Recherches et rédaction

2016-2017

 

Voir les biens de ce lieu repris à l'inventaireLongeant les voies ferrées de la gare du Nord, la rue du Progrès relie la place Charles Rogier à la rue des Palais. Sa première partie, jusqu’aux nos55 et 66 compris, est située sur le territoire de Saint-Josse-ten-Noode; le reste dépend de la commune de Schaerbeek. Sur son parcours schaerbeekois, l’artère rencontre successivement le boulevard Simon Bolivar, la place Solvay, les rues Rogier et Gendebien, l’avenue Philippe Thomas, la rue Destouvelles et l’avenue de la Reine.

Le tracé de l'artère est prévu au plan général d'alignement et de nivellement des faubourgs dressé par l'inspecteur-voyer Charles Vanderstraeten et approuvé par l'arrêté royal du 02.09.1840. Sur Schaerbeek, ce plan concerne le faubourg de Cologne, un quartier à créer autour de la nouvelle station du Nord et des voies ferrées vers Malines, qui seront établis entre 1841 et 1846.

Attribué dès l’origine, le nom de rue du Progrès préfigure l’importante expansion que connaîtra le quartier suite à la création de la gare du Nord.

Sur Schaerbeek, la rue est essentiellement bâtie des années 1850 aux années 1880, de maisons de style néoclassique pour la plupart. C’est la portion entre la frontière de Saint-Josse et la future rue Gendebien qui se construit en premier, ainsi que l’extrémité de l’artère, à l’angle de la rue des Palais. L’urbanisation de la portion centrale est freinée par la présence du double raccordement du chemin de fer de la gare de l’Allée Verte avec les voies de la station du Nord. Notons que le côté pair de l’îlot compris entre ces deux raccordements – dont le sud sera supprimé au début des années 1870 et le nord remplacé après-guerre par l’avenue Philippe Thomas – est occupé dès l’origine non par des maisons mais par une remise à locomotives et les voies y menant.

À partir de 1871, la rue est empruntée par une ligne de tram, initialement à traction chevaline, reliant la place Rogier à l’église Notre-Dame de Laeken.

Suite au développement du trafic sur la ligne du Nord, les voies de chemin de fer, étroites et donc dangereuses, sont agrandies à partir de 1903, entraînant la suppression des premières maisons du côté pair de la rue.

Dans le cadre de la Jonction Nord-Midi, inaugurée en 1952, la gare du Nord, située place Rogier, est reculée de 350 mètres vers Schaerbeek (voir no80) et les voies sont surélevées. Dès la seconde moitié des années 1930, le bâti des îlots côté impair situés entre la frontière de Saint-Josse et la rue Rogier est rasé pour accueillir le nouveau tracé de la rue du Progrès. À cet endroit, l’artère est en effet déplacée vers l’ouest pour laisser la place à la nouvelle gare et à l’esplanade qui la borde, réservée aux voies de tram. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, le bâti subsistant côté pair au sud de l’avenue de la Reine est à son tour démoli pour faire place aux voies de chemin de fer passant désormais sur un talus de près de dix mètres haut. Au nord de cette artère, le dernier îlot longeant les voies de chemin de fer se voit privé de sa pointe nord, déjà démolie, en vertu de 
l’arrêté royal du 03.06.1955. La nouvelle gare est achevée en 1956, année de disparition de l’ancienne.

Dans le cadre du plan Manhattan, validé par l’arrêté royal du 17.02.1967, la gare du Nord, appelée à devenir un élément-clé du nouveau quartier d’affaires, est doublée d’un vaste complexe de commerces et de bureaux, le Centre de Communication Nord (CCN), accolé à sa façade ouest. Construit à partir de 1974, le complexe est inauguré en 1982, puis surhaussé en 1992-1994. Il surmonte des voiries réservées aux bus, ainsi qu’en sous-sol, la station du prémétro, ouverte en 1976. Son implantation s’accompagne du réaménagement, au sud, de la place du Nord et du percement, à l’ouest et au nord, des futurs boulevard Simon Bolivar et place Solvay. Les îlots situés de part et d’autre de cette dernière place sont bâtis du complexe North Galaxy (Jaspers-Eyers Architects, H. Montois, Art & Build), achevé en 2005, et d’une tour de 
640 logements construite à partir de 1974 pour la société Amelinckx.

Il ne reste aujourd’hui que peu d’exemples bien conservés du bâti d’origine de la rue. En effet, s’ils n’ont pas été démolis en vue de l’élargissement du chemin de fer ou reconstruits suite aux bombardements ayant touché la partie nord de l’artère en 1944, les immeubles ont pour la plupart été largement remaniés au cours du temps. Parmi les habitations de style néoclassique, pointons les nos289 et 377 (années 1880), ce dernier conçu en ensemble avec ses deux voisins. Plusieurs maisons sont dotées de bâtiments arrière à usage d’entrepôt ou d’atelier, tel le no263 (1883). Au no389, subsiste la partie droite transformée d’un ancien magasin de sept travées conçu en 1883. Quelques immeubles modifiés valent la peine d’être mentionnés: les nos215 (années 1870), surhaussé d’un niveau en 1895, 225 (années 1860), transformé dans le goût Art Déco en 1929 (architecte Walthère Michel), 363 (1889), percé d’une vitrine en 1895, 403 (1882), surhaussé d’un étage en 1925 et enfin 287, une large maison des années 1870, surhaussée en 1906 et servant depuis 1912 d’entrée à l’École communale no8 (voir rue Gaucheret no124a). Pointons enfin quelques maisons éclectiques des années 1880, aux nos226, 228, 234 et 277 (voir ces numéros).

Sources

Archives
ACS/TP Infrastructure 231, 435.
ACS/Urb. 215: 221-215; 225: 221-225; 263: 221-263; 287: 221-287; 363: 221-363; 389: 221-389; 403: 221-403.
ACS/Bulletin communal de Schaerbeek, 1903, pp. 695, 718-719.

Ouvrages
DEKOSTER, J.-A., Les rues de Schaerbeek, Bruxelles, 1981, p. 92.
DEMEY, Th., Chronique d’une capitale en chantier. 2. De l’Expo ’58 au siège de la C.E.E., Paul Legrain, Bruxelles, 1992, pp. 141-142.
BERTRAND, L., Schaerbeek depuis cinquante ans. 1860-1910, Librairie de l’Agence Dechenne, Bruxelles, 1912, pp. 34, 61-62.

Cartes / plans
VANDERSTRAETEN, Ch., Carte topographique des environs de Bruxelles, Établissement géographique Ph. Vandermaelen, ca. 1840.
POPP, P. C., Atlas du Royaume de Belgique, plan parcellaire de la commune de Schaerbeek, vers 1858.
BESME, V., Plan parcellaire des environs de Bruxelles, Saint-Josse-ten-Noode et Schaerbeek, 1867.
Plan de la commune de Schaerbeek 1876, Institut géographique national.
Bruxelles et ses environs, Institut cartographique militaire, 1881.
Bruxelles et ses environs, Institut cartographique militaire, 1893.
Plan de la commune de Schaerbeek 1899.