Voir les biens de ce lieu repris à l'inventaireSitué dans le prolongement du square Ambiorix, le square Marguerite est le plus petit des trois squares qui dessinent l'axe principal du quartier. Les rues Van Campenhout et Le Corrège puis Jenneval et Véronèse y prennent symétriquement leur départ tandis que la rue des Patriotes prolonge son axe vers l'est.
Le square est ouvert suivant le plan d'aménagement du quartier Nord-Est, dessiné par l'architecte Gédéon Bordiau et approuvé par l'arrêté royal du 20.12.1875. Il apparaît tracé sur le plan de Bruxelles réalisé par l'Institut cartographique militaire en 1881.
Le square porte un nom historique, tout comme la plupart des artères du quartier, baptisées en lien avec l'histoire du jeune État belge ou celle, plus ancienne, des régions dans lesquelles il se situe. Adoptée par arrêtés du Collège de la Ville de Bruxelles des 14.04 et 15.05.1877, sa dénomination fait référence à Marguerite d'York (1446-1503), troisième épouse du duc de Bourgogne Charles le Téméraire, ou à la petite-fille de ce dernier, Marguerite d'Autriche, née à Bruxelles en 1480, gouvernante des Pays-Bas pour son neveu Charles Quint.
Sur son plan, Bordiau avait prévu d'implanter une église monumentale sur le square, qui clôturerait magistralement la perspective du quartier.
En 1895, alors que l'aménagement de ce dernier est terminé, l'édifice n'est toujours pas bâti. Les habitants des alentours décident donc d'édifier une chapelle rue du Noyer, sur le territoire de Schaerbeek. Contre l'avis de la Ville de Bruxelles, libérale et anti-cléricale, la chapelle est reconnue comme lieu de culte d'une nouvelle paroisse, celle du Sacré-Cœur, dont la création est approuvée par l'arrêté royal du 27.10.1896. Aussi, lorsque, l'année suivante, les paroissiens demandent le transfert de la chapelle au square Marguerite, la Ville s'y oppose catégoriquement.
Au début des années 1900, l'architecte Charles-Louis De Pauw, dit frère Marès-Joseph, cofondateur des écoles Saint-Luc, dessine pour le square un avant-projet de basilique néogothique en l'honneur du Sacré-Cœur de Jésus.
Sur l'initiative du roi Léopold II, le projet est cependant abandonné, faute d'un dégagement suffisant autour du futur édifice, au profit du site de Koekelberg, plus vaste et dominant la capitale.
Après diverses péripéties, c'est finalement la rue Le Corrège, l'une des artères débutant du square, qui accueille le premier lieu de culte du quartier, consacré en 1909 (voir rue Le Corrège no 15a-17).
Le square Marguerite reste quant à lui une vaste esplanade bordée d'arbres, servant de terrain de jeux. Avant 1903, un kiosque à musique de plan décagonal, à montants inclinés et toit en pavillon, y est installé, du côté de la rue des Patriotes. Encore mentionnée en 1940, la construction a aujourd'hui disparu. Sur des cartes postales anciennes se dresse, juste derrière le kiosque, un mât métallique servant d'antenne télégraphique ou téléphonique. À l'origine, une ligne de tram longeait en outre le côté nord du square.
L'esplanade est aujourd'hui occupée par une plaine de jeux entourée d'une grille, aménagée en 2000. Un avant-projet de 1940 est conservé, qui prévoit déjà l'aménagement d'une plaine de ce type.
Entre 1893 et 1903, le square se bâtit d'une petite cinquantaine de maisons éclectiques ou d'inspiration néoclassique. Le plan de Bordiau impose une zone de recul de cinq mètres sur l'alignement, destinée à l'aménagement de jardinets, comme pour les autres squares.
Contrairement à ces derniers, le square Marguerite offre vers 1900 un visage populaire et commerçant. Des maisons de type ouvrier y sont construites, comme le no 27, dont la demande de permis de bâtir est introduite au nom du propriétaire « par l'intermédiaire du “foyer” rue Locquenghien 24 ». Au no 8 est en outre conçu un haut immeuble de rapport, une typologie alors peu courante dans le quartier. Dessiné en 1903 par l'architecte Van den Bempt, il remplace un projet de vaste maison à pignon à ferme débordante, imaginé en 1900 par l'architecte Ernest Delune.
