Recherches et rédaction
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L’avenue Houba de Strooper est une longue et large artère rectiligne située dans le prolongement du boulevard Émile Bockstael à partir du square Clémentine, au carrefour formé par les rues Pierre Strauwen et Émile Wauters. Elle aboutit à la chaussée Romaine, formant la frontière avec la Région flamande, où elle passe sous un viaduc pour se raccorder à l’avenue De Limburg Stirum, à Wemmel. L’avenue Houba de Strooper croise de nombreuses artères sur son parcours, à commencer par le boulevard de Smet de Naeyer. Elle distribue ensuite symétriquement les rues de Laubespin et Stevens-Delannoy, puis articule, autour d’un carrefour, les rues Ernest Salu, Stuyvenbergh, du Cloître et Félix Sterckx. Le croisement suivant raccorde la rue Théophile De Baisieux, l’avenue Jean-Baptiste Depaire, les rues du Heysel et Reper-Vreven. À partir de ce croisement, l’avenue longe, côté impair, le site du Heysel, avec diverses rues perpendiculaires, puis la cité-jardin du Verregat. Côté pair, elle borde notamment le square Jean Palfyn. À son extrémité, l’avenue se raccorde à la chaussée Romaine via deux rampes cintrées, les rampes Romaine et Gauloise.
L’avenue fut créée sous l’impulsion du roi Léopold II, en même temps que le boulevard Émile Bockstael, ouvert par arrêtés royaux des 18.02.1899 et 05.10.1900. Un premier projet prévoyait que l’avenue dessine une courbe vers l’ouest à partir de la rue Reper-Vreven. C’est finalement un tracé rectiligne qui fut adopté, validé par l’arrêté royal du 14.07.1906. Sur ce tracé fut raccordé en étoile un ensemble de rues dotées d’une zone de recul à usage de jardinets: les rues de Laubespin et Stevens-Delannoy, Ernest Salu et du Cloître et enfin Stuyvenbergh et Félix Sterckx. Percée en 1905, l’avenue Houba de Strooper fut baptisée l’année suivante en l’honneur de Louis Houba (1852-1916) et de son épouse, Adèle Clémence de Strooper (1855-1927), qui avaient fait construire leur habitation au no59 de l’artère (voir ce numéro), implantée à l’origine au milieu d’une vaste parcelle. Secrétaire communal de Laeken de 1881 à 1912, Houba fut, tout comme le bourgmestre Émile Bockstael, un grand allié du roi dans ses projets d’urbanisation de la commune. À l’origine, l’artère présentait un terre-plein central planté de deux rangées d’ormes et longé par les voies de tram. En vue de l’Exposition universelle de 1935, ce terre-plein fut supprimé jusqu’à l’avenue des Magnolias.
La première moitié de l’artère se bâtit entre 1905 et 1914 de maisons pour la plupart de style éclectique, tels les nos14 (architecte Oscar Simon, 1905), 68 (1906), 9 (entrepreneur Louis Lafeuillade, 1908), 132, 13, 15 et 17, les trois conçus en 1914 mais modifiés au rez-de-chaussée, tout comme le no100 (architecte Delpierre, 1914), qui fut primé au concours de façades organisé par la Commune pour les années 1913-1915. Ce bâti se complète, dans l’entre-deux-guerres, par des habitations d’inspiration Beaux-Arts ou Art Déco, maisons unifamiliales, de rapport ou immeubles à appartements. Du premier style, citons les nos48 (entrepreneur Charles d’Hooghe, 1922), 74 (architecte Charles Thomisse, 1925), 78 (architecte Willy Paulus, 1925), 108 (ingénieur-architecte Em. Goetals, 1925), 58 (architecte Pierre Netels, 1928), 93-95 (architecte A. Bilmont, 1929), 236 (architecte Pierre Netels, 1930), ainsi que les nos39 et 53a, tous deux dus à l’architecte Sylvain De Praetere (1931). De tendance Art Déco, pointons les nos614 (architecte Aug. Buyens, 1929), 266-268 (1929-1930), 238 (architecte E. Vanderbeken, 1930), 110 (architecte Adelin Meunier, 1933-1934), 111 et 113 (architecte C. Desmaré, 1935), 284 (1935), 596 (architecte Antoine Van Gompel, 1935), 59a (architecte René Segers, 1937) et 99 (architecte René Burgraeve, 1938). Vers la fin de l’artère côté impair se dresse l’Église paroissiale du Divin Enfant Jésus, commencée à la veille de la Seconde Guerre mondiale (voir no759-761).
