Typologie(s)

hôtel particulier
maison et atelier d’artiste

Intervenant(s)

Paul HANKARarchitecte1897

Albert CIAMBERLANIpeintre1897

Adolphe CRESPINpeintre de sgraffite1897

Adrien BLOMMEarchitecte1927

Statut juridique

Classé depuis le 12 janvier 1983

Styles

Art nouveau

Inventaire(s)

Ce bien présente l’(es) intérêt(s) suivant(s)

Recherches et rédaction

2005-2007

id

Urban : 16519
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Description

Exceptionnel hôtel particulier de style Art nouveauStyle Art nouveau (de 1893 à 1914 environ). Mouvement international, avec de fortes variantes locales, né en réaction aux styles « néo ». En Belgique, ce courant connaît deux tendances : d’un côté, sous l’égide de Victor Horta, l'Art nouveau « floral », aux lignes organiques ; de l’autre, l'Art nouveau géométrique, influencé par l'art de Paul Hankar ou la Sécession viennoise. géométrique, signé et millésimé « P.[aul] Hankar arche 1897 », conçu à la demande de Madame Veuve Ciamberlani pour son fils, le peintre symboliste Albert Ciamberlani (1864-1956).

Paul Hankar dessine également les plans d'un hôtel particulier pour José Ciamberlani rue Paul Émile Janson no 23-25 (1900), soit dans le prolongement de la parcelle appartenant à son frère Albert, des écuries séparant les deux propriétés (voir ce no).
Les sgraffitesTechnique de décoration murale consistant à recouvrir d’une mince couche d’enduit clair une première couche de ton sombre. Un dessin est ensuite créé en grattant partiellement l’enduit clair, alors qu’il est encore frais, pour mettre à jour l’enduit foncé sous-jacent. Les traits des dessins apparaissent ainsi en creux et en foncé. En outre, la couche d’enduit clair peut être mise en couleur. monumentaux de la façade sont conçus par Albert Ciamberlani qui en confie la réalisation à Adolphe Crespin.

En 1927, à la demande de Albert Devez, juriste et homme politique libéral, l'hôtel est fortement remanié par l'architecte Adrien Blomme qui transforme le rez-de-chaussée côté rue et la façade arrière, modifie l'intérieur et agrandit le bâtiment.

Rue Defacqz 48, façade après restauration (photo 2006).