La plupart des commerces et estaminets du quartier sont par ailleurs rassemblés autour du square Marguerite et dans ses environs (HEYMANS, V., 1994, p. 54). Parmi eux, le café Au Belvédère, portant le no 23 du square Ambiorix, un imposant bâtiment d'angle à haute toiture en pavillon, conçu en 1897 et aujourd'hui détruit. Il était doté d'une élégante marquise en fer forgé, dessinée en 1901 par l'architecte Fernand Symons.
Seules douze des habitations originelles du square subsistent aujourd'hui. Les autres ont été remplacées, de 1963 à 1972 environ, par sept vastes immeubles à appartements de dix étages.
Aux deux angles avec le square Ambiorix, les Résidence des Squares (no 1 et square Ambiorix 21) et Résidence Ambiorix (no 23 square Ambiorix) sont respectivement conçues en 1968 et 1967 pour les entreprises Englebert, par les architectes F. C. L. De Saeger et E. C. Henry.
Dans le jardinet avant de ces résidences, un socle porte une sculpture de pierre représentant, pour l'une, un buste de femme à coiffe pointue et, pour l'autre, celui d'un homme à casque ailé, références vraisemblables aux personnages historiques de Marguerite d'York et d'Ambiorix. Ces sculptures proviennent de la façade d'une maison de 1895, à l'angle des deux squares, détruite lors de la construction de la Résidence des Squares.
À l'emplacement de cette dernière se dressaient en outre, à l'angle de la rue Van Campenhout, deux maisons à lucarnes-pignons conçues en 1894 par l'architecte Henri Van Massenhove.
Les entreprises Amelinckx sont responsables de la construction de quatre des immeubles du square : les nos 13 (Résidence Marguerite, architecte E. Brioen, 1963), 34 (architecte Jacques Mignolet, 1965), 35 (architecte P. Van Rompaey, 1972) et 42 (architecte Jacques Mignolet, 1965). Le no 13 remplace trois maisons analogues, les nos 14 à 16, conçues par l'architecte Émile Dewé en 1895-1896, ainsi qu'une belle maison d'angle à entrée sous auvent pittoresque (architecte Henri Caron-Debecker, 1898). Le no 34 remplace notamment une maison d'Henri Van Massenhove (1899) et le no 35 trois remarquables maisons teintées d'Art nouveau et devancées d'oriels, à l'angle de la rue Le Corrège (architecte Léon Govaerts, 1897).
À l'angle avec les rues Jenneval et des Patriotes, la Résidence Europe (no 14-15, architectes H. Peremans et J. Vande Velde, 1965) est entre autres érigée à l'emplacement d'une maison de 1899 des architectes Benjamin De Lestré-De Fabribeckers et Josse Van Kriekinge (no 18-19).
Malgré ces importantes démolitions, le square Marguerite forme, avec l'avenue Palmerston et les squares Ambiorix et Marie-Louise, un ensemble classé comme site depuis le 14.07.1994.
Sur son plan, Bordiau avait prévu d'implanter une église monumentale sur le square, qui clôturerait magistralement la perspective du quartier.
En 1895, alors que l'aménagement de ce dernier est terminé, l'édifice n'est toujours pas bâti. Les habitants des alentours décident donc d'édifier une chapelle rue du Noyer, sur le territoire de Schaerbeek. Contre l'avis de la Ville de Bruxelles, libérale et anti-cléricale, la chapelle est reconnue comme lieu de culte d'une nouvelle paroisse, celle du Sacré-Cœur, dont la création est approuvée par l'arrêté royal du 27.10.1896. Aussi, lorsque, l'année suivante, les paroissiens demandent le transfert de la chapelle au square Marguerite, la Ville s'y oppose catégoriquement.
Au début des années 1900, l'architecte Charles-Louis De Pauw, dit frère Marès-Joseph, cofondateur des écoles Saint-Luc, dessine pour le square un avant-projet de basilique néogothique en l'honneur du Sacré-Cœur de Jésus.
Sur l'initiative du roi Léopold II, le projet est cependant abandonné, faute d'un dégagement suffisant autour du futur édifice, au profit du site de Koekelberg, plus vaste et dominant la capitale.
Après diverses péripéties, c'est finalement la rue Le Corrège, l'une des artères débutant du square, qui accueille le premier lieu de culte du quartier, consacré en 1909 (voir rue Le Corrège no 15a-17).
Le square Marguerite reste quant à lui une vaste esplanade bordée d'arbres, servant de terrain de jeux. Avant 1903, un kiosque à musique de plan décagonal, à montants inclinés et toit en pavillon, y est installé, du côté de la rue des Patriotes. Encore mentionnée en 1940, la construction a aujourd'hui disparu. Sur des cartes postales anciennes se dresse, juste derrière le kiosque, un mât métallique servant d'antenne télégraphique ou téléphonique. À l'origine, une ligne de tram longeait en outre le côté nord du square.
