Recherches et rédaction
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La rue Masui
relie l’Allée Verte à la rue des Palais, à hauteur de la place Masui. Elle rencontre
successivement la rue du Travail, la chaussée d’Anvers, la rue Destouvelles et
l’avenue de la Reine. À mi-parcours, la rue croise l’ancien tracé de la Senne,
réaménagé en parc public. Ses nos2 à 118 et 1 à 117 se situent
sur Bruxelles-Ville, suite à l’annexion en deux phases du territoire laekenois
(1897 pour les premiers numéros, 1921 pour les suivants), le reste de la rue
dépend de la commune de Schaerbeek.
Large de vingt
mètres, l’artère est percée sur le tracé de la
première ligne de chemin de fer Bruxelles-Malines, en provenance de la gare de l’Allée Verte. Sa seconde moitié, entre la chaussée d’Anvers et la rue des
Palais, est ouverte en vertu de l’arrêté royal du 02.07.1864, la première l’est
en vertu des arrêtés royaux des 21.11.1864 et 16.01.1866.
La dénomination de la rue rend hommage à l'ingénieur Jean-Baptiste Masui
(1798-1860), qui devint en 1838 le premier directeur général des Chemins de fer
belges et en 1850 directeur des Postes.
La rue se construit essentiellement des années 1870 aux années 1890, de maisons
d’inspirations néoclassique, comme les nos167, 169 (avant 1881) et
142 (vers 1895), ou éclectique,
comme l’ensemble formé par les nos177 à 183 (vers 1890). L’artère compte également de
nombreuses industries: des ateliers ou entrepôts à front de rue ou en
intérieur d’îlot, principalement localisés dans ceux longeant le cours de la
Senne, côté pair. Citons notamment le no116, à l’arrière duquel se dresse un imposant magasin conçu en 1888
pour un droguiste et qui servait de distillerie en 1914. Pointons également le
no214, une maison
conçue en 1902 pour la fabrique de carreaux de ciment Léon Goffart et Cie,
dont la façade est restaurée et l’atelier arrière reconstruit en 1946 suite à des dommages
de guerre. En bordure du chemin de fer, future avenue de
l’Héliport, s’implante en 1912 la firme Paul Devis, négociant en métaux, dont
les bâtiments existent toujours (voir no43-43b). À l’angle de
la chaussée d’Anvers, un ensemble d’habitations de 1872 masque la présence, en intérieur d’îlot,
de l’ancienne École primaire no28, conçue entre 1917 et 1930 par l’architecte Henri Jacobs (voir nos69a à 73).
Dans l’entre-deux-guerres, des parcelles restées vierges se bâtissent, comme le
no5-13, où
s’implante en 1924 un vaste immeuble à appartements (architecte A. Desruelles),
ou le no6-8, un
terrain donnant également sur l’Allée Verte, où s’établit en 1932 la lustrerie Dupont
Frères (architecte A. P. Van Hamme), plusieurs fois transformée par
la suite. Pointons également, le no52-54, vraisemblablement construit dans les années 1920 et dont l’entrée est
transformée en 1945, ainsi que le no57, une maison de style Art Déco (architecte Pierre Brandsteert, 1932)
résultant de la transformation d’un bâtiment de moindre hauteur. En 1944, des
bombardements provoquent d’importants dommages dans la seconde moitié de la rue.
De nombreux bâtiments sont reconstruits au lendemain du conflit, dont le no201-203, un immeuble à appartements encore teinté d’Art Déco (architecte Robert Kiekens, 1946),
ainsi que le no190-192,
où est érigé en 1950 un établissement scolaire pour les Religieuses des Saints
Cœurs de Jésus et Marie (architecte G. De Wil). Quelques années plus tard, le
bâtiment accueille les sections technique et professionnelle de l’Athénée Royal
Alfred Verwée, implanté dans la rue du même nom.
Dans le cadre du contrat de quartier Masui, l’aménagement d’un parc public est
prévu sur le tracé historique de la Senne, désaffecté depuis le milieu des
années 1950. Son premier tronçon, entre l’avenue de l’Héliport et la rue Masui,
est inauguré en septembre 2016. Au no96, un nouvel immeuble de logements (architectes Vanden Eeckhoudt –
Creyf, 2016), au plan en arc de cercle, marque la future entrée du deuxième tronçon
du parc.
Sources
Archives
ACS/TP Infrastructure 214.
ACS/Urb. 116: Laeken 4149 (1888), Laeken 4623 (1914); 177 à 183: 186-173 (1890); 201-203: 186-201-203 (1946); 214: 186-214 (1902).
AVB/TP 37156 (1862-1876), 37158 (1964-1871), 37155 (1867); 5-13: 37505 (1924); 6-8: 44162 (1933), 56733 (1946), 62898 (1954); 52-54: 37520 (1931), 56734 (1945); 57: 40997 (1932).
Ouvrages
COSYN, A., Laeken Ancien et Moderne, Imprimerie scientifique Charles Bulens, Bruxelles, 1904, p. 138.
CULOT, M. [dir.], Bruxelles Hors Pentagone. Inventaire visuel de l'architecture industrielle à Bruxelles, AAM, Bruxelles, 1980, fiche 24.
DEBACKER, I., Aspecten van de stedenbouwkundige ontwikkeling van de gemeente Laken circa 1830-1921 (mémoire de licence en Histoire de l’art), VUB, Bruxelles, 1997-1998, p. 25.
DEKOSTER, J.-A., Les rues de Schaerbeek, Bruxelles, 1981, p. 81.
VAN NIEUWENHUYSEN, P., Toponymie van Laken (thèse de doctorat en Philologie germanique), UCL, Louvain-la-Neuve, 1998, p. 1421.
Périodiques
Almanach du Commerce et de l’Industrie, «Masui (rue)», 1914.
Cartes / plans
Bruxelles et ses environs, Institut cartographique militaire, 1881.
Bruxelles et ses environs, Institut cartographique militaire, 1893.