Typologie(s)
église/cathédrale/basilique
Intervenant(s)
René AERTS – architecte – 1958
Paul RAMON – architecte – 1958
Pierre MAJERUS – (maître) verrier – 1976
HERPAIN – entrepreneur, promoteur immobilier – 1962-1967
Statut juridique
Inscrit à l’inventaire légal le 19 août 2024
Styles
modernisme d'après-guerre
Inventaire(s)
- Actualisation de l'inventaire d'urgence (Sint-Lukasarchief - 1993-1994)
- Actualisation du projet d'inventaire régional du patrimoine architectural (DMS-DML - 1995-1998)
- Inventaire du patrimoine architectural 1939-1999 (ULB)
- Le patrimoine monumental de la Belgique. Woluwe-Saint-Pierre (DMS-DML - 2002-2009, 2014)
Ce bien présente l’(es) intérêt(s) suivant(s)
- Artistique La signature d’un bien immeuble (bâtiment) par un architecte de renom ne peut pas être considérée comme un critère absolu. Pour évaluer la place qu’un bien occupe dans l’œuvre d’un architecte, ce critère doit être modulé avec la qualité architecturale (composition et structure interne) du bien, sa mise en œuvre (matériaux, maîtrise technique) et la place qu’il occupe dans l’histoire de l’architecture, ces trois éléments pouvant témoigner d’une phase ou d’un aspect de l’architecture urbaine ou paysagère du passé. Les critères suivants s’appliquent alors pour évaluer l’intérêt artistique : la rareté (typologie, style, utilisation des matériaux, sources), la représentativité (idem) et l’intégrité (idem + qualité d’exécution).
- Esthétique Le bien possède un intérêt esthétique s’il stimule les sens de l’observateur de manière positive (l’expérience de la beauté). Historiquement, cette valeur était utilisée pour désigner des zones naturelles ou semi-naturelles de grande valeur, mais elle peut également s’appliquer à de grands ensembles de bâtiments dans une zone urbaine, avec ou sans éléments naturels, ou à des monuments qui marquent le paysage urbain. D’autres intérêts sont automatiquement pris en considération, l’artistique en premier lieu, mais aussi le paysager (intégration de l’œuvre dans le paysage urbain, points de repère dans la ville) et l’urbanistique (ensembles urbains spontanés ou rationnels). Les critères de sélection suivants lui sont également associés : la représentativité, la valeur d’ensemble et la valeur contextuelle. Ces critères doivent être combinés avec d’autres critères (notamment artistiques).
- Historique Le bien présente un intérêt historique s’il témoigne d’une période particulière de l’histoire de la région ou de la commune, s’il représente un témoignage d’une période particulière du passé et/ou d’une évolution rare pour une période (par exemple, une cité-jardin représentative d’un mode de construction utilisé lors des grandes campagnes d’urbanisation après la Seconde Guerre mondiale, les noyaux villageois illustrant les premiers bâtiments groupés des communes de la Seconde couronne, la Porte de Hal comme vestige de la deuxième enceinte, etc.), s’il témoigne d’un développement urbain (et/ou paysager) particulier de la ville (par exemple, les immeubles des boulevards centraux ou du quartier Léopold), s’il présente un lien avec un personnage historique important, y compris les maisons personnelles d’architectes et les ateliers d’artistes (par exemple, la maison natale de Constantin Meunier, la maison de Magritte), s’il peut être associé à un événement historique important (par exemple, les maisons datant de la reconstruction de Bruxelles suite au bombardement de 1695, la colonne du Congrès), ou s’il possède une représentativité typologique caractéristique d’une activité commerciale ou culturelle (par exemple, les églises, les cinémas, l’architecture industrielle, les pharmacies).
- Social Cette valeur est difficile à distinguer de la valeur folklorique et généralement insuffisante pour justifier une sélection à elle seule. Il peut s’agir d’un : – lieu de mémoire d’une communauté ou d’un groupe social (par exemple, la potale à Berchem-Sainte-Agathe située place de l’église à Berchem-Sainte-Agathe, le Vieux Tilleul de Boondael à Ixelles)?; – lieu relevant d’une symbolique populaire (par exemple, le café «?La Fleur en Papier Doré?» situé rue des Alexiens)?; – lieu de regroupement ou de structuration d’un quartier (par exemple, les immeubles du Fer à Cheval dans la cité du Floréal).