L'esplanade est aujourd'hui occupée par une plaine de jeux entourée d'une grille, aménagée en 2000. Un avant-projet de 1940 est conservé, qui prévoit déjà l'aménagement d'une plaine de ce type.
Entre 1893 et 1903, le square se bâtit d'une petite cinquantaine de maisons éclectiques ou d'inspiration néoclassique. Le plan de Bordiau impose une zone de recul de cinq mètres sur l'alignement, destinée à l'aménagement de jardinets, comme pour les autres squares.
Contrairement à ces derniers, le square Marguerite offre vers 1900 un visage populaire et commerçant. Des maisons de type ouvrier y sont construites, comme le no 27, dont la demande de permis de bâtir est introduite au nom du propriétaire « par l'intermédiaire du “foyer” rue Locquenghien 24 ». Au no 8 est en outre conçu un haut immeuble de rapport, une typologie alors peu courante dans le quartier. Dessiné en 1903 par l'architecte Van den Bempt, il remplace un projet de vaste maison à pignon à ferme débordante, imaginé en 1900 par l'architecte Ernest Delune.
La plupart des commerces et estaminets du quartier sont par ailleurs rassemblés autour du square Marguerite et dans ses environs (HEYMANS, V., 1994, p. 54). Parmi eux, le café Au Belvédère, portant le no 23 du square Ambiorix, un imposant bâtiment d'angle à haute toiture en pavillon, conçu en 1897 et aujourd'hui détruit. Il était doté d'une élégante marquise en fer forgé, dessinée en 1901 par l'architecte Fernand Symons.
Seules douze des habitations originelles du square subsistent aujourd'hui. Les autres ont été remplacées, de 1963 à 1972 environ, par sept vastes immeubles à appartements de dix étages.
Aux deux angles avec le square Ambiorix, les Résidence des Squares (no 1 et square Ambiorix 21) et Résidence Ambiorix (no 23 square Ambiorix) sont respectivement conçues en 1968 et 1967 pour les entreprises Englebert, par les architectes F. C. L. De Saeger et E. C. Henry.
Dans le jardinet avant de ces résidences, un socle porte une sculpture de pierre représentant, pour l'une, un buste de femme à coiffe pointue et, pour l'autre, celui d'un homme à casque ailé, références vraisemblables aux personnages historiques de Marguerite d'York et d'Ambiorix. Ces sculptures proviennent de la façade d'une maison de 1895, à l'angle des deux squares, détruite lors de la construction de la Résidence des Squares.
À l'emplacement de cette dernière se dressaient en outre, à l'angle de la rue Van Campenhout, deux maisons à lucarnes-pignons conçues en 1894 par l'architecte Henri Van Massenhove.
Les entreprises Amelinckx sont responsables de la construction de quatre des immeubles du square : les nos 13 (Résidence Marguerite, architecte E. Brioen, 1963), 34 (architecte Jacques Mignolet, 1965), 35 (architecte P. Van Rompaey, 1972) et 42 (architecte Jacques Mignolet, 1965). Le no 13 remplace trois maisons analogues, les nos 14 à 16, conçues par l'architecte Émile Dewé en 1895-1896, ainsi qu'une belle maison d'angle à entrée sous auvent pittoresque (architecte Henri Caron-Debecker, 1898). Le no 34 remplace notamment une maison d'Henri Van Massenhove (1899) et le no 35 trois remarquables maisons teintées d'Art nouveau et devancées d'oriels, à l'angle de la rue Le Corrège (architecte Léon Govaerts, 1897).
À l'angle avec les rues Jenneval et des Patriotes, la Résidence Europe (no 14-15, architectes H. Peremans et J. Vande Velde, 1965) est entre autres érigée à l'emplacement d'une maison de 1899 des architectes Benjamin De Lestré-De Fabribeckers et Josse Van Kriekinge (no 18-19).
Malgré ces importantes démolitions, le square Marguerite forme, avec l'avenue Palmerston et les squares Ambiorix et Marie-Louise, un ensemble classé comme site depuis le 14.07.1994.
