Voir les biens de ce lieu repris à l'inventaireLa rue de l'Aqueduc, à cheval sur les communes de Saint-Gilles et d'Ixelles, relie la place Paul Janson à la rue Washington. Le territoire d'Ixelles débute côté pair à partir du chevet de l'église de la Trinité et, côté impair, à partir du no 65.

La rue de l'Aqueduc est ouverte dans le cadre du Plan général d'alignement pour l'ouverture de rues et places sur le territoire compris entre l'avenue du Bois de la Cambre et les chaussées de Waterloo et de Charleroi, fixé par l'arrêté royal du 20.02.1864.

La rue reprend partiellement le tracé du chemin vicinal no 26 qui menait à Saint-Gilles. Anciennement appelé Hoogebrugstraet, ce chemin est encore visible sur la cartes topographique de Ph. Vandermaelen datée 1858. Le château ferme Ten Bosch, dont les plus anciennes mentions datent du XVe siècle (Gonthier, A., 1960, pp. 32-34), était bâti approximativement aux environs des jardins actuels des nos 169 à 173 de la rue (Guillaume, A., et al., 2005, pp. 67-68).

Le château-ferme Ten Bosch, vers 1750 ( AGR, Cartes et plans, inventaire manuscrit, 643).
Le château-ferme Ten Bosch, vers 1750 ( AGR, Cartes et plans, inventaire manuscrit, 643).

Son nom rappelle la présence d'un aqueduc qui passait autrefois à l'extrémité de la rue et conduisait les eaux de la vallée du Hain, ruisselant à proximité du bois de La Cambre, vers le grand réservoir appartenant à la Ville de Bruxelles et situé sur Ixelles (voir Pavillon du réservoir d'eau, rue de la Vanne, inventaire Bruxelles-Extension Sud).

Entre 1892 et 1894, la rue se borde de nombreuses petites maisons, quelquefois dénommées « maisons ouvrières » dans les permis d'urbanisme. Elles comptent deux travées sur deux niveaux et sont souvent munies d'une toiture mansardée. Leurs façades sont essentiellement de style éclectique – comme aux nos 121 à 127 (1893), nos 134, 136, 141 (1893) et nos 145, 147, 159 (1905) – et fréquemment teintées de néoclassicisme – tel aux nos 67, 130, 132, 139 (1893), 151.
On retrouve également de nombreuses maisons bourgeoises de style éclectique (par exemple : no 60 (1905), no 81 (1902), no 85, les nos 87 et 89, les nos 129, 150 (1910) ou néoclassique (nos 62, 64, 66 (1910) ; nos 90, 97, 120) ainsi que des maisons de rapport à rez-de-chaussée commercial, de style néoclassique à composition symétrique, tels les nos 73-75 et 95 (1901).

À côté de ce bâti courant au XIXe siècle, quelques façades remarquables sont à mettre en évidence. Il s'agit des nos 91 et 93, deux façades jumelles de style éclectique d'inspiration Art nouveau sont conçues en 1902 par l'entrepreneur-menuisier Jean Lillo (voir ces numéros). Au no 161, l'École no 10 dont le style éclectique caractéristique de l'architecture scolaire de la fin du XIXe siècle est bien conservé malgré quelques modernisations. Dessinée par l'architecte A. Sluykx et inaugurée en 1898, elle fait partie de l'École Tenbosch avec son pendant, l'École no 9, édifiée quelques années plus tôt rue Américaine (voir rue Américaine no 136).
On épinglera encore, au no 138 (voir ce numéro), l'hôtel particulier de style néoclassique érigé en 1901 et agrandi à plusieurs reprises. Il se singularise par ses dimensions et ses matériaux : la façade en pierre blanche, animée par une logette en pierre et une toiture mansardée, aligne trois larges travées dans un environnement d'étroites façades en briques rouges.
En 1903, l'architecte Victor Horta conçoit pour son ami Sander Pierron, journaliste et critique d'art, une élégante maison de style Art nouveau (voir no 157), pourtant réalisée avec de modestes moyens (classée depuis 1998). En face, au no 158, l'architecte Henry De Monfort conçoit en 1910 une maison de style néo-Renaissance flamande (voir ce numéro). Quelques années plus tard, l'architecte Jean Hendrickx réalise une vaste demeure munie d'un rez-de-chaussée entièrement affecté à un cabinet médical (voir no 171).

Sources

Archives
ACI/TP Historique des rues (1925) ; ACI/TP 1.
ACI/Urb. 60 : 20-60 ; 62, 64 et 66 : 20-64 ; 95 : 20-95 ; 121 : 20-121 ; 123, 125 : 20-23-25 ; 129 : 20-129 ; 139 : 20-139 ; 141 : 20-141 ; 158 : 20-158 ; 159 : 20-159.

Ouvrages
EYLENBOSCH, A., LEBRUN, G., Dictionnaire raisonné des rues de Saint-Gilles, éd. Les Rencontres Saint-Gilloises, Bruxelles, 1989, p. 63.
GONTHIER, A., Histoire d'Ixelles, Le Folklore Brabançon, Impr. De Smedt, Bruxelles, 1960, pp. 32-34, 156-159.
GUILLAUME, A., MEGANCK, M., et al., Atlas du sous-sol archéologique de la Région de Bruxelles : 15 Ixelles, Bruxelles, 2005, pp. 67-68.
HAINAUT, M., BOVY, Ph., Le quartier Tenbosch (1), Commune d'Ixelles, Bruxelles, 1999 (À la découverte de l'histoire d'Ixelles, 5), pp. 5-7.

Cartes / plans
VANDERMAELEN, Ph., Carte topographique et hypsométrique de Bruxelles et ses environs, Bruxelles, 1858.