- Technique Un bien possède un intérêt technique en cas d’utilisation précoce d’un matériau ou d’une technique particulière (ingénierie), ou s’il présente un intérêt constructif ou technologique particulier, une prouesse technique ou une innovation technologique. Il peut également être considéré comme ayant une valeur archéologique industrielle s’il témoigne de méthodes de construction anciennes. Bien entendu, l’intérêt technique est à mettre en relation avec l’intérêt scientifique.
- Urbanistique Certains biens architecturaux ont joué un rôle prépondérant dans la planification urbaine par le passé. Ils suivent généralement d’autres formes (plans) urbanistiques, entraînant une interaction entre les espaces bâtis et non bâtis (ou ouverts). Cet aménagement comprend également la cohérence entre les différents niveaux d’échelle. Un bien immobilier possède un intérêt urbanistique lorsqu’il joue un rôle dans ce domaine. En voici quelques exemples : les bâtiments d’angle, les places ou les enfilades d’immeubles présentant une certaine cohérence, les tours (immeubles de grande hauteur) habilement implantées et leur relation avec leur environnement qualitatif immédiat, qui peut être cohérent mais aussi contrasté, ainsi que les vestiges de concepts urbanistiques et la manière dont ils sont ou ont été remplis architecturalement (et typologiquement), comme les palais urbains et/ou les maisons de maître éclectiques encore préservés dans le quartier Léopold.
Recherches et rédaction
2006
id
Urban : 17619
Description
Située à l'angle des rues de l'Église et Henri Vandermaelen, l'église Notre-Dame est dessinée en 1958 par les architectes-urbanistes René Aerts et Paul Ramon du Groupe Forum. Elle est bâtie entre 1962 et 1967 par les entreprises Herpain et Fils. L'édifice est remarquable par ses lignes modernistes rigoureuses, strictement régies par la ligne droite, ainsi que par son beau jeu d'éclairage naturel. Elle remplace une ancienne chapelle dont les origines remontent au Moyen Âge.
Historique
La chapelle Notre-Dame, ou de la Visitation, est mentionnée dans les textes dès 1326. Le hameau se développe autour d'elle probablement à partir de cette époque. Elle se présentait à l'origine sous la forme d'un petit oratoire de style gothique où l'on invoquait la Sainte Vierge contre les hernies. Le petit édifice devint ainsi l'église du modeste village. Elle fut restaurée et agrandie en 1778 par l'adjonction d'une nouvelle nef, terminée par un pignonPartie supérieure d’un mur-pignon, parallèle aux fermes de charpenterie, correspondant à la hauteur du comble. Il possède des rampants de formes variées : droits, chantournés, etc. surmonté d'une tourellePetite tour engagée dans un bâtiment, généralement sur un de ses angles. à haute toiture en flèche. Les parties de la chapelle primitive – le chœur, la sacristie et la nef à croiséeBaie à croisée. Baie divisée par des meneau(x) et traverse(s) se croisant à angle droit. d'ogive – furent reconstruites dans la seconde moitié du XIXe siècle (ACWSP/TP 8016), sous le pastorat de l'abbé Blockmans, en 1884 (JANSEGERS, J., 1963, p. 28) ou en 1886 (FALKENBACK, P., 1992, p. 62). L'église comportait deux autels latéraux en marbre, du XVIIe siècle, acquis en 1785 lors de la vente des biens de l'église des Riches-Claires à Bruxelles. Ces autels furent vendus en 1963 à l'église Sainte-Anne à Auderghem (Eigen schoon en de Brabander, 9-12, 1970, pp. 343-360).
Notre-Dame de Stockel fut annexée en 1808 à la paroisse de Woluwe-Saint-Pierre, chargée de gérer ses biens. Après différentes requêtes des notables de Stockel, la chapellenie éponyme est promue paroisse indépendante, par arrêté royal du 05.06.1863. Une cure est bâtie à proximité de l'église en 1868 (voir rue Henri Vandermaelen no 25).
L' église était entourée d'un cimetière, qui fut agrandi en 1866. Il fut désaffecté par arrêté royal du 17.09.1928.
Après la Seconde Guerre mondiale, Stockel connaît une importante augmentation démographique. On considère alors que l'église ne répond plus aux besoins de la population d'un quartier encore en plein développement. La décision est prise en 1958 de remplacer l'ancien bâtiment par une vaste église moderne. À cette époque, la paroisse comptait 6.500 âmes et son église ne pouvait abriter que 360 personnes.