La façade monumentale de douze mètres de large, le double d'une maison traditionnelleEn briques et en grèsLa maçonnerie en briques est combinée à des éléments en pierre blanche (par exemple pour la plinthe, l’encadrement des baies, la corniche, ...), alors que l’intérieur se compose d’éléments en bois. Ces immeubles sont couverts par une toiture en bâtière et affichent souvent un pignon à gradins (XVIe-XVIIIe siècles).En colombageUne construction en colombage se compose de terre glaise appliquée sur un squelette en bois, renforcé par un tressage (jusqu’au XIXe siècle). , s'élève sur trois hauts niveaux. Construite en briques blanches de Silésie, marquée de bandeauxÉlément horizontal, soit en saillie et de section rectangulaire, soit dans le plan de la façade. de pierre blanche d'Euville, elle est décorée aux étages d'un imposant sgraffiteTechnique de décoration murale consistant à recouvrir d’une mince couche d’enduit clair une première couche de ton sombre. Un dessin est ensuite créé en grattant partiellement l’enduit clair, alors qu’il est encore frais, pour mettre à jour l’enduit foncé sous-jacent. Les traits des dessins apparaissent ainsi en creux et en foncé. En outre, la couche d’enduit clair peut être mise en couleur. d'inspiration orientale. Les étages sont flanqués de larges pilastresÉlément vertical plat en ressaut qui évoque un support (un pilier engagé). Il peut être muni d’une base et d’un chapiteau. supportant la cornicheCorniche. Élément de couronnement d’un entablement, d’une élévation ou d’un élément d’élévation comme une baie ou une lucarne. La corniche se compose de moulures en surplomb les unes par rapport aux autres. La cimaise est la moulure supérieure de la corniche, située au-dessus du larmier..
La façade, asymétrique, révèle une grande liberté dans la répartition des baiesOuverture, d'ordinaire une porte ou une fenêtre, ménagée dans un pan de mur, ainsi que son encadrement. : quatre fenêtres au rez-de-chaussée, deux au premier étage et sept au dernier.
Soubassement percé à droite de deux baiesOuverture, d'ordinaire une porte ou une fenêtre, ménagée dans un pan de mur, ainsi que son encadrement. à arcStructure appareillée de couvrement, cintrée selon un profil donné. surbaisséUn élément est dit surbaissé lorsqu’il est cintré en arc de cercle inférieur au demi-cercle., à gauche d'un garage aménagé en 1927 par Adrien Blomme, en remplacement d'une porte.
Le deuxième niveau est éclairé par deux grandes baiesOuverture, d'ordinaire une porte ou une fenêtre, ménagée dans un pan de mur, ainsi que son encadrement. à arc outrepasséUn arc est dit outrepassé lorsque son tracé excède le demi-cercle ou le demi-ovale. Il peut en outre s'agir d'un arc brisé dont le tracé se compose de deux courbes en forme de demi-cœur., inspirées de l'architecture chinoise (Loyer, F., 1986, pp. 206, 207), pourvues de châssisPartie en menuiserie d'une fenêtre. à petit-boisPetit-bois, petit-fer. Petit élément en bois ou en fer subdivisant le vitrage d’un châssis. aux lignes souples. Le balcon continuUn élément est dit continu s’il règne sur toute la largeur de l’élévation ou sur plusieurs travées. est supporté par cinq consolesPièce de pierre, de bois ou de métal partiellement engagée dans un mur et portant un élément en surplomb. La console se distingue du corbeau par ses dimensions plus grandes et par le fait qu’elle s’inscrit grosso modo dans un triangle rectangle. La console désigne également des éléments non porteurs, mais apparentés d’un point de vue formel à une console. en pierre ; celle dans l'axe est doublée d'un élément en pierre. L'exceptionnel garde-corpsOuvrage de clôture qui ferme un balcon, une terrasse, une porte-fenêtre, une gaine d'ascenseur... en fer forgéFer façonné à chaud sur l’enclume, utilisé pour réaliser des éléments architecturaux comme des garde-corps, des ancres, des grilles, des épis de faîtage., reprenant des motifs floraux répétitifs, participe pleinement à la décoration et à l'animation de la façade. À hauteur de cet étage un sgraffiteTechnique de décoration murale consistant à recouvrir d’une mince couche d’enduit clair une première couche de ton sombre. Un dessin est ensuite créé en grattant partiellement l’enduit clair, alors qu’il est encore frais, pour mettre à jour l’enduit foncé sous-jacent. Les traits des dessins apparaissent ainsi en creux et en foncé. En outre, la couche d’enduit clair peut être mise en couleur. représente une scène de vie antique.
Le dernier étage est percé de sept fenêtres rectangulaires en bandeauÉlément horizontal, soit en saillie et de section rectangulaire, soit dans le plan de la façade., séparées par un trumeauPan de mur compris entre deux travées ou entre deux baies d'un même niveau. en pierre doublé de colonnettesUne colonne est un support vertical formé d’un fût de plan circulaire ou polygonal et souvent d’un chapiteau et d’une base. Une colonnette désigne une petite colonne. en fonteFer riche en carbone, moulé pour réaliser des éléments architecturaux comme des garde-corps, des colonnettes, des cache-boulins. Contrairement au fer forgé, la fonte est cassante et résiste mal à la flexion. jumeléesDes éléments sont dits jumeaux, jumelés ou géminés lorsqu’ils sont répétés de manière identique. Ces éléments peuvent être plus nombreux que deux. par deux. La friseBande horizontale, décorée ou non, située au milieu de l’entablement. Par extension, suite d’ornements en bande horizontale. de l'entablementCouronnement horizontal qui se compose d’une architrave, d’une frise puis d’une corniche. Les façades sont d’ordinaire coiffées d’un entablement. On peut également trouver un petit entablement au-dessus d’une baie ou d’une lucarne. est décorée d'un sgraffiteTechnique de décoration murale consistant à recouvrir d’une mince couche d’enduit clair une première couche de ton sombre. Un dessin est ensuite créé en grattant partiellement l’enduit clair, alors qu’il est encore frais, pour mettre à jour l’enduit foncé sous-jacent. Les traits des dessins apparaissent ainsi en creux et en foncé. En outre, la couche d’enduit clair peut être mise en couleur. qui illustre, dans une succession de médaillonsCartouche rond ou ovale., reprenant le rythme des baiesOuverture, d'ordinaire une porte ou une fenêtre, ménagée dans un pan de mur, ainsi que son encadrement., les travaux d'Hercules.
L'ensemble de la façade a fait l'objet d'une restauration en 2006.

