Typologie(s)

église/cathédrale/basilique
orgue

Intervenant(s)

J. B. RAYMACKERSarchitecte1860-1867

COLLÈSarchitecte1897

Emmanuel CELSarchitecte1870

Jules ANNEESSENS-TANGHEfacteur d'orgues1931

Styles

Néogothique

Inventaire(s)

  • Actualisation de l'inventaire d'urgence (Sint-Lukasarchief - 1993-1994)
  • Actualisation du projet d'inventaire régional du patrimoine architectural (DMS-DML - 1995-1998)
  • Actualisation permanente de l'inventaire régional du patrimoine architectural (DPC-DCE)
  • Inventaire d'urgence du patrimoine architectural de l'agglomération bruxelloise (Sint-Lukasarchief 1979)
  • Inventaire des orgues en Région de Bruxelles-Capitale (DMS-DML - 2000)
  • Les charpentes dans les églises de la Région de Bruxelles-Capitale 1830-1940 (Urban - 2019)
  • Le patrimoine monumental de la Belgique. Anderlecht-Cureghem (Archistory - 2017-2019)

Ce bien présente l’(es) intérêt(s) suivant(s)

  • Artistique
  • Esthétique
  • Historique
  • Paysager
  • Scientifique
  • Social
  • Technique
  • Urbanistique

Recherches et rédaction

2016, 2019

id

Urban : 35049
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Description

Édifice religieux de style néogothiqueLe style néogothique (à partir de 1860 environ) est une tendance architecturale mettant à l’honneur les formes ogivales et verticales issues du moyen-âge gothique. Le style néo-Tudor s’inspire plus particulièrement du style gothique teinté de Renaissance qui fleurit en Angleterre sous le règne des Tudors. construit d’après un projet élaboré vers 1860 par l’architecte J.B. Raymackers et revu par l’architecte Emmanuel Cels en 1870. L’église fut consacrée en 1877 puis parachevée par l’architecte Collès en 1897.

Historique

C’est en vertu de l’arrêté royal du 13.03.1857 qu’une nouvelle paroisse est fondée au hameau de Cureghem, alors en pleine expansion démographique. Un terrain est cédé par le sieur Émile Donny pour l’érection d’une église et même d’une chapelle provisoire, qui servira jusqu’en 1877. Les plans de l’église, dont la construction débute en 1861, sont conçus par l’architecte J.B. Raymackers, également auteur, à la même époque, de l’église Saint-Roch de Laeken (démolie), elle aussi néogothique. En 1867, les travaux sont arrêtés suite au décès des entrepreneurs. Les fondations de l’église, apparues insuffisantes, sont alors renforcées en attendant la poursuite du chantier. L’architecte Emmanuel Cels, qui remplace Raymackers entretemps décédé, retravaille les plans et, en 1876, les travaux sont attribués à l’entrepreneur Hennebique, de Molenbeek. Suite au décès de Cels, c’est l’architecte Collès qui parachève la tour et la flèche, sur ses plans datés de 1897. L’édifice est dédicacé à Notre Dame de l’Immaculée Conception, selon le dogme qui venait d’être promulgué, en 1854, par le pape Pie IX. La consécration n’intervient qu’en 1877. Une horloge est installée en 1936 dans un oculus du pignonPartie supérieure d’un mur-pignon, parallèle aux fermes de charpenterie, correspondant à la hauteur du comble. Il possède des rampants de formes variées : droits, chantournés, etc. de la façade.

L’église, de plan rectangulaire à chevet polygonal, s’implante au centre d’un élargissement, de même forme, de la rue. La silhouette élancée et particulière de sa tour sert d’aboutissement perspectif à la rue de Liverpool. Ses bas-côtés sont bordés d’un parterre clos d’une grille en fer forgéFer façonné à chaud sur l’enclume, utilisé pour réaliser des éléments architecturaux comme des garde-corps, des ancres, des grilles, des épis de faîtage., renouvelée.

Un presbytère définitif et une maison vicariale sont conçus, à sa gauche, en 1893 (voir nos 12 et 28).