Le terrain de l'ancien cimetière est cédé gratuitement vers 1958 par la commune à la fabrique d'église, afin de bâtir le nouvel édifice (ACWSP/TP 8016, 8018). Les ossements sont déménagés après juin 1961 vers le nouveau cimetière.
Les 1ers plans des architectes Aerts et Ramon portent la date de 1958. Ceux-ci prévoient une toiture en pyramide à quatre versants ainsi qu'une tour indépendante, un baptistère et une galerie extérieure. Ces éléments ne virent cependant jamais le jour1. Ouverture vitrée dans une menuiserie ou baie de petite dimension; 2. Vide autour duquel se développent certains escaliers tournants..
Les travaux débutent par la pose de la 1re pierre, le 1er septembre 1962. De septembre à octobre 1962, on creuse puis bétonne les fondations. On travaille ensuite principalement au r.d.ch., jusqu'en mai 1963. En août de la même année, les murs de l'étage ont atteint leur hauteur définitive et une partie de la toiture est réalisée.
De sérieuses difficultés surviennent en septembre 1963. On s'aperçoit alors qu'une erreur de calcul d'ingénieur entache la conception du gros-œuvre : les fondations sont insuffisantes pour porter le poids du bâtiment, et surtout de sa lourde toiture pyramidale en béton armé. Les travaux sur la toiture sont alors arrêtés et, jusqu'à décembre, on ne travaille quasiment plus qu'à la petite sacristie, construite à l'extérieur du bâtiment. Le chantier connaît ensuite un arrêt complet.
Les architectes, en collaboration avec un nouvel ingénieur, remettent le projet initial sur le métier. Par souci d'économie, on renonce à construire la tour, le baptistère et la galerie extérieure. Le modèle de la toiture est modifié. Les architectes signent d'abord un projet de nouvelle toiture pyramidale en aluminium le 14 septembre 1964. Ils élaborent ensuite le projet de la toiture actuelle, en poutraison de béton armé, dont les plans portent la date du 27 janvier 1965. Toutes ces modifications sont approuvées le 4 avril 1965.
Entre août 1964 et août 1965, on procède à d'importants remaniements en sous-œuvre du bâtiment : les fondations sont renforcées, on allonge les colonnes rondes de l'étage, on démolit une partie des voiles en béton. Le nouveau couronnement de l'église est terminé à la fin de l'année 1965.
L'ancienne église, qui subsistait à côté de la nouvelle pour assurer l'exercice du culte, est démolie d'avril à juin 1966 laissant la place au parvis actuel, bâti dans la seconde moitié de l'année. Parallèlement, le parachèvement de l'église a lieu en 1966 et au début de l'année 1967 ; le mobilier n'est placé qu'à partir de 1967 et le nouveau lieu de culte est inauguré le 22 avril de cette même année.
Les vitraux colorés du maître verrier Pierre Majerus, qui ornent la chapelle de semaine et les verrières éclairant l'autel, sont réalisées sur base d'un devis du 02.02.1976 (ACWSP/TP 8022, 8023).
Description
L'implantation de l'église sur un terrain en dénivelé, de superficie réduite, est intelligemment exploitée dans l'organisation du bâtiment. Celui-ci s'étage sur deux niveaux : un r.d.ch. relativement bas, haut d'un peu plus de quatre mètres, avec entrée de plain-pied rue Henri Vandermaelen ; un haut étage abritant l'église proprement dite, dont le plafond culmine à près de neuf mètres. L'étage s'avance en surplombSaillie portant une partie haute en avant d’une partie basse. rue Henri Vandermaelen, conférant au bâtiment l'allure d'un vaste volume cubique reposant sur un socleMassif surélevant un support ou une statue. plus étroit. Vers la rue de l'église, un parvis à emmarchement monumental s'étale sur près de 25 mètres. Il mène directement de la rue au vaste étage, rachetant la différence de niveau de quatre mètres entre l'église et la rue.