Après-guerre sont encore érigés de nombreux bâtiments, principalement dans la seconde moitié de l’artère. Parmi eux, le no628, une habitation d’inspiration néoclassique (architecte René Burgraeve, 1950) et le no276-278 (architecte A. Balcaen, 1956), un immeuble à appartements moderniste qui abritait à l’origine le Ciné Centenaire. À l’angle de l’avenue Stiénon se trouve l’ancien central téléphonique de la RTT, moderniste également, conçu par Gaston Brunfaut (voir no292). Entre la rue du Heysel et l’avenue des Magnolias, l’artère longe le site du Heysel, qui accueillit successivement les expositions universelles de 1935 et 1958. Le stade Roi Baudouin, inauguré en 1930 (voir avenue de Marathon no119b-135c), domine encore la perspective de l’avenue des Sports. De part et d’autre prennent place des infrastructures sportives: le stade Victor Boin (voir avenue de Marathon no133-135) et des terrains de football aménagés en 1956 à l’angle de l’avenue Impératrice Charlotte, accompagnés d’un pavillon de vestiaires, conçu en 1965 par l’architecte Jean Rombaux (avenue Impératrice Charlotte no24). Lors de l’Expo 58 débouchaient sur l’avenue les deux entrées ouest du site: la porte Mondiale, à l’angle de la rue du Heysel, et la porte des Attractions, à l’angle de l’avenue Impératrice Charlotte. À côté de la première, un pavillon en arc de cercle abritait l’administration de la Société de l’Exposition (no141). Il a été reconverti en commissariat de police après l’événement et encore transformé par la suite. À côté de la seconde fut stratégiquement implantée, en 1957, une station-service à structure novatrice (architecte Claude Laurens), destinée à l’entretien rapide des automobiles Volkswagen et Porsche (voir no755); elle a été reconstruite en 1968. Face au stade, sur le terre-plein situé à l’angle de l’avenue du Général de Ceuninck, avait été conçue une autre station-service, provisoire, par l’architecte J. Cappellen (1957). Plus au sud, à l’angle de la rue Stevens-Delannoy, subsiste une station-service conçue dès 1955 (no29) et présentant un plan en arc de cercle. À l’angle de l’avenue de Bouchout, au no145, se trouve le siège de l’Union Royale Belge des Sociétés de Football-Association (URBSFA), inauguré le 04.06.1989. L’une de ses façades est ornée d’un haut-relief représentant Hercule terrassant le dragon, signé par le sculpteur Marnix d’Haveloose. Il provient de l’ancien siège de l’URBSFA, rue Guimard no14.
Sous le croisement avec le boulevard de Smet de Naeyer se trouve la station de métro Stuyvenbergh, qui recèle une œuvre conçue en 1985 par Yves Bosquet, composée de plusieurs groupes de statues en terre cuite émaillée représentant notamment la reine Élisabeth et la famille royale. À hauteur du carrefour des avenues des Amandiers, des Magnolias et Impératrice Charlotte prend place la station Roi Baudouin, inaugurée en 1998. À son extrémité, l’avenue passe sous le viaduc de la chaussée Romaine, dessiné en 1907 par l’ingénieur-architecte communal Pierre J. Gillet. Il présente une arche unique en anse de panier et des faces enduites à faux-joints; celles-ci auraient dû être couvertes de rocaille, suivant un premier projet non réalisé. Dans le cadre de l’élargissement de la chaussée Romaine, après 1953, le pont fut doublé côté Flandre, avec remplacement des garde-corps.
Sources
Archives
AVB/IP II 684 (1903-1915).
AVB/PP 3426 (1906), 3472 (1907), 3471 (1909).
AVB/TP 67144 (1933); station-service provisoire: 65184 (1957); viaduc: 57108 (1907-1917); 9: Laeken 6027 (1908); 13: Laeken 6472 (1914); 14: Laeken 1199 (1905); 15: Laeken 4609 (1914); 17: Laeken PV Reg. 156 (05.02.1914); 29: 63554 (1955); 39: 39337 (1931); 48: 48922 (1922); 53a: 41490 (1931); 58: 37965 (1928); 59a: 47476 (1937); 68: Laeken 2313 (1906); 74: 52044 (1925); 78: 51770 (1925); 93-95: 39709 (1929); 99: 51085 (1938); 100: Laeken 4618 (1914); 108: 52045 (1925); 110: 42041 (1933-1934); 111: 45099 (1935); 113: 52046 (1935); 141: 97208 (1958-1966); 236: 38134 (1931); 238: 43737 (1930); 266-268: 39344 (1929-1930); 276-278: 70252 (1956); 284: 44723 (1935); 596: 43381 (1935); 614: 37631 (1929); 628: 60089 (1950).
Ouvrages
Exposition de Bruxelles 1958. L’architecture, les jardins et l’éclairage, Mémorial officiel de l'Exposition universelle et internationale de Bruxelles de 1958, Bruxelles, 1958, p. 146.
Le livre d’or de l’Exposition universelle et internationale Bruxelles 1935, Comité exécutif de l’exposition, Bruxelles, p. 88.
RANIERI, L., Léopold II urbaniste, Hayez, Bruxelles, 1973, p. 59.
VAN KRIEKINGE, D., Essai de toponymie laekenoise, Laeken, 1995, s.p.
VAN NIEUWENHUYSEN, P., Toponymie van Laken (thèse de doctorat en Philologie germanique), UCL, Louvain-la-Neuve, 1998, p. 1076.
Périodiques
Almanach du Commerce et de l’Industrie, «Houba-de Strooper (av.)», 1907.
FEREMANS, S., VAN DER ELST, W., «Stripmuren en Expo 58-relicten», Laca Tijdingen, année 24, 3, juillet-septembre 2013, pp. 1-2.