Typologie(s)

monastère/abbaye/couvent

Intervenant(s)

Camille DAMMANarchitecte1934

Styles

Éclectisme tardif
Art Déco

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Recherches et rédaction

2025

id

Urban : 41857
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Description

Ancien chapitre provincial, avec couvent et centre d'études des Franciscains du Chant d’Oiseau, de style éclectiqueStyle éclectique (de 1850 à 1914 environ). Courant architectural original puisant librement son inspiration dans plusieurs styles. tardif avec des éléments Art décoStyle Art Déco (entre-deux-guerres). Tendance à la géométrisation des formes et des ornements architecturaux, doublée de jeux de matériaux, de textures et de couleurs., conçu par l'architecte Camille Damman, 1934.

Forme un ensemble imposant avec l'église Notre-Dame des Grâces du Chant d’Oiseau et le presbytère (voir n° 2-3a), datant de 1949, construit pour le même maître d'ouvrage et par le même architecte.

Historique
En 1933, les ordres des franciscains ou frères mineurs wallons et flamands sont séparés et chaque province se voit attribuer un nouveau couvent provincial ou chapiteauCouronnement orné ou mouluré, d’une colonne, d’un pilier ou d’un pilastre. principal. Les frères mineurs wallons s'installent sur un terrain situé sur le plateau du Chant d’Oiseau, une zone encore ruraleDans la seconde couronne de l'agglomération bruxelloise, on rencontre çà et là des bâtiments d'architecture rurale. Il s'agit d'habitations ou d'anciennes fermes, issues de villages aujourd'hui englobés dans la ville, présentant d'ordinaire de sobres façades de briques blanchies à la chaux, sous de hautes toitures de tuiles. Les exemples les plus remarquables remontent aux XVIIe - XVIIIe siècles. à Woluwe-Saint-Pierre. Comme condition pour pouvoir construire sur ce terrain, il leur est demandé de créer, à côté du couvent, une nouvelle paroisse pour le quartier du Chant d’Oiseau, qui s'urbanise peu à peu.

Le terrain, d'une superficie d'environ 2 hectares, est situé à l'angle de l’avenue du Chant d’Oiseau et de la future avenue des Franciscains. L'architecte bruxellois Camille Damman est chargé en 1933 de concevoir le couvent, l'église paroissiale et le presbytère.



Plan du rez-de-chaussée du couvent, l'église et le presbytère, arch. Camille Damman, 1933, ACWSP.



Pour des raisons pratiques, il est toutefois décidé de diviser les travaux en deux parties, la priorité étant donnée au couvent. La création de la paroisse est rendue possible dès le début grâce à des espaces provisoires dans le couvent dédiés à une chapelle et une sacristie.

Le premier permis de construire pour le couvent est approuvé en juin 1934 et les travaux sont réalisés à un rythme soutenu. À peine 17 mois plus tard, le 21 novembre 1935, le couvent est officiellement consacré par le cardinal Van Roey. Le bâtiment religieux se distingue par ses dimensions imposantes, son grand jardin et sa double fonction : il sert à la fois de couvent pour les frères franciscains et de centre d'études destiné à la formation des franciscains wallons en vue de leur ordination sacerdotale.

Le couvent des Franciscains reçoit le nom de Notre-Dame du Chant d’Oiseau en référence à une statue médiévaleLe style néogothique (à partir de 1860 environ) est une tendance architecturale mettant à l’honneur les formes ogivales et verticales issues du moyen-âge gothique. Le style néo-Tudor s’inspire plus particulièrement du style gothique teinté de Renaissance qui fleurit en Angleterre sous le règne des Tudors. de la Vierge à l'Enfant qui se trouvait près d'une chapelle Saint-Nicolas aujourd'hui disparue, dans la zone marécageuse de l'actuel quartier du Chant d’Oiseau. Le nom du quartier ferait référence à la présence de nombreux oiseaux. Une copie de cette statue de la Vierge Marie se trouve encore aujourd'hui dans l'église paroissiale.