Les matériaux mis en œuvre sont typiques de la modernité de l'époque. L'architecture exploite leurs caractéristiques décoratives en les laissant à nu. Le béton armé en ciment Portland blanc, formant l'ossature, les voiles et les dalles, est tantôt lissé, tantôt brut de décoffrage. Les châssisPartie en menuiserie d'une fenêtre. métalliques (en acier peint au r.d.ch., en aluminium à l'étage), garnis de larges vitrages en thermopane, occupent des pans entiers de façade. À côté de ces matériaux modernes, la pierre reste exploitée. Le soubassementPartie massive d’un bâtiment construite au sol et constituant l’assise du bâtiment. À Bruxelles, le soubassement est d’ordinaire en pierre bleue. extérieur se pare de moellonsPierres grossièrement équarries mises en œuvre dans une maçonnerie. de grèsTerre cuite de texture serrée, légèrement vitrifiée, glaçurée ou non. Le grès désigne également une famille de pierres composées de silice. colorés, un matériau en vogue à l'époque. Les dallages extérieurs sont en pierre bleue.
À l'étage, l'église est conçue pour accueillir 800 fidèles. Son plan reflète, par sa grande simplicité, les préceptes de la nouvelle liturgie du Concile de Vatican II (1962-1965). L'entièreté de l'église s'inscrit dans un unique espace carré de 33 mètres de côté. Les divisions de l'espace se veulent discrètes : le chœur se marque par un simple podium de marbre blanc. Il fait face à une tribune précédant les sas d'entrée, résumée à une simple dalle de béton à garde-corpsOuvrage de clôture qui ferme un balcon, une terrasse, une porte-fenêtre, une gaine d'ascenseur... léger. Les murs extérieurs se composent soit de voiles en béton plein, soit de verrières subdivisées par des profilés portants en acier. La judicieuse disposition des pans vitrés assure un abondant éclairage naturel. Les façades latérales s'ajourent sur leur 1er quart, côté chœur, garantissant un éclairage latéral à l'autel. Opposée au chœur, la façade vers la rue de l'Église est entièrement vitrée et diffuse une abondante lumière derrière les fidèles. Le pourtour du vaste espace carré de l'église est marqué par vingt colonnes en béton, formant une sorte de déambulatoire. Le plafond s'étage sur deux hauteurs différentes. À l'aplomb du déambulatoire, il est plat et en béton lisse. Dans la partie centrale du bâtiment, le plafond s'élève, reposant sur de hautes poutres en béton brut disposées en quadrillage. Au droit des colonnes, les pans verticaux résultant de la différence de hauteur des plafonds, sont vitrés, assurant un éclairage zénithal diffus.
Le couronnement de l'église se compose d'une structure de poutres en béton, entièrement ouverte au vent. Ces poutres constituent les arrêtes de deux volumes en forme de parallélépipède rectangle étagés en gradins. Remplissant le rôle du clocher traditionnel, cette structure est sommée d'une croix et supporte des cloches, fondues par Fr. Sergeys vers 1966. La toiture de l'église est plate.
Le parvis assure un ample recul à l'édifice depuis la rue de l'Église. Il compte trente marches entrecoupées de paliers. Deux massifs bacs à plantes en moellonsPierres grossièrement équarries mises en œuvre dans une maçonnerie. limitent latéralement l'emmarchement monumental.
Le r.d.ch. sert de socleMassif surélevant un support ou une statue. à l'église. Il se divise en divers locaux. La chapelle de semaine en constitue l'espace principal. Elle possède une entrée directe rue Henri Vandermaelen. Il s'agit d'une vaste salle rectangulaire de 25 mètres de longueur sur dix mètres de largeur, conçue pour accueillir 150 fidèles. Son organisation témoigne elle aussi d'une recherche de simplicité. Le chœur prend la forme d'un sobre piédestal. Le mur de droite est aménagé en niches occupées par des confessionnaux. De fines poutrelles de béton nervurent le plafond. Le r.d.ch. abrite également d'autres locaux : une petite chapelle votive, la chapelle de congrégation avec bibliothèque liturgique attenante, la chaufferie, les installations sanitaires et une cave-remise.
La sacristie est un petit bâtiment indépendant relié à l'église par un passage couvert. Elle comporte elle aussi deux niveaux : en bas, des salles de réunion et de catéchisme ; en haut, la sacristie proprement dite. L'étage adopte une structure particulière qui fait songer à l'étui d'une boîte d'allumette : le plafond, le sol, ainsi que les pignonsPartie supérieure d’un mur-pignon, parallèle aux fermes de charpenterie, correspondant à la hauteur du comble. Il possède des rampants de formes variées : droits, chantournés, etc., se composent de dalles en béton lisse. La dalle du plafond est portée par des poutrelles métalliques Grey, disposées à l'intérieur du bâtiment. Les façades longitudinales ont ainsi pu être conçues suivant le principe du mur-rideauParoi extérieure non portante d’un bâtiment d’architecture moderne, le mur-rideau est généralement en grande partie ou entièrement vitré., c'est-à-dire comme des pans non portants, ajourés d'un bandeauÉlément horizontal, soit en saillie et de section rectangulaire, soit dans le plan de la façade. de fenêtres dans leur partie supérieure.