Plan et distribution

Édifice de type basilical, d’articulation complexe, serrant trois vaisseaux entre un massif occidental à clocher, flanqué de deux tourellesPetite tour engagée dans un bâtiment, généralement sur un de ses angles., et un chœur à chevet à sept pans. Elle compte sept travées1. Division verticale d’une élévation, composée d’une superposition d’ouvertures, réelles ou feintes. 2. En plan, la travée est l'espace compris entre deux rangées de supports disposées perpendiculairement à la façade. à hautes arcadesBaie aveugle ou non, coiffée d'un arc, souvent en répétition et allant jusqu’au sol., les deux travées extrêmes simulant un mince transept non-saillant, entre arcadesBaie aveugle ou non, coiffée d'un arc, souvent en répétition et allant jusqu’au sol. transversales assorties. Au chœur, une large travée1. Division verticale d’une élévation, composée d’une superposition d’ouvertures, réelles ou feintes. 2. En plan, la travée est l'espace compris entre deux rangées de supports disposées perpendiculairement à la façade. droite se flanque de deux tribunes à deux ouvertures, montées sur une sacristie ou un local de service qui, à l’angle du premier pan du chevet, bénéficie aussi d’un petit corps d’entrée. Les parois intérieures sont toutes quasi entièrement plafonnées et blanchies.
Le massif occidental abrite un vestibule à tambourRelié à l’axe du moteur, cylindre rainuré sur lequel s’enroulent et se déroulent les câbles de traction de la cabine et du contrepoids., ouvrant sur la nef par une grande porte à deux vantauxLe mot vantail désigne le battant d’une porte ou d’une fenêtre., cantonnée de deux petites, dans un triplet d’arcades. À gauche du tambourRelié à l’axe du moteur, cylindre rainuré sur lequel s’enroulent et se déroulent les câbles de traction de la cabine et du contrepoids. s’amorce une tourellePetite tour engagée dans un bâtiment, généralement sur un de ses angles. d’escalier en vis desservant une tribune d’orgues et les niveaux du clocher; cette tourelle trouve une réplique à droite du clocher.
Ledit massif loge aussi, de chaque côté du vestibule, une chapelle dominée par une tribune qui regarde sa correspondante du chœur, celle de gauche accessible par une petite arcadeBaie aveugle ou non, coiffée d'un arc, souvent en répétition et allant jusqu’au sol., celle de droite, l’ancien baptistère, par une large grille en fer forgéFer façonné à chaud sur l’enclume, utilisé pour réaliser des éléments architecturaux comme des garde-corps, des ancres, des grilles, des épis de faîtage.. Le transept simulé oriental accueille deux autels latéraux. L’église disposait, à la troisième travée1. Division verticale d’une élévation, composée d’une superposition d’ouvertures, réelles ou feintes. 2. En plan, la travée est l'espace compris entre deux rangées de supports disposées perpendiculairement à la façade. du collatéral droit, d’une entrée secondaire aujourd’hui condamnée.
Les divers colonnes et piliersSupport vertical de plan carré. composés, à chapiteauCouronnement orné ou mouluré, d’une colonne, d’un pilier ou d’un pilastre. à crochets, portent des arcs brisés surélevés finement profilés. Les arcadesBaie aveugle ou non, coiffée d'un arc, souvent en répétition et allant jusqu’au sol. transversales se composent d’arcs diaphragmes qui soulagent des charpentes apparentes moulurées, sous bâtière ou appentisToit à un seul versant., dont les fermes et les demi-fermes sans entraitPièce maîtresse horizontale d’une ferme de charpenterie. et portées sur colonnes, colonnettesUne colonne est un support vertical formé d’un fût de plan circulaire ou polygonal et souvent d’un chapiteau et d’une base. Une colonnette désigne une petite colonne. ou consolesPièce de pierre, de bois ou de métal partiellement engagée dans un mur et portant un élément en surplomb. La console se distingue du corbeau par ses dimensions plus grandes et par le fait qu’elle s’inscrit grosso modo dans un triangle rectangle. La console désigne également des éléments non porteurs, mais apparentés d’un point de vue formel à une console., évoquent un voûtement ogival. L’ensemble – pannes, chevrons et voligeage compris – est peint en brun avec rehauts d’or.
Le clocher se dresse sur deux niveaux de voûtes à croiséeBaie à croisée. Baie divisée par des meneau(x) et traverse(s) se croisant à angle droit. d’ogives à clef annulaire et plafond de bois. La tribune s’ouvre côté nef sous une arcadeBaie aveugle ou non, coiffée d'un arc, souvent en répétition et allant jusqu’au sol. à arc Tudor.
Le chevet présente deux registresAlignement horizontal de baies sur un pignon. de baiesOuverture, d'ordinaire une porte ou une fenêtre, ménagée dans un pan de mur, ainsi que son encadrement. en lancette, celles du premier aveugles ou abritant une porte de sacristie; la fenêtre-haute centrale, plus courte derrière un édicule en tabernacle, est curieusement dominée par une fenêtre passante.
Les tribunes du chœur sont dotées de garde-corpsOuvrage de clôture qui ferme un balcon, une terrasse, une porte-fenêtre, une gaine d'ascenseur... traités en réseau de remplage. Les travées1. Division verticale d’une élévation, composée d’une superposition d’ouvertures, réelles ou feintes. 2. En plan, la travée est l'espace compris entre deux rangées de supports disposées perpendiculairement à la façade. extrêmes du chevet trouvent écho de l’autre côté des tribunes, mais avec des baies libresBaie qui n’est pas close par une menuiserie.; les tympansEspace, décoré ou non, circonscrit par un fronton ou un arc de décharge. au-dessus des passages vers les autels latéraux, sont ornés de mosaïques qui donnent, depuis 1947 environ, autour des symboles de pape et d’évêque, la date de fondation de la paroisse, 1854.
Les murs des collatéraux sont creusés de niches destinées aux confessionnaux; certaines sont vides.
Côté massif occidental, les petites entrées latérales s’ouvrent sous des niches à remplage abritant une statue: sainte Barbe à droite, saint Jean l’Évangéliste à gauche. Les chapelles voisines ont un plafond de bois qui porte des tribunes dotées d’une balustradeGarde-corps composé de balustres, c’est-à-dire de petits supports en répétition, généralement profilés et de section circulaire.. La tribune des orgues s’avance sur un grand arcStructure appareillée de couvrement, cintrée selon un profil donné. diaphragme de bois sur colonnes de pierre, ajouré en remplage et portant balustradeGarde-corps composé de balustres, c’est-à-dire de petits supports en répétition, généralement profilés et de section circulaire..
L’église est dallée de marbres blanc et bleu sur lesquels se détachent les socles en pierre bleue des colonnes; les deux niveaux du chœur ont opté pour un damier sur pointe, la nef pour un quadrillage oblique plus élaboré.