Rue Defacqz 48, salle à manger avant transformation (REHME, W., Die architektur der neuen freien schule, Baumgartner’s Bauchhandlung, Leipzig, [1900, 1901, 1902], pl. 13).

Le plan du rez-de-chaussée, proche de celui de l'hôtel René Janssens, est composé de deux parties séparées par le couloir d'entrée où une porte vitrée à petit-boisPetit-bois, petit-fer. Petit élément en bois ou en fer subdivisant le vitrage d’un châssis. est décorée de vitraux colorés. La partie droite rappelle le plan traditionnelEn briques et en grèsLa maçonnerie en briques est combinée à des éléments en pierre blanche (par exemple pour la plinthe, l’encadrement des baies, la corniche, ...), alors que l’intérieur se compose d’éléments en bois. Ces immeubles sont couverts par une toiture en bâtière et affichent souvent un pignon à gradins (XVIe-XVIIIe siècles).En colombageUne construction en colombage se compose de terre glaise appliquée sur un squelette en bois, renforcé par un tressage (jusqu’au XIXe siècle).  des maisons bruxelloises, à savoir une enfilade de trois pièces : salon, salle à manger et vérandaJardin d’hiver ou véranda. Largement vitré, adossé à la façade arrière d’un bâtiment, le jardin d’hiver constitue une pièce d’agrément où l’on profite l’hiver des rayons du soleil dans une atmosphère de plantes vertes. Contrairement à la serre dont il dérive, le jardin d’hiver est une pièce de vie.. La partie de gauche comprend, vers la rue, un petit salon isolé donnant sur la cage d'escalierEspace à l'intérieur duquel se développe un escalier. monumentale, elle-même suivie d'une pièce donnant vers le jardin.
Au premier étage, le vaste salon occupant toute la largeur de la façade est éclairé par les deux baiesOuverture, d'ordinaire une porte ou une fenêtre, ménagée dans un pan de mur, ainsi que son encadrement. circulaires ; la salle à manger se trouve à l'arrière. Le dernier étage est occupé par des chambres ; trois à l'avant et deux à l'arrière.

En 1927, Blomme agrandit un « local d'archive » entre le rez-de-chaussée et le premier niveau, accessible depuis la cage d'escalierEspace à l'intérieur duquel se développe un escalier.. Il agrandit l'immeuble sur trois niveaux vers le jardin et aménage une terrasse au premier étage. L'architecte modifie également la circulation intérieure en déplaçant l'escalier de service et différentes cloisons.

Rue Defacqz 48, détail de la partie centrale du <a href='/fr/glossary/221' class='info'>sgraffite<span>Technique de décoration murale consistant à recouvrir d’une mince couche d’enduit clair une première couche de ton sombre. Un dessin est ensuite créé en grattant partiellement l’enduit clair, alors qu’il est encore frais, pour mettre à jour l’enduit foncé sous-jacent. Les traits des dessins apparaissent ainsi en creux et en foncé. En outre, la couche d’enduit clair peut être mise en couleur.</span></a> au premier étage (photo 2007).