Le mobilier de l'église est particulièrement peu abondant. Il témoigne d'un même goût pour les formes épurées. L'intérieur de l'édifice fait aujourd'hui l'objet d'un aménagement qui dépare l'architecture de l'ensemble : un podium servant de tribune au prêtre a été placé au milieu de la nef, entouré des chaises des fidèles agencées en cercle. Le mobilier d'origine en aluminium subsiste toutefois : un remarquable autel à piétement en forme d'oméga, des candélabres, un bénitier, un tabernacle en forme de parallélépipède rectangle avec ambons assortis, trois chaises de chœur conçues par les architectes. Également dessinés par ces derniers, en 1958, les sobres confessionnaux existent toujours. En revanche, diverses pièces de mobilier prévues en 1958 – un banc de communion, un maître-autel – semblent ne jamais avoir été construites, vraisemblablement en raison de l'évolution de la liturgie décidée par le Concile de Vatican II, contemporain de la construction. Dans la chapelle de semaine, un autel monolithique en béton blanc bouchardé a aujourd'hui disparu.
Quelques pièces de mobilier de l'église précédente subsistent en outre, inventoriées par l'Institut royal du Patrimoine artistique à Bruxelles (COEKELBERGHS, D., et al., 1980, pp. 17-18). La plus admirable est une Vierge à l'Enfant du XIVe siècle en bois polychrome.
Historique
La chapelle Notre-Dame, ou de la Visitation, est mentionnée dans les textes dès 1326. Le hameau se développe autour d'elle probablement à partir de cette époque. Elle se présentait à l'origine sous la forme d'un petit oratoire de style gothique où l'on invoquait la Sainte Vierge contre les hernies. Le petit édifice devint ainsi l'église du modeste village. Elle fut restaurée et agrandie en 1778 par l'adjonction d'une nouvelle nef, terminée par un pignonPartie supérieure d’un mur-pignon, parallèle aux fermes de charpenterie, correspondant à la hauteur du comble. Il possède des rampants de formes variées : droits, chantournés, etc. surmonté d'une tourellePetite tour engagée dans un bâtiment, généralement sur un de ses angles. à haute toiture en flèche. Les parties de la chapelle primitive – le chœur, la sacristie et la nef à croiséeBaie à croisée. Baie divisée par des meneau(x) et traverse(s) se croisant à angle droit. d'ogive – furent reconstruites dans la seconde moitié du XIXe siècle (ACWSP/TP 8016), sous le pastorat de l'abbé Blockmans, en 1884 (JANSEGERS, J., 1963, p. 28) ou en 1886 (FALKENBACK, P., 1992, p. 62). L'église comportait deux autels latéraux en marbre, du XVIIe siècle, acquis en 1785 lors de la vente des biens de l'église des Riches-Claires à Bruxelles. Ces autels furent vendus en 1963 à l'église Sainte-Anne à Auderghem (Eigen schoon en de Brabander, 9-12, 1970, pp. 343-360).
Notre-Dame de Stockel fut annexée en 1808 à la paroisse de Woluwe-Saint-Pierre, chargée de gérer ses biens. Après différentes requêtes des notables de Stockel, la chapellenie éponyme est promue paroisse indépendante, par arrêté royal du 05.06.1863. Une cure est bâtie à proximité de l'église en 1868 (voir rue Henri Vandermaelen no 25).
L' église était entourée d'un cimetière, qui fut agrandi en 1866. Il fut désaffecté par arrêté royal du 17.09.1928.
Après la Seconde Guerre mondiale, Stockel connaît une importante augmentation démographique. On considère alors que l'église ne répond plus aux besoins de la population d'un quartier encore en plein développement. La décision est prise en 1958 de remplacer l'ancien bâtiment par une vaste église moderne. À cette époque, la paroisse comptait 6.500 âmes et son église ne pouvait abriter que 360 personnes.
Le terrain de l'ancien cimetière est cédé gratuitement vers 1958 par la commune à la fabrique d'église, afin de bâtir le nouvel édifice (ACWSP/TP 8016, 8018). Les ossements sont déménagés après juin 1961 vers le nouveau cimetière.