Sources
Archives
AVB/TP 5048 (1903), 5039 (1909), 58355 (1937) ; 1 et square Ambiorix 21 : 6623 (1895), 84579 (1968) ; 6 et rue Van Campenhout 2-4 : 16057 (1894) ; 8 : 28060 (1903) ; 13 : 16061 (1895), 16062 (1896), 16063 (1896), 16064 (1898), 77335 (1963) ; 14-15 : 89082 (1965) ; 18-19 : 16065 (1899) ; 27 : 16070 (1894) ; 34 : 16075 (1899), 82063 (1965) ; 35 : 16081 (1897), 92035 (1972) ; 42 : 84446 (1965) ; 47, 48, 49 : 16086 (1897) ; square Ambiorix 23 : 16086 (1897-1901), 78903 (1967).
AVB/PP 953-954 (1875), 956-957 (1879), 3591 (1940).
AVB/Bulletin communal de Bruxelles, 1877, t. I, p. 315 ; 1896, t. I, pp. 981-983 ; 1897, t. I, pp. 156-161.
AVB/TP 5048 (1903), 5039 (1909), 58355 (1937) ; 1 et square Ambiorix 21 : 6623 (1895), 84579 (1968) ; 6 et rue Van Campenhout 2-4 : 16057 (1894) ; 8 : 28060 (1903) ; 13 : 16061 (1895), 16062 (1896), 16063 (1896), 16064 (1898), 77335 (1963) ; 14-15 : 89082 (1965) ; 18-19 : 16065 (1899) ; 27 : 16070 (1894) ; 34 : 16075 (1899), 82063 (1965) ; 35 : 16081 (1897), 92035 (1972) ; 42 : 84446 (1965) ; 47, 48, 49 : 16086 (1897) ; square Ambiorix 23 : 16086 (1897-1901), 78903 (1967).
AVB/PP 953-954 (1875), 956-957 (1879), 3591 (1940).
AVB/Bulletin communal de Bruxelles, 1877, t. I, p. 315 ; 1896, t. I, pp. 981-983 ; 1897, t. I, pp. 156-161.
Ouvrages
BERNAERTS, A., KERVYN DE MARCKE TEN DRIESSCHE, R., Les noms de rues à Bruxelles, éd. De Visscher, Bruxelles, 1951, p. 149.
HEYMANS, V., Architecture et Habitants. Les intérieurs privés de la bourgeoisie à la fin du XIXe siècle (Bruxelles, quartier Léopold – extension nord-est) (thèse de doctorat en Histoire de l'Art), Université libre de Bruxelles, Bruxelles, 1994, pp. 54, 88, 108, 363.
Région de Bruxelles Capitale, Monuments et Sites protégés, Région de Bruxelles-Capitale, Mardaga, Sprimont, 1999, p. 229.
35 : BASYN, J.-M., Léon Govaerts (1860-1930). Un architecte de transition (mémoire de licence en Histoire de l'Art), Université catholique de Louvain, Louvain-la-Neuve, 1992.
Périodiques
ABBÉ L., R., « Un projet de basilique », Bulletin des Métiers d'Art, 1903-1904, pp. 309-315.
L'Émulation, 1901, pl. 32 à 34.
35 : L'Émulation, 1901, pl. 33.
Cartes / plans
Bruxelles et ses environs, Institut cartographique militaire, 1881 (Bibliothèque royale de Belgique, Section Cartes et Plans).
BERNAERTS, A., KERVYN DE MARCKE TEN DRIESSCHE, R., Les noms de rues à Bruxelles, éd. De Visscher, Bruxelles, 1951, p. 149.
HEYMANS, V., Architecture et Habitants. Les intérieurs privés de la bourgeoisie à la fin du XIXe siècle (Bruxelles, quartier Léopold – extension nord-est) (thèse de doctorat en Histoire de l'Art), Université libre de Bruxelles, Bruxelles, 1994, pp. 54, 88, 108, 363.
Région de Bruxelles Capitale, Monuments et Sites protégés, Région de Bruxelles-Capitale, Mardaga, Sprimont, 1999, p. 229.
35 : BASYN, J.-M., Léon Govaerts (1860-1930). Un architecte de transition (mémoire de licence en Histoire de l'Art), Université catholique de Louvain, Louvain-la-Neuve, 1992.
Périodiques
ABBÉ L., R., « Un projet de basilique », Bulletin des Métiers d'Art, 1903-1904, pp. 309-315.
L'Émulation, 1901, pl. 32 à 34.
35 : L'Émulation, 1901, pl. 33.
Cartes / plans
Bruxelles et ses environs, Institut cartographique militaire, 1881 (Bibliothèque royale de Belgique, Section Cartes et Plans).