Élévation extérieure

Le bâtiment est construit en pierre blanche et briques rouges sur un puissant soubassementPartie massive d’un bâtiment construite au sol et constituant l’assise du bâtiment. À Bruxelles, le soubassement est d’ordinaire en pierre bleue. à base en pierre bleue. Il est éclairé par de multiples fenêtres à arcStructure appareillée de couvrement, cintrée selon un profil donné. brisé, certaines en lancette, à remplage à réseau et garnies de vitraux.
La façade principale, toute en pierre et parfaitement symétrique, compte trois travées entre des contreforts d’angle à retraits. Celle du centre, qui fait corps avec le clocher, se creuse d’un portail à arcStructure appareillée de couvrement, cintrée selon un profil donné. brisé, hérissé de crochets, terminé en pignonPartie supérieure d’un mur-pignon, parallèle aux fermes de charpenterie, correspondant à la hauteur du comble. Il possède des rampants de formes variées : droits, chantournés, etc. entre deux pinaclesAmortissement élancé de plan carré ou polygonal. et porteur d’une croix; son réseau d’imposte est axé sur une statuette de la Vierge. Au-dessus s’élance une fenêtre-haute à la manière d’une lucarne passanteUne lucarne est dite passante lorsqu'elle est située dans le plan de la façade et interrompt la corniche ou l’entablement terminal du bâtiment., derrière laquelle se dessinent le clocher carré et ses deux tourellesPetite tour engagée dans un bâtiment, généralement sur un de ses angles. d’angle polygonales que percent notamment d’étroites fenêtres en lancette. Les trois faces arrière du clocher, qui dominent la bâtièreToit à deux versants. centrale, sont en briques. La pierre est ici réservée aux angles et aux trois fenêtres géminées à tympanEspace, décoré ou non, circonscrit par un fronton ou un arc de décharge. trilobé et abat-sons. Les trois flèches ardoisées du massif sont effilées, celle du clocher passant du carré à l’octogone et ceinturée par un registreAlignement horizontal de baies sur un pignon. de baiesOuverture, d'ordinaire une porte ou une fenêtre, ménagée dans un pan de mur, ainsi que son encadrement. à abat-sons également. Limitées par le rampantAdjectif indiquant qu’un élément d’élévation n’est ni horizontal ni vertical. Par extension, nom donné aux éléments situés de biais d’un pignon ou d’un fronton. du toit en appentisToit à un seul versant. des collatéraux, les travées1. Division verticale d’une élévation, composée d’une superposition d’ouvertures, réelles ou feintes. 2. En plan, la travée est l'espace compris entre deux rangées de supports disposées perpendiculairement à la façade. latérales de la façade ne comptent qu’une fenêtre-haute.
Les gouttereaux de l’édifice, essentiellement en briques, alignent chacun, entre des contreforts à retraits, neuf fenêtres à appuiAppui de fenêtre. Élément d’ordinaire en pierre, limitant une baie vers le bas. en larmierMouluration horizontale qui présente un canal creusé dans sa partie inférieure, servant à décrocher les gouttes d’eau afin d’éviter leur ruissellement sur la façade. Le larmier isolé possède un chanfrein comme moulure supérieure. Le larmier constitue l'un des éléments de la corniche. continuUn élément est dit continu s’il règne sur toute la largeur de l’élévation ou sur plusieurs travées.. La première baieOuverture, d'ordinaire une porte ou une fenêtre, ménagée dans un pan de mur, ainsi que son encadrement. éclaire une tribune du massif occidental et surmonte la fenêtre rectangulaire d’une chapelle. Les sept suivantes donnent jour1. Ouverture vitrée dans une menuiserie ou baie de petite dimension; 2. Vide autour duquel se développent certains escaliers tournants. aux travées1. Division verticale d’une élévation, composée d’une superposition d’ouvertures, réelles ou feintes. 2. En plan, la travée est l'espace compris entre deux rangées de supports disposées perpendiculairement à la façade. de la nef et à celles des deux simulations de transept. La dernière enfin, plus large, éclaire une tribune du chœur qui, elle aussi, domine une fenêtre rectangulaire, destinée à une sacristie.
Le versant à faible pente des bas-côtés est bordé d’une corniche sur consoles de pierre. Il était sans doute couvert jadis d’ardoise ou de zinc, aujourd’hui de roofing.
L’annexe d’entrée des sacristie et local de service, en briques et blottie à l’angle du chevet, se coiffe d’une bâtièreToit à deux versants. d’ardoises perpendiculaire aux bas-côtés; son mur-pignon se creuse d’une porte et d’une fenêtre-haute.
Le chevet est en briques également. Son pan central est fortement accusé par la superposition d’une niche carrée à bas-relief figurant la Vierge (1956), d’une étroite fenêtre qui domine directement l’autel et d’une haute fenêtre passante, à pignonPartie supérieure d’un mur-pignon, parallèle aux fermes de charpenterie, correspondant à la hauteur du comble. Il possède des rampants de formes variées : droits, chantournés, etc. sommé d’une croix.