Aménagement intérieur. L'ensemble de l'aménagement intérieur est conçu par Paul Hankar qui dessine un escalier monumental de style Art nouveauStyle Art nouveau (de 1893 à 1914 environ). Mouvement international, avec de fortes variantes locales, né en réaction aux styles « néo ». En Belgique, ce courant connaît deux tendances : d’un côté, sous l’égide de Victor Horta, l'Art nouveau « floral », aux lignes organiques ; de l’autre, l'Art nouveau géométrique, influencé par l'art de Paul Hankar ou la Sécession viennoise. en acajou et sapin rouge du Nord, un élégant mobilier en chêne pour la salle à manger et la chambre à coucher, plusieurs cheminées en marbre, les lambrisLe lambris est un revêtement de menuiserie, de marbre ou de stuc couvrant la partie inférieure ou l'entièreté des murs d’une pièce. et les plafonds en bois. La salle à manger du rez-de-chaussée a conservé une friseBande horizontale, décorée ou non, située au milieu de l’entablement. Par extension, suite d’ornements en bande horizontale. de tapisserie qui a pour thème la faune et la flore. De nombreux éléments de boiseries de style Art nouveauStyle Art nouveau (de 1893 à 1914 environ). Mouvement international, avec de fortes variantes locales, né en réaction aux styles « néo ». En Belgique, ce courant connaît deux tendances : d’un côté, sous l’égide de Victor Horta, l'Art nouveau « floral », aux lignes organiques ; de l’autre, l'Art nouveau géométrique, influencé par l'art de Paul Hankar ou la Sécession viennoise. ont disparu lors des modifications réalisées par l'architecte A. Blomme en 1927.
Suite à ces transformations, la cage d'escalierEspace à l'intérieur duquel se développe un escalier., qui conserve son volume d'origine, reçoit un nouvel escalier plus massif de style baroqueLe style néo-baroque (de 1860 à 1914 environ) se réfère à l’art baroque (XVIIe et 1er quart du XVIIIe siècle) et en reprend certains éléments décoratifs : pignon à volutes, pilastres colossaux, décor emprunt d’une certaine vigueur et d’un fort relief (bossages, harpes, encadrements en saillie). flamand. Au rez-de-chaussée la cheminée est abaissée jusqu'à hauteur des lambrisLe lambris est un revêtement de menuiserie, de marbre ou de stuc couvrant la partie inférieure ou l'entièreté des murs d’une pièce. et sa forme est simplifiée (Architecture et décoration, 1903, pl. 14). Les lambrisLe lambris est un revêtement de menuiserie, de marbre ou de stuc couvrant la partie inférieure ou l'entièreté des murs d’une pièce. en bois dessinés par P. Hankar subsistent au rez-de-chaussée ; ceux du premier étage ont disparus. Les moulures des plafonds sont renouvelées dans un style Art DécoStyle Art Déco (entre-deux-guerres). Tendance à la géométrisation des formes et des ornements architecturaux, doublée de jeux de matériaux, de textures et de couleurs. représentatifLa représentativité renvoie au fait que le bien réunit une ou plusieurs caractéristiques significatives en comparaison avec d’autres biens de la même catégorie (comme une typologie par exemple) : il doit s’agir d’un « ?bon exemple ?» qui réunit de nombreuses caractéristiques significatives. La représentativité d’un bien est évaluée en fonction de son contexte géographique (local, régional, national), chronologique (importance dans l’histoire sociale, religieuse, politique, industrielle ou scientifique, esthétique marquée), historique (par exemple, le bien traduit de manière significative une caractéristique d’une certaine époque). Comme pour l’évaluation de la rareté, la représentativité d’un bien demande que l’on puisse le comparer avec d’autres appartenant à la même catégorie. Un bien peut être représentatif d’un style, d’une typologie, d’un concept urbanistique, de l’œuvre de son concepteur, etc. du style d'Adrien Blomme. Les meubles conçus par Paul Hankar sont aujourd'hui conservés au Design Museum de Gand.

Classement 12.01.1983

Sources

Archives
ACI/Urb. 89-48.

Ouvrages
BORSI, F., WIESER, H., Bruxelles capitale de l'Art Nouveau, trad. fr. J.-M. Van der Meerschen, Mark Vokaer éd., Bruxelles, 1992 (Collection Europe 1900), pp. 38-39, 57, 147.
LOYER, F., Paul Hankar, Naissance de l'Art Nouveau, AAM, Bruxelles, 1986, pp. 205-208.
LOYER, F., Paul Hankar, Dix ans d'Art Nouveau, CFC éd. – AAM, Bruxelles, 1991, pp. 70-84.
Bruxelles, Monuments et Sites classés, Région de Bruxelles-Capitale, Service des Monuments et Sites, 1994, p. 136.
VERHEYEN, A., Éléments de biographie in Hommage à Albert Ciamberlani 1864-1956, Galerie Regard, Bruxelles, 1975, p. 2.

Périodiques
COSSE, J., « Maison mitoyenne à Saint-Gilles Bruxelles », A+, 98, 1988, pp.  4-37.
PUTTEMANS, P., « Paul Hankar », A+, 114, 1992, p. 20.
DEWALQUE, A., « Paul Hankar, La permanence de la tradition gothique », A+, 117, 1992, pp. 62, 63.
« Maison, rue Defacqz, 46, Bruxelles, Paul Hankar, Architecte » Architecture et décoration, 1903, pl. 3, 13, 14.
CONRARDY, C., Thibaut, R., « 1859 – Paul Hankar – 1901 », La Cité, 2, 1923, pp. 25-28.
CONRARDY, C., Thibaut, R., « 1859 – Paul Hankar – 1901 (suite) », La Cité, 3, 1923, pp. 37-40.