Le deuxième permis de construire, pour l'église et le presbytère, est approuvé peu après la Seconde Guerre mondiale, en 1948. Le 2 juillet 1949, l'église paroissiale est officiellement inaugurée par le cardinal Van Roey. La chapelle et la sacristie provisoires, qui avaient été aménagées dans l’aile est du cloître, en attendant la construction de l'église définitive, sont transformées en sacristie et salle capitulaire au rez-de-chaussée et en bibliothèque avec salle de lecture aux premier et deuxième étages.

Parallèlement à la construction de l'église et du presbytère, le cloître ouest du couvent est agrandi d'un volume de plain-pied de 8 travées1. Division verticale d’une élévation, composée d’une superposition d’ouvertures, réelles ou feintes. 2. En plan, la travée est l'espace compris entre deux rangées de supports disposées perpendiculairement à la façade. qui s'étend pratiquement jusqu'au presbytère.

En 1968, le couvent est en partie transformé en centre de congrès religieux ouvert à un public plus large. En effet, le nombre de frères franciscains et d'étudiants dans le couvent diminue considérablement, ce qui rend nécessaire une nouvelle fonction pour le site. Plusieurs espaces sont réaménagés : le réfectoire et la bibliothèque sont ainsi rénovés pour devenir les plus grandes salles de réunion.

En 1986, le troisième étage du cloître est, qui n'était pas encore aménagé, est transformé en cellules monastiques pour une communauté de pères âgés. Parallèlement, un volume rectangulaire est ajouté au côté sud-est de la tour centrale, dans lequel un ascenseur est installé.

En septembre 2025, les derniers frères franciscains quitteront le couvent et le site sera vendu en trois lots : l'église et le presbytère constitueront le premier lot, tandis que le couvent et le jardin seront divisés en deux lots et réaffectés en immeubles à appartements pour personnes à mobilité réduite et seniors.



Vue aérienne du couvent des Franciscains entourée de champs, photos 1936, Archive Maison Notre-Dame du Chant-d'Oiseau.


Description
Extérieur
Le plan du couvent et du centre d'études est en forme de croix. Au nord-ouest se trouve un cloître bordé au nord par le presbytère et à l'est par l'église paroissiale. Un grand jardin monastique se situe au sud du site.

Les bâtiments monumentaux qui forment ensemble une croix ont une élévation de cinq niveaux sous un toit plat. Les deux ailes situées aux extrémités est et ouest, sont marquées par une tour sous un toit à flèche. Le centre du bâtiment est également doté d'une tour similaire qui dépasse les tours latérales. Les façades sont parées de briques brun clair rythmées par des pilastresÉlément vertical plat en ressaut qui évoque un support (un pilier engagé). Il peut être muni d’une base et d’un chapiteau. colossauxUn pilastre, une colonne ou un autre support est dit colossal lorsqu’il s’élève sur plusieurs niveaux ou sur la plus grande partie de la hauteur du bâtiment. et interrompues par des ouvertures rectangulaires qui, côté jardin (sud), sont jumeléesDes éléments sont dits jumeaux, jumelés ou géminés lorsqu’ils sont répétés de manière identique. Ces éléments peuvent être plus nombreux que deux. par deux. Les façades nord, est et ouest, sont percées d’ouvertures en anse de panierUn élément est dit en anse de panier lorsqu’il est cintré en demi-ovale. au rez-de-chaussée. Plusieurs ouvertures murales ont des ébrasementsCôtés convergents de l’embrasure d’une baie. en escalier et sont marquées par des bandes continuesUn élément est dit continu s’il règne sur toute la largeur de l’élévation ou sur plusieurs travées..

L'aile centrale, perpendiculaire au jardin, est limitée à trois étages et est soulignée par les angles courbés à l'extrémité de la façade avec un balcon au premier étage et de hautes ouvertures murales verticales au rez-de-chaussée. Les cornichesCorniche. Élément de couronnement d’un entablement, d’une élévation ou d’un élément d’élévation comme une baie ou une lucarne. La corniche se compose de moulures en surplomb les unes par rapport aux autres. La cimaise est la moulure supérieure de la corniche, située au-dessus du larmier. en briques forment une forte saillie.

