 64023 (1953); 129: 4-129; 133: 4-133; 151 et 153: 4-151, 4-153.

Ouvrages
DOSOGNE, D., Formation et évolution de deux quartiers résidentiels du Sud-est de Bruxelles: le quartier du Solbosch et le quartier de Boondael, mémoire de fin de licence spéciale en Urbanisme et Aménagement du territoire, ULB, 1994.
HAINAUT, M., BOVY, Ph., Le quartier de la Petite Suisse, Commune d'Ixelles, Bruxelles, 1998 (À la découverte de l'histoire d'Ixelles, 2), pp.15, 16.
BOVY, Ph., Boondael (2), Commune d'Ixelles, Bruxelles, 2003 (À la découverte de l'histoire d'Ixelles, 10), p. 16.

Ixelles, Ensembles urbanistiques et architecturaux remarquables, ERU, Bruxelles, 1990, p.131.
JAUMAIN, S., BALCERS, W. (dir.), Bruxelles 1910. De l'exposition universelle à l'Université, Racine, Dexia Banque, Bruxelles, 2010, pp.57-67, 252.
Le livre d'or de l'exposition Universelle et Internationale de Bruxelles en 1910, Em. Rossel, s.l., s.d.

Périodiques
HAINAUT, M., «Le quartier», Mémoire d'Ixelles, 4, 1981, s.p.
«Les Vanden branden fermiers à Boondael», Gonthier, A., Boondael. Le Milieu, les hommes, les institutions, Éditions de la librairie encyclopédique, Bruxelles, 1955, pp. 110-125.