Recherches et rédaction

2016-2017

 

Voir les biens de ce lieu repris à l'inventaireLa rue Claessens relie le carrefour formé par la rue Marie-Christine, l’avenue de la Reine et la chaussée de Vilvorde aux rues Dieudonné Lefèvre et de l’Entrepôt. Elle croise sur son parcours les rues de Ciplet et Van Gulick, l’avenue du Port, la rue du Tivoli et sa prolongation, la rue Olivier Brunel, et enfin la rue de la Navigation.

L’artère est partiellement établie sur l’assiette d’un ancien chemin dénommé Groen Straet (rue Verte) ou encore Endrogelenweg, qui reliait la rue du Tivoli au Bosch Wegel ou chemin du Bois. Tout comme la première partie de la rue Marie-Christine, la première partie de la future rue Claessens, jusqu’à la rue du Tivoli, est ouverte sur les terrains de la Compagnie Immobilière de Belgique, avec laquelle une convention est conclue le 27.03.1877. L’artère est créée par arrêtés royaux des 15.07.1874, 01.05.1875 et 15.06.1877, dans le cadre du nouveau quartier à aménager aux abords du site de Tour et Taxis. Dans la pratique toutefois, seule la première moitié de la voirie côté impair est effectivement tracée, dans les années 1880. Le reste de l’artère n’est aménagé qu’au début des années 1900, dans la foulée de la création de la gare de marchandises de Tour et Taxis. Large d’une trentaine de mètres sur sa première partie, bordant le bassin Vergote, la rue voit sa largeur réduite de moitié au-delà l’avenue du Port.

Vue du bassin Vergote vers l’ouest avec, à droite, le deuxième tronçon de la rue Claessens, après 1905, AVB/FI W-4379.

L’artère est initialement dénommée rue de Rib(e)aucourt, référence probable à un comte possédant des propriétés à Molenbeek. C’est en 1888 que la rue est rebaptisée, en hommage à un ancien échevin de Laeken qui venait de décéder, Jean-Charles Claessens (1826-1888), propriétaire d’une maison de campagne rue de Molenbeek.

Le côté impair de la rue est essentiellement bâti des années 1880 aux années 1900, de maisons de style néoclassique ou éclectique, souvent à rez-de-chaussée commercial et/ou dotées d’un atelier ou entrepôt arrière. Pointons, au no19, un bâtiment de 1902 qui abritait à l’origine un café au rez-de-chaussée et devait être coiffé d’un vaste pignon de bois portant l’enseigne «IN ’T SCHIPPERSHUYS». Le deuxième îlot est largement occupé par les anciennes Écoles communales nos1 et 4, ouvertes en 1882 et partiellement reconstruites et agrandies en 1950-1952 (voir nos55 à 59). Dans le dernier tronçon de la rue, une dizaine de maisons (nos105 à 125) ont été démolies vers 1970 par la Régie des Télégraphes et Téléphones, qui avait installé un chantier-dépôt dans l’îlot. Jusque dans les années 1990, la fin de l’artère côté impair était occupée par les bâtiments de la firme Brabandt et Compagnie, spécialisée dans le bois de construction. L’usine s’était implantée en 1899 sur l’ancienne maison de campagne Waefelaer, une propriété déjà visible sur la carte de Ferraris de 1777. Elle comptait entre autres une scierie à vapeur, une salle des machines, une conciergerie et des hangars des années 1920, à toiture en sheds.

Notons que la majeure partie de ce vaste îlot, compris entre les rues Dieudonné Lefèvre, de Molenbeek et de Wautier, est appelée à accueillir un nouveau quartier durable, baptisé Tivoli GreenCity, dont le chantier a débuté fin 2016 (Association momentanée ADRIANA – bureaux Atlante, CERAU, Atelier 55, YY Architecture, Atelier EOLE paysagistes). Il comptera près de 400 logements, deux crèches et des commerces, répartis autour de nouvelles voiries, dont une place.

En-tête de lettre de la société Auto-Camion Industriel, figurant le complexe établi à l’angle de la rue Claessens et de l’avenue du Port, AVB/TP 47503 (1924).

Du côté pair de la rue, les îlots formant un triangle délimité par l’avenue du Port et la rue de la Navigation ont accueilli au début du XXe siècle des constructions industrielles, qui furent démolies après 1970. Parmi elles, la société Auto-Camion Industriel, établie en 1924 à l’extrémité nord du triangle. À l’angle de la rue de l’Entrepôt se trouve encore l’ancienne École provinciale de Batellerie, conçue en 1916 (voir no10-12).

Signalons enfin, à l’angle du pont de l’avenue de la Reine, la présence du Monument au Travail de Constantin Meunier, implanté en 1954 sur un terrain triangulaire bordé côté canal par le quai des Yachts (voir notice).

Sources

Archives
AVB/AR rues, boite 36-53, cote 45, no3 (11.04.1888).
AVB/PP 3440 (1877).
AVB/TP 19: Laeken 4884 (1902); 127: Laeken 5248 (1899), Laeken PV Reg. 172 (27.02.1920); avenue du Port 142: 47503 (1924).

Ouvrages
CELLULE PATRIMOINE HISTORIQUE DE LA VILLE DE BRUXELLES, Promenades bruxelloises. 4. Patrimoine industriel à Laeken, Bruxelles, 1999, p. 9.
COSYN, A., Laeken Ancien & Moderne, Imprimerie scientifique Charles Bulens, Bruxelles, 1904, pp. 113, 138, 140.
CULOT, M. [dir.], Bruxelles Hors Pentagone. Inventaire visuel de l'architecture industrielle à Bruxelles, AAM, Bruxelles, 1980, fiche 39.
DEBACKER, I., Aspecten van de stedenbouwkundige ontwikkeling van de gemeente Laken circa 1830-1921 (mémoire d’Histoire de l’Art et Archéologie), 1997-1998, p. 46.
PLATTON, R., Laeken. De Nekkersdal – La Vallée des Nutons (Quartier Drootbeek), 1989-1990, pp. 38-40.
VAN KRIEKINGE, D., Essai de toponymie laekenoise, Laeken, 1995, s.p.
VAN NIEUWENHUYSEN, P., Toponymie van Laken (thèse de doctorat en Philologie germanique), UCL, Louvain-la-Neuve, 1998, p. 1210.

Cartes / plans
FERRARIS, J. J. F., Carte de Cabinet des Pays-Bas autrichiens et de la Principauté de Liège, 1777.
Bruxelles et ses environs, Institut cartographique militaire, 1881.
Bruxelles et ses environs, Institut cartographique militaire, 1893.
Nouveau Plan de Bruxelles industriel avec ses Suburbains, éditeur Jules De Waele, 1910.