Alors que les ailes est et sud du cloître font partie des bâtiments monumentaux en forme de croix, les deux autres ailes sont constituées de bâtiments de plain-pied. Les façades qui donnent sur le cloître sont constituées d'une rangée continueUn élément est dit continu s’il règne sur toute la largeur de l’élévation ou sur plusieurs travées. d'arcadesBaie aveugle ou non, coiffée d'un arc, souvent en répétition et allant jusqu’au sol. décorées de briques décoratives et d’éléments en pierre blanche.

MenuiserieÉléments de bois relevant de l’art du menuisier. Pour une façade, le mot peut désigner les portes, les châssis, les éventuelles logettes et la corniche. Par extension, le terme désigne également l'huisserie métallique et en PVC. remplacée.

Intérieur
Selon les plans de construction d’origine, le cloître situé le long du côté comprenait une sacristie et une salle capitulaire au rez-de-chaussée, ainsi qu'une grande bibliothèque avec une salle de lecture aux deux étages centraux. Le cloître sud était réservé aux supérieurs et divisé en bureau et salons. Le cloître ouest, qui a été rajouté en 1948, a été divisé en plusieurs petites salles de visite.

Le réfectoire, situé dans l'aile centrale arrondie qui donne perpendiculairement sur le jardin, était doté d'une double hauteur. Le centre d'études, avec des salles de classe de différentes tailles, se situait dans l'aile est. Les étages des ailes monumentales étaient en grande partie réservés aux cellules, celles de l'aile ouest pour les frères et celles de l'aile est pour les étudiants. L'aile centrale servait d'infirmerie à l'étage, avec des salles de soins, une pharmacie et un cabinet médical.

Les circulations verticales sont disposées symétriquement dans le site religieux: un double escalier central imposant avec des marches en pierre et, aux extrémités des ailes est et ouest, deux cages d'escalierEspace à l'intérieur duquel se développe un escalier. avec des marches en granitoMatériau composé de mortier et de pierres colorées concassées présentant, après polissage, l’aspect d’un granit.. Les trois cages d'escalierEspace à l'intérieur duquel se développe un escalier. se caractérisent par leur sobriété rehaussée de quelques éléments de style art décoStyle Art Déco (entre-deux-guerres). Tendance à la géométrisation des formes et des ornements architecturaux, doublée de jeux de matériaux, de textures et de couleurs. tels que les départs de rampes.

Lors de la transformation partielle du couvent en 1968 en centre de formation religieux, plusieurs pièces au rez-de-chaussée ont été réaménagées en salle de réunion.

Jardins
Le cloître, ou jardin monastique clos, se compose d’un espace rectangulaire avec une zone centrale circulaire bordée de sentiers perpendiculaires et de zones recouvertes d'herbe et de plantes.

Le grand jardin au sud du site a été aménagé selon le modèle d’un jardin monastique, se divisant en zones esthétiques, méditatives et fonctionnelles. Ainsi, la première partie du jardin, qui jouxte les bâtiments, est légèrement en contrebas et agrémenté de fleurs et d'arbustes. La partie centrale du jardin est divisée en cinq grandes sections rectangulaires bordées de sentiers symétriques et de potagers et jardins d'herbes aromatiques qui servaient à fournir de la nourriture et des médicaments aux frères mineurs. Les extrémités du jardin, le long des côtés est et sud, ont été plantées d'arbres à haute tige, dont un verger.

Valeur patrimoniale

Valeur artistique: les bâtiments sont représentatifs du style éclectiqueStyle éclectique (de 1850 à 1914 environ). Courant architectural original puisant librement son inspiration dans plusieurs styles. tardif avec des éléments néo-romanLe style néo-roman (à partir de 1850 environ) est une tendance architecturale mettant à l’honneur les formes inspirées du moyen-âge roman. et Art décoStyle Art Déco (entre-deux-guerres). Tendance à la géométrisation des formes et des ornements architecturaux, doublée de jeux de matériaux, de textures et de couleurs. et ont conservé leur intégrité. L'ensemble est représentatif du travail de l'architecte bruxellois Camille Damman (1880, Saint-Gilles – 1969, Bruxelles) qui a mené une carrière très active et polyvalente à Bruxelles et en Flandre. Il a réalisé des projets variés, allant de maisons privées à des bâtiments de grande envergure tels que des églises, des cinémas et des écoles, et a travaillé dans différents styles, notamment l'éclectisme, l'Art nouveauStyle Art nouveau (de 1893 à 1914 environ). Mouvement international, avec de fortes variantes locales, né en réaction aux styles « néo ». En Belgique, ce courant connaît deux tendances : d’un côté, sous l’égide de Victor Horta, l'Art nouveau « floral », aux lignes organiques ; de l’autre, l'Art nouveau géométrique, influencé par l'art de Paul Hankar ou la Sécession viennoise. et l'Art décoStyle Art Déco (entre-deux-guerres). Tendance à la géométrisation des formes et des ornements architecturaux, doublée de jeux de matériaux, de textures et de couleurs..