Vitraux et mobilier

Hormis les cinq pans centraux du chœur, les vitraux présentent un décor géométrique généralement dominé par des quadrilobes et adouci par des feuilles de vigne; celui qui éclaire la tribune d’orgues représente cependant, et bien à propos, dans son réseau, des anges musiciens et des instruments de musique. Aux pans centraux du chœur, les vitraux, pour la plupart réalisés en 1896-1897, sont figuratifs dans un cadre architectural et largement feuillagé. La fenêtre en tabernacle illustre la sainte Trinité; celle qui la surmonte représente en prière le pape Pie IX, promulgateur du dogme de l’Immaculée Conception, sous les effigies de Joseph et de Marie. Une de ces deux verrières a été réalisée en 1894 d’après un dessin de Louis Van Erkel, de Borgerhout. Ailleurs sont notamment représentés saint Dominique, saint Hubert, Notre Dame du Rosaire, les parents de la Vierge et ceux de saint Jean le Baptiste.
Autels en marbre, dont le maître-autel, vraisemblablement placé en 1898. Mobilier en chêne principalement néogothiqueLe style néogothique (à partir de 1860 environ) est une tendance architecturale mettant à l’honneur les formes ogivales et verticales issues du moyen-âge gothique. Le style néo-Tudor s’inspire plus particulièrement du style gothique teinté de Renaissance qui fleurit en Angleterre sous le règne des Tudors., y compris dans la sacristie. Confessionnal intégrant des éléments baroques du XVIIe siècle. Retable en bois sculpté (nativité, calvaire, rois mages) du XIXe siècle. Bénitier en pierre blanche, sur pied, de style gothique. Dans le porche, statue en marbre de Carrare de la Vierge éplorée, sculptée par Jacques de Lalaing en 1916 ou 1917.
Orgue de tribune romantique par Jules Anneessens-Tanghe (1931).

Sources

Archives
ACA/Bulletins communaux, séances des 23.04.1894, 06.12.1897, 18.04.1898.
Archives Marcel Jacobs.
AGR, I529/4.
AGR, T148, Gouvernement provincial de Brabant, Plans du Service technique des Bâtiments, inv. nos 1680-1684 (1897).

Ouvrages
DE CALUWÉ, D., Cureghem. Partie 1. Contexte historique, Beeldenstorm et. al., 2013, pp. 40-41.
VAN DEN BERGHE, G., Anderlecht door de eeuwen heen, Geschied- en Oudheidkundige kring van Westbrabant, Bruxelles, 1938, pp. 204-205.

Périodiques
JACOBS, M., «L’église Immaculée Conception à Cureghem», Anderlechtensia, 64, juin 1992, p. 40.