Les 1ers plans des architectes Aerts et Ramon portent la date de 1958. Ceux-ci prévoient une toiture en pyramide à quatre versants ainsi qu'une tour indépendante, un baptistère et une galerie extérieure. Ces éléments ne virent cependant jamais le jour1. Ouverture vitrée dans une menuiserie ou baie de petite dimension; 2. Vide autour duquel se développent certains escaliers tournants..
Les travaux débutent par la pose de la 1re pierre, le 1er septembre 1962. De septembre à octobre 1962, on creuse puis bétonne les fondations. On travaille ensuite principalement au r.d.ch., jusqu'en mai 1963. En août de la même année, les murs de l'étage ont atteint leur hauteur définitive et une partie de la toiture est réalisée.
De sérieuses difficultés surviennent en septembre 1963. On s'aperçoit alors qu'une erreur de calcul d'ingénieur entache la conception du gros-œuvre : les fondations sont insuffisantes pour porter le poids du bâtiment, et surtout de sa lourde toiture pyramidale en béton armé. Les travaux sur la toiture sont alors arrêtés et, jusqu'à décembre, on ne travaille quasiment plus qu'à la petite sacristie, construite à l'extérieur du bâtiment. Le chantier connaît ensuite un arrêt complet.
Les architectes, en collaboration avec un nouvel ingénieur, remettent le projet initial sur le métier. Par souci d'économie, on renonce à construire la tour, le baptistère et la galerie extérieure. Le modèle de la toiture est modifié. Les architectes signent d'abord un projet de nouvelle toiture pyramidale en aluminium le 14 septembre 1964. Ils élaborent ensuite le projet de la toiture actuelle, en poutraison de béton armé, dont les plans portent la date du 27 janvier 1965. Toutes ces modifications sont approuvées le 4 avril 1965.
Entre août 1964 et août 1965, on procède à d'importants remaniements en sous-œuvre du bâtiment : les fondations sont renforcées, on allonge les colonnes rondes de l'étage, on démolit une partie des voiles en béton. Le nouveau couronnement de l'église est terminé à la fin de l'année 1965.
L'ancienne église, qui subsistait à côté de la nouvelle pour assurer l'exercice du culte, est démolie d'avril à juin 1966 laissant la place au parvis actuel, bâti dans la seconde moitié de l'année. Parallèlement, le parachèvement de l'église a lieu en 1966 et au début de l'année 1967 ; le mobilier n'est placé qu'à partir de 1967 et le nouveau lieu de culte est inauguré le 22 avril de cette même année.
Les vitraux colorés du maître verrier Pierre Majerus, qui ornent la chapelle de semaine et les verrières éclairant l'autel, sont réalisées sur base d'un devis du 02.02.1976 (ACWSP/TP 8022, 8023).
Description
L'implantation de l'église sur un terrain en dénivelé, de superficie réduite, est intelligemment exploitée dans l'organisation du bâtiment. Celui-ci s'étage sur deux niveaux : un r.d.ch. relativement bas, haut d'un peu plus de quatre mètres, avec entrée de plain-pied rue Henri Vandermaelen ; un haut étage abritant l'église proprement dite, dont le plafond culmine à près de neuf mètres. L'étage s'avance en surplombSaillie portant une partie haute en avant d’une partie basse. rue Henri Vandermaelen, conférant au bâtiment l'allure d'un vaste volume cubique reposant sur un socleMassif surélevant un support ou une statue. plus étroit. Vers la rue de l'église, un parvis à emmarchement monumental s'étale sur près de 25 mètres. Il mène directement de la rue au vaste étage, rachetant la différence de niveau de quatre mètres entre l'église et la rue.
Les matériaux mis en œuvre sont typiques de la modernité de l'époque. L'architecture exploite leurs caractéristiques décoratives en les laissant à nu. Le béton armé en ciment Portland blanc, formant l'ossature, les voiles et les dalles, est tantôt lissé, tantôt brut de décoffrage. Les châssisPartie en menuiserie d'une fenêtre. métalliques (en acier peint au r.d.ch., en aluminium à l'étage), garnis de larges vitrages en thermopane, occupent des pans entiers de façade. À côté de ces matériaux modernes, la pierre reste exploitée. Le soubassementPartie massive d’un bâtiment construite au sol et constituant l’assise du bâtiment. À Bruxelles, le soubassement est d’ordinaire en pierre bleue. extérieur se pare de moellonsPierres grossièrement équarries mises en œuvre dans une maçonnerie. de grèsTerre cuite de texture serrée, légèrement vitrifiée, glaçurée ou non. Le grès désigne également une famille de pierres composées de silice. colorés, un matériau en vogue à l'époque. Les dallages extérieurs sont en pierre bleue.
