Recherches et rédaction

2016-2017

 

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La rue Stéphanie est une longue artère parallèle aux lignes de chemin de fer Bruxelles-Gand et de ceinture ouest, qui relie l’avenue de la Reine, à hauteur de la rue de Molenbeek, aux place et boulevard Émile Bockstael, à hauteur du square des Combattants et de l’extrémité de la rue Marie-Christine. Elle croise plusieurs artères sur son parcours: les rues Princesse Clémentine, du Champ de l’Église, de la Royauté et de Moorslede, à hauteur de laquelle elle forme un coude.

Baptisée rue Stéphanie par décision du Conseil communal de Laeken du 10.11.1874, l’artère ne s’étend alors qu’entre les rues de Molenbeek et du Champ de l’Église. Sa dénomination rend hommage à la deuxième fille (1864-1945) de Léopold II et de Marie-Henriette, qui épousera en 1881 l’archiduc Rodolphe de Habsbourg (dont la rue de Moorslede portait anciennement le nom). C’est en vertu de l’arrêté royal du 14.05.1879 que la rue Stéphanie est prolongée jusqu’à la rue Marie-Christine. Cette prolongation, large de quinze mètres, se fait principalement à travers les terrains de la Compagnie Immobilière de Belgique, avec laquelle Laeken signe une convention le 15.12.1879. Suivant un plan du 17.05.1909 dressé par l’ingénieur Gillet et approuvé par le Conseil communal le 24.06.1910, les deux premiers tronçons de la rue sont élargis à 15 mètres également, du côté pair, avec création de larges pans coupés à l’angle de la rue du Champ de l’Église.

La rue se bâtit essentiellement entre 1875 et 1907, de maisons de style plutôt néoclassique dans les premières décennies, souvent éclectique par la suite. Parmi le bâti du premier style, citons l’ensemble formé par les nos35 à 45, conçus entre 1876 et 1881 pour l’entrepreneur François Naples, les nos119 à 123 (1898), le no151, avec dépendances au fond du jardin, ainsi que les nos137 et 139, conçus en 1894 en ensemble avec le no141 (transformé). Au no173-175, un vaste immeuble occupe l’angle avec la place Bockstael. Il présentait à l’origine un pan coupé à gauche, du côté du chemin de fer aujourd’hui surmonté d’une surface commerciale. De style éclectique, pointons les nos73 (vers 1900), 83 (1901), 85 (1890), surhaussé d’un étage en 1930, 134 à 138 (1898), ou encore le no158 (1898). Dans les deux premiers tronçons côté pair, ayant fait l’objet de l’élargissement, les habitations sont érigées dans les années 1910 – comme les nos8 (architecte Richard Neybergh, 1913), 42 et 44 (1912) – ou dans l’entre-deux-guerres (voir no16). Conçu dès 1906 par l’architecte Richard Neybergh, le no6 s’était déjà implanté suivant le nouvel alignement, fixé dès le début des années 1900; il est surhaussé en 1927. Quatre maisons de la rue ont été primées aux concours de façades organisés par la Commune: les nos17 et 19 (1906) pour l’année 1907, les nos10 (architecte Robberechts, 1914) et 12 (architecte A. Decoster) pour les années 1913 à 1915.

Notons que plusieurs immeubles, sinistrés durant la Seconde Guerre mondiale, ont été transformés ou reconstruits au lendemain du conflit. Parmi eux, le no103 (architecte Paul Hankar, 1897), complètement remodelé en 1946. Au no107, sur la parcelle formant le coude de la rue, le Cercle ouvrier Notre Dame avait fait ériger en 1898 un bâtiment à usage de café et salle de fêtes, à façade d’inspiration Renaissance flamande. Détruit durant la guerre, le cercle paroissial fut reconstruit, avec salle de spectacle et de cinéma, suivant les plans de l’architecte H. Sneiders de 1953. Il abrite aujourd’hui une église roumaine. Pointons par ailleurs, au no63, l’ancienne maison personnelle de l’architecte Égide Dekeuleneer, une habitation néoclassique qu’il transforma en 1950.

