Inventaire(s)
- Inventaire des traces coloniales (DPC-DCE 2024-2025)
Recherches et rédaction
Voir les biens de ce lieu repris à l'inventaire
Reliant la place Saint-Pierre à la place du
Rinsdelle, cette artère occupe la section nord de l'ancienne « Kapellestraat ».
L'alignement est décrété, avec d'autres rues du
quartier, en 1867 (voir rue Général Henry). À partir de 1878, elle est connue
sous le nom de rue de Ma Campagne. Le nom qu'elle porte aujourd'hui lui est
attribué vers 1937, après l'élargissement de la place du Rinsdelle.
La rue est dédiée au Général Charles Tombeur (Liège,
1867 – Bruxelles, 1947), militaire de carrière de l’armée belge. En 1902, il
s’engage au service de l’Étant Indépendant du Congo (EIC) et y effectue
plusieurs termes. En août 1914, la Première Guerre surprend l’Est du Congo qui
doit organiser sa défense contre les troupes de l’Afrique orientale allemande.
Charles Tombeur est nommé commandant en chef de la Force publique (armée
coloniale composée de soldats africains mercenaires ou conscrits). Il
réorganise les troupes et renouvelle l’armement avant de lancer l’offensive à
la mi-avril 1916. Il a entretemps été nommé général. Après avoir occupé le
Rwanda, les troupes se dirigent vers Tabora, le quartier-général de l’Est
africain allemand et prennent la ville le 16.09.1916. Félicité par le roi
Albert Ier, Charles Tombeur devient un héros national et est nommé
vice-gouverneur du Congo en 1917. En 1919, le Traité de
Versailles, suite à la défaite allemande, attribue le Ruanda à la Belgique, en
récompense notamment à la suite de la victoire de Tabora (voir également rue de
Tabora et rue du Ruanda). Définitivement de retour en Belgique à partir de 1920,
Tombeur exerce des fonctions au ministère des Colonies et dans l’armée
métropolitaine. En 1926, le Roi lui concède le titre de baron et l’autorise à
joindre à son nom celui de « de Tabora ».
Durant l’entre-deux-guerres, le désir de promouvoir le projet colonial
était particulièrement intense. La toponymie coloniale s’inscrit parmi les
actions de propagande en faveur de la colonisation du Congo.
Elle montre un ensemble hétérogène d'habitations dont plusieurs, construites à la fin du XIXe s. ou dans les 1res années du XXe s., présentent des façades enduites d'inspiration néoclassique généralement de deux niveaux et deux travées sous bâtière tels les nos 6 (1905, avec r.d.ch. commercial à l'origine), 12, 17, 21 et 23, 33, l'ensemble 35 à 41 (1908, arch. J. WALCKIERS ; façade du no 39 recouverte de briquettes en 1960, façade du no 41 surélevée et recouverte de briquettes en 1965), 47 et 49 (appuis à becs au 1er étage, vitrine ajoutée au no 47 en 1938), 55 (surélevé d'un étage en 1931), 61 (1909, arch. Maurice COCHAUX-VIERENDEELS), 69 (1899?, arch. Gaston SION ; maison plus importante de quatre niveaux et trois travées, bâtie hors alignement et précédée d'une petite cour, bâtière remplacée par une toiture en terrasse en 1979, entrée cochère), 73 (1909, construite hors alignement, entrée cochère, trois travées et trois niveaux dont le dern. est probablement ajouté en 1931) et 79 (entrée cochère transformée en porte de garage en 1987).
Elle compte aussi quelques maisons de style éclectique, typiques du début du XXe s., aux façades en briques de différentes couleurs, de deux ou trois niveaux, parfois sur caves hautes, et généralement de deux travées sous bâtière ou toiture mansardée comme les nos 8 (1906), 30-32 et 34 (1906, arch. H. WELLENS ; lucarne-pignon ajoutée au no 30-32 en 1923), 53 à 53b (1914, trois maisons semblables dont celle du centre est percée d'une grande porte cochère qui mène à d'anc. ateliers et entrepôts construits au centre de l'îlot en 1912 et 1916 ; ils sont suivis d'une cour qui donne sur l'av. de la Chasse ; dès 1906, ce terrain est occupé par des constructions industrielles), 59 (1927, arch. Léon LEGRAND), 65 (1909), 67 (1909) et 86 (1913, utilisation de briquettes émaillées blanches et vertes, un petit panneau décoratif en céramique au-dessus de la porte).
Aux nos 14 et 18-20, bâtiments industriels construits en 1953 d'après les plans de l'arch. VANDENPUT et en 1945 d'après les plans de l'arch. Marcel LELOUP. Il est à signaler que derrière le no 9-11-13 (1901), se cache une anc. salle des fêtes, grande pièce rect. sous bâtière, construite en 1898. En 1913, il est question de la transformer en cinéma. Le projet n'ayant pas abouti, elle sert aujourd'hui de magasin. Peu d'immeubles à appartements dans cette rue, excepté le no 81 construit en 1961, à l'angle de la r. des Boers d'après les plans de l'arch. J.-P. JANSS.
Sources
Archives
AR 06.06.1867
Arrêté du Régent 26.10.1949
ACEtt./TP 9065 (1898), 10047 (1899), 12144 (1901), 17468 (1905), 119, 1470, 18793 (1906), 1963, 2275 (1907), 915, 3797 (1908), 256, 257, 1601, 2469, 2815 (1909), 1812 (1912), 5336, 6733 (1913), 289 (1914), no d'ordre 1064 (1916), TP 3707 (1923), 230 (1927), 7514, 7774 (1931), 4202 (1938), 2624 (1945),
Reg. d'entrée 1070 (1953), 1130 (1960), 1263 (1961), 1773 (1965), 3081 (1979), 3953 (1987)
RPV 1945, p. 87
RC 1876, p. 44, 1878, p. 67
S.Urb Plans 1932, 1938.
Ouvrages
MEIRE, R. J., Histoire d'Etterbeek, Musin, Bruxelles, 1981, p. 98.
CARLIER, A., Charles Tombeur et la victoire de Tabora?: souvenir d’un général hier et aujourd’hui, Mémoire de Master en histoire, Louvain-la-Neuve, Université catholique de Louvain, 2018.
GODDEERIS,
I., LAURO, A., VANTHEMSCHE, G., (éd.), Le Congo colonial. Une histoire en
questions,
Waterloo, Renaissance du Livre, 2020.
VANTHEMSCHE, G., La Belgique et
le Congo. L’impact de la colonie sur la métropole 1885-1980, Bruxelles, Le
Cri, 2010 (Nouvelle histoire de Belgique, 4).
Sites internet
Biographie Belge d'Outre-Mer, 1968