À l'étage, l'église est conçue pour accueillir 800 fidèles. Son plan reflète, par sa grande simplicité, les préceptes de la nouvelle liturgie du Concile de Vatican II (1962-1965). L'entièreté de l'église s'inscrit dans un unique espace carré de 33 mètres de côté. Les divisions de l'espace se veulent discrètes : le chœur se marque par un simple podium de marbre blanc. Il fait face à une tribune précédant les sas d'entrée, résumée à une simple dalle de béton à garde-corpsOuvrage de clôture qui ferme un balcon, une terrasse, une porte-fenêtre, une gaine d'ascenseur... léger. Les murs extérieurs se composent soit de voiles en béton plein, soit de verrières subdivisées par des profilés portants en acier. La judicieuse disposition des pans vitrés assure un abondant éclairage naturel. Les façades latérales s'ajourent sur leur 1er quart, côté chœur, garantissant un éclairage latéral à l'autel. Opposée au chœur, la façade vers la rue de l'Église est entièrement vitrée et diffuse une abondante lumière derrière les fidèles. Le pourtour du vaste espace carré de l'église est marqué par vingt colonnes en béton, formant une sorte de déambulatoire. Le plafond s'étage sur deux hauteurs différentes. À l'aplomb du déambulatoire, il est plat et en béton lisse. Dans la partie centrale du bâtiment, le plafond s'élève, reposant sur de hautes poutres en béton brut disposées en quadrillage. Au droit des colonnes, les pans verticaux résultant de la différence de hauteur des plafonds, sont vitrés, assurant un éclairage zénithal diffus.
Le couronnement de l'église se compose d'une structure de poutres en béton, entièrement ouverte au vent. Ces poutres constituent les arrêtes de deux volumes en forme de parallélépipède rectangle étagés en gradins. Remplissant le rôle du clocher traditionnel, cette structure est sommée d'une croix et supporte des cloches, fondues par Fr. Sergeys vers 1966. La toiture de l'église est plate.
Le parvis assure un ample recul à l'édifice depuis la rue de l'Église. Il compte trente marches entrecoupées de paliers. Deux massifs bacs à plantes en moellonsPierres grossièrement équarries mises en œuvre dans une maçonnerie. limitent latéralement l'emmarchement monumental.
Le r.d.ch. sert de socleMassif surélevant un support ou une statue. à l'église. Il se divise en divers locaux. La chapelle de semaine en constitue l'espace principal. Elle possède une entrée directe rue Henri Vandermaelen. Il s'agit d'une vaste salle rectangulaire de 25 mètres de longueur sur dix mètres de largeur, conçue pour accueillir 150 fidèles. Son organisation témoigne elle aussi d'une recherche de simplicité. Le chœur prend la forme d'un sobre piédestal. Le mur de droite est aménagé en niches occupées par des confessionnaux. De fines poutrelles de béton nervurent le plafond. Le r.d.ch. abrite également d'autres locaux : une petite chapelle votive, la chapelle de congrégation avec bibliothèque liturgique attenante, la chaufferie, les installations sanitaires et une cave-remise.
La sacristie est un petit bâtiment indépendant relié à l'église par un passage couvert. Elle comporte elle aussi deux niveaux : en bas, des salles de réunion et de catéchisme ; en haut, la sacristie proprement dite. L'étage adopte une structure particulière qui fait songer à l'étui d'une boîte d'allumette : le plafond, le sol, ainsi que les pignonsPartie supérieure d’un mur-pignon, parallèle aux fermes de charpenterie, correspondant à la hauteur du comble. Il possède des rampants de formes variées : droits, chantournés, etc., se composent de dalles en béton lisse. La dalle du plafond est portée par des poutrelles métalliques Grey, disposées à l'intérieur du bâtiment. Les façades longitudinales ont ainsi pu être conçues suivant le principe du mur-rideauParoi extérieure non portante d’un bâtiment d’architecture moderne, le mur-rideau est généralement en grande partie ou entièrement vitré., c'est-à-dire comme des pans non portants, ajourés d'un bandeauÉlément horizontal, soit en saillie et de section rectangulaire, soit dans le plan de la façade. de fenêtres dans leur partie supérieure.