Valeur esthétique: les bâtiments ont une valeur d'ensemble et font partie d'un site monastique composé du couvent des Franciscains - avec cloître, centre d'études et jardin pour les frères mineurs -, d'un presbytère et d'une église, conçus entre 1934 et 1949 par C. Damman. Le site monastique se distingue par sa sobriété, utilisant presque exclusivement la brique pour les éléments techniques et décoratifs des façades. Le presbytère et l'église, en revanche, sont construits à partir d’autres matériaux de construction, tels que les moellonsPierres grossièrement équarries mises en œuvre dans une maçonnerie. et la pierre bleue, et se distinguent par leur architecture néo-romaneLe style néo-roman (à partir de 1850 environ) est une tendance architecturale mettant à l’honneur les formes inspirées du moyen-âge roman..

Valeur historique: les bâtiments ont une valeur contextuelle, car le couvent des Franciscains du Chant d’Oiseau est le couvent provincial ou chapiteauCouronnement orné ou mouluré, d’une colonne, d’un pilier ou d’un pilastre. principal des frères mineurs wallons.

Valeur sociale: les bâtiments sont représentatifs de la typologie religieuse, avec un parvis bordé d'une église paroissiale, d’un presbytère et d'un couvent monumental comprenant un cloître qui dessert les principales fonctions (réfectoire, bibliothèque, église) et une aile avec des cellules monastiques et des salles d'études. Il est également doté d'un jardin cloîtré et d'un grand jardin à vocation esthétique, méditative et fonctionnelle.

Valeur urbanistique: le bien a une valeur contextuelle en tant que témoin du développement urbanistique du quartier du Chant d’Oiseau, qui, à la création du couvent, était principalement constitué de terres ruralesDans la seconde couronne de l'agglomération bruxelloise, on rencontre çà et là des bâtiments d'architecture rurale. Il s'agit d'habitations ou d'anciennes fermes, issues de villages aujourd'hui englobés dans la ville, présentant d'ordinaire de sobres façades de briques blanchies à la chaux, sous de hautes toitures de tuiles. Les exemples les plus remarquables remontent aux XVIIe - XVIIIe siècles. et s'est développé à partir de la fin de l'Entre-Deux-Guerres autour de la paroisse et du monastère des Franciscains du Chant d’Oiseau.


Sources

Archives
ACWSP 173 (1934).
Archive Maison Notre-Dame du Chant-d’Oiseau, Woluwe-Saint-Pierre.


Ouvrages et périodiques
CAPELLE, P., Les églises à Bruxelles – Kerken te Brussel, Mechelen, 1995: p. 102.
COEKELBERGHS, D., Fotorepertorium van het meubilair van de Belgische bedehuizen, Provincie Brabant. Kanton Sint-Pieters-Woluwe, KIKIRPA, 1980, p. 18.
HEINE, C., Woluwe-Saint-Pierre. 
Jadis, hier et aujourd’hui, Bruxelles, 1991: 100.
LACROIX, G., Woluwe-Saint-Pierre. Histoire et terroir, Bruxelles, 2012: p. 271, 226-228.
TEMMERMAN, C., Si le Vogelenzang - Chant d’Oiseau m’était conté, Cercle d’histoire, d’archéologie et d’architecture des Woluwe, 1995: pp. 21-24.
s.a.‘Couvent du Vogelzang à Woluwe-Saint-Pierre, Camille Damman, architecte’, L’Emulation, 7, 1937, p. 112.

Sites internet
https://www.chant-oiseau.be/historique/