Rue du Grand Hospice

 

Voir les biens de ce lieu repris à l'inventaireDe la rue de Laeken aux quais au Bois à Brûler et à la Houille, artère principale du quartier créé au siècle dernier dans la partie nord de l’ancien Grand Béguinage, lors de la première phase du réaménagement et de la réaffectation des terrains du Béguinage.

Soucieuse de regrouper et d’améliorer les installations destinées aux malades et aux indigents, l’Administration des Hospices, propriétaire du Grand Béguinage à partir de 1800, projeta en 1817 la construction d’un ensemble monumental, tant sur le plan architectural qu’urbanistique, qui constitue une des plus prestigieuses réalisations de l’époque hollandaise à Bruxelles. Probablement étudié par l’architecte H. L. F. Partoes dès 1818, le projet aboutit au plan définitif présenté en 1822, qui prévoyait l’édification du Grand Hospice, conjointement à la création de trois nouvelles rues, baptisées de l’Infirmerie, du Grand Hospice et Marcq. La rue du Béguinage fut élargie par endroits et sectionnée à son extrémité. Le lotissement des terrains occupés par le fossé et le mur d’enceinte du Béguinage permit la création des parties ouest et sud de la rue de Laeken et de la place du Samedi. En outre, le tracé des quais au Bois à Brûler et à la Houille fut rectifié et celui de la rue du Canal, sensiblement élargi. Le plan d’aménagement, le Grand Hospice et les blocs d’habitations y associés furent en chantier pendant la période 1824-1829. Pour financer les travaux, les terrains à bâtir répartis sur une vaste superficie furent vendus en plusieurs phases entre 1823 et 1828 et construits majoritairement avant 1830; le tracé de la rue Marcq, longeant latéralement le Grand Hospice dans le projet, en fut écarté vers l’ouest en 1824 pour la création d’une série de parcelles supplémentaires.

L’ensemble illustre parfaitement les principes néoclassiques, en architecture et en urbanisme, suivant les modèles français. Le nouveau quartier fut tracé selon un plan strictement orthogonal, calqué sur celui du Grand Hospice : la rue de l’Infirmerie prolongeant l’axe médian de la construction, la rue du Grand Hospice longeant parallèlement la façade avant et s’élargissant en esplanade à hauteur de celle-ci, la rue Marcq établie parallèlement aux façades latérales. Le Grand Hospice et les blocs d’habitations qui lui font face autour de l’esplanade forment ainsi un ensemble monumental remarquable par sa symétrie et par son homogénéité, caractérisé par des proportions et un traitement des façades uniformes. À l’ouest de cet ensemble, la rue du Grand Hospice fut bordée de constructions néoclassiques homogènes groupant des maisons à corps simple ou plus importantes aux angles, de la fin des années 1820 et du début des années 1830 et inspirées de l’architecture de Partoes. On y retrouve l’horizontalité des refends, la division en registres par les bandeaux ou cordons, le bandeau d’entablement « classique » et la succession régulière de baies rectangulaires de hauteur dégressive, complétées, par endroits, de registres de baies cintrées et de portes cochères aux maisons d’angle. Certaines façades sont aujourd’hui défigurées par un revêtement récent de ciment ou de briques. D’autres ont subi des transformations plus importantes : au n° 23, à l’angle gauche de la Cité du Sureau, de 1828, disposition totalement modifiée; au n° 34, maison de 1833 à l’angle de la rue du Béguinage, partiellement banalisée, partiellement démolie et reconstruite; au n^o 50-52, originellement maison de maître (Partoes, 1829) avec entrée cochère, ensuite divisée et caractérisée par des encadrements de fenêtres en stuc et des cordons, des devantures commerciales et une toiture mansardée. Les constructions de la partie est de la rue, près de la rue de Laeken, consistent respectivement en anciennes dépendances et en une maison d’angle disparue.