Le mobilier de l'église est particulièrement peu abondant. Il témoigne d'un même goût pour les formes épurées. L'intérieur de l'édifice fait aujourd'hui l'objet d'un aménagement qui dépare l'architecture de l'ensemble : un podium servant de tribune au prêtre a été placé au milieu de la nef, entouré des chaises des fidèles agencées en cercle. Le mobilier d'origine en aluminium subsiste toutefois : un remarquable autel à piétement en forme d'oméga, des candélabres, un bénitier, un tabernacle en forme de parallélépipède rectangle avec ambons assortis, trois chaises de chœur conçues par les architectes. Également dessinés par ces derniers, en 1958, les sobres confessionnaux existent toujours. En revanche, diverses pièces de mobilier prévues en 1958 – un banc de communion, un maître-autel – semblent ne jamais avoir été construites, vraisemblablement en raison de l'évolution de la liturgie décidée par le Concile de Vatican II, contemporain de la construction. Dans la chapelle de semaine, un autel monolithique en béton blanc bouchardé a aujourd'hui disparu.
Quelques pièces de mobilier de l'église précédente subsistent en outre, inventoriées par l'Institut royal du Patrimoine artistique à Bruxelles (COEKELBERGHS, D., et al., 1980, pp. 17-18). La plus admirable est une Vierge à l'Enfant du XIVe siècle en bois polychrome.
Sources
Archives
Archives de la fabrique d'église (fonds non classé).
ACWSP/TP 8016, 8017, 8018, 8019, 8022, 8023.
ACWSP/Urb. 160 (2001).
Collection cartes postales Dexia Banque.
Ouvrages
COEKELBERGHS, D., JANSSENS, W., Répertoire photographique du mobilier des sanctuaires de Belgique, Province de Brabant, Canton de Woluwe-Saint-Pierre, Bruxelles, 1980.
FALKENBACK, P., Historique de Woluwe-Saint-Pierre, Administration Communale de Woluwe-Saint-Pierre, 1992, pp. 62 à 65.
JANSEGERS, J., Korte historiek over de Onze-Lieve-Vrouwparochie te Stockel, Tielt, Lannoo, 1963.
TEMMERMAN, C., D'HUART, T., 1897-1997. Les 100 ans de l'avenue de Tervueren, Bruxelles, 1997, p. 25.
Périodiques
Architecture, 80, 1967, page publicitaire.
VAN MEERBEEK, A., DE BROECK, M., « Groei en bloei van een gehucht: Stokkel », Brabant Toerisme, 1, 1981, pp. 30-31.
MAES, A., CNOPS, P., « De Herkomst van de zijaltaren van O.-L.-Vrouwkerk te Stokkel », Eigen Schoon en de Brabander, LIII, 9-12, 1970, pp. 343-360.
NOVGORODSKY, L., « L'église Notre-Dame de Stockel (Bruxelles) », La Technique des Travaux, 7-8, 1968, pp. 203-209.
Archives de la fabrique d'église (fonds non classé).
ACWSP/TP 8016, 8017, 8018, 8019, 8022, 8023.
ACWSP/Urb. 160 (2001).
Collection cartes postales Dexia Banque.
Ouvrages
COEKELBERGHS, D., JANSSENS, W., Répertoire photographique du mobilier des sanctuaires de Belgique, Province de Brabant, Canton de Woluwe-Saint-Pierre, Bruxelles, 1980.
FALKENBACK, P., Historique de Woluwe-Saint-Pierre, Administration Communale de Woluwe-Saint-Pierre, 1992, pp. 62 à 65.
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TEMMERMAN, C., D'HUART, T., 1897-1997. Les 100 ans de l'avenue de Tervueren, Bruxelles, 1997, p. 25.
Périodiques
Architecture, 80, 1967, page publicitaire.
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MAES, A., CNOPS, P., « De Herkomst van de zijaltaren van O.-L.-Vrouwkerk te Stokkel », Eigen Schoon en de Brabander, LIII, 9-12, 1970, pp. 343-360.
NOVGORODSKY, L., « L'église Notre-Dame de Stockel (Bruxelles) », La Technique des Travaux, 7-8, 1968, pp. 203-209.