Rue Stéphanie, vue d’ensemble de la Chocolaterie Meyers (coll. Eric Christiaens/Laca).

La rue compte ou a compté plusieurs entreprises, certaines établies à l’arrière d’habitations, comme un vaste magasin à pignon de 1899 accessible par le no81 ou celui implanté derrière le no61 et donnant sur l’extrémité de l’impasse des Usines, qui servit d’atelier de stucage et menuiserie. Au sein du premier îlot côté pair s’étendait autrefois la Chocolaterie Meyers, accessible par l’angle de la rue Princesse Clémentine. Établie là vers 1882, comme successeur du fabricant de chocolat A. Daviaud, et transformée à maintes reprises au cours du temps, elle fut démolie après 1953, notamment au profit de l’Athénée royal Rive Gauche (voir rue Marie-Christine no83).

Vers le milieu de la rue côté pair se dresse l’ancienne caserne de gendarmerie de Laeken, conçue dès 1881 par l’architecte provincial Gustave Hansotte (voir no87a). Enfin citons, au no27-29, un immeuble érigé en 2002 par le bureau d’architectes Charles Vandenhove et Associés pour le CPAS de Bruxelles, qui combine logements, antenne sociale et restaurant. Il se caractérise notamment par des garde-corps en verre gravés d’extraits de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme et par une façade arrière à vastes pans arrondis reliés par deux tourelles cylindriques abritant les circulations.

Sources

Archives
AVB/IP II 684 (1903-1915).
AVB/TP 57115 (1878-1886), 57109 (1909-1913); 6: Laeken PV Reg. 96 (3.12.1906), 52590 (1927); 8: Laeken 5071 (1913); 10: Laeken PV Reg. 156 (19.02.1914); 12: Laeken 4602 (1914); 1719: Laeken PV Reg. 96 (17.12.1906); 35 à 39: Laeken 3366 (1881); 41, 43: Laeken 2998 (1877); 4244: Laeken 2664 (1912); 45: Laeken 2972 (1876); 61: 43028 (1922), 41935 (1934); 63: 61196 (1950); 81: Laeken 5373 (1899); 83: Laeken 5481 (1901); 85: Laeken 4229 (1890), 37360 (1930); 103: Laeken 4975 (1898); 107: Laeken 4986 (1898), 83222 (1953); 119 à 123: Laeken 4975 (1898); 134 à 138: Laeken 5032 (1898); 137 à 141: Laeken 4699-4700 (1894); 158: Laeken 4955 (1898).

Ouvrages
COSYN, A., Laeken Ancien & Moderne, Imprimerie scientifique Charles Bulens, Bruxelles, 1904, p. 138.
CULOT, M. [dir.], Bruxelles Hors Pentagone. Inventaire visuel de l'architecture industrielle à Bruxelles, AAM, Bruxelles, 1980, fiche 46.
VERSCHAFFEL, B., CPAS-OCMW, Antenne Sociale – Sociale Antenne, Bruxelles – Laeken –Brussel, s.d.
VAN KRIEKINGE, D., Essai de toponymie laekenoise, Laeken, 1995, s.p.
VAN NIEUWENHUYSEN, P., Toponymie van Laken (thèse de doctorat en Philologie germanique), UCL, Louvain-la-Neuve, 1998, p. 1761.

Périodiques
Almanach du Commerce et de l’Industrie, «Molenbeek (rue de)», 1881, 1882-1883.
Almanach du Commerce et de l’Industrie, «Stéphanie (rue)», 1895, 1897.
VERSTRAETE, H., «Een chocoladeverhaal», LACA Tijdingen, 3, année 7, mars 1996, pp. 13-20.


Sites internet
Contrats de quartiers durables.