Recherches et rédaction

2019

 

Voir les biens de ce lieu repris à l'inventaireDébutant avenue Raymond Vander Bruggen, le quai Fernand Demets longe le canal de Charleroi jusqu’au-delà de la rue Léon Delacroix, où il est prolongé, sur le territoire de Molenbeek-Saint-Jean, par le quai de Mariemont. Dans sa partie sud, la voie croise la rue des Orchidées, avant d’être enjambée par le pont du chemin de fer de la ligne de ceinture ouest. À son extrémité nord, le quai passe sous deux autres ponts: l’un, couvert, abritant les lignes de métro 2 et 6, l’autre, routier, reliant les rues Ropsy Chaudron et Léon Delacroix.

Initialement dénommé chemin de Halage, puis rue ou quai du Halage, le quai occupe la rive occidentale du canal de Charleroi, une voie d’eau de 74,5 kilomètres de long inaugurée en 1832. Les deux berges apparaissent bordées d’une double rangée d’arbres sur le Plan géométrique de la Ville de Bruxelles dressé par W. B. Craan en 1835. En 1871 est mise en service la ligne de chemin de fer de ceinture ouest, qui enjambe le canal et ses quais via un pont métallique remplacé en 1932 (voir notice). Si l’on envisage dès cette époque la modernisation du canal, pour faire face à la concurrence du transport par le rail, ce n’est qu’en 1933 que s’achève sa mise à grande section, permettant la circulation des bateaux de 600 tonnes. C’est de cette époque que datent les quais de béton et pierre bleue, surlignés par une balustrade métallique rythmée de colonnettes cannelées. Une seconde modernisation sera menée après 1945, pour accueillir cette fois les bateaux de l.350 tonnes. En 2006 fut ouverte la station de métro Delacroix, une station aérienne accessible depuis les quais Fernand Demets et de l’Industrie.

C’est le 02.03.1933 que le quai du Halage fut rebaptisé en hommage à Ferdinand Charles Gustave Demets (1884-1952), industriel qui fut bourgmestre d’Anderlecht de 1919 à 1927.

Resté vierge jusqu’aux environs de 1860, le quai se bâtit progressivement de bâtiments industriels, implantés sur de vastes terrains pour la plupart limités par le chemin de fer ou la rue de Birmingham courant en contre-haut. La majorité a aujourd’hui disparu. La première usine établie le long du quai, avant 1864, est la Société Belge des Produits chimiques de Ferdinand Demets, qui donna son nom à l’artère. Elle était implantée dans le premier îlot, où s’étend aujourd’hui un terrain vague.

Au no 35 s’était établie en 1902-1903 la Société anonyme des Fours de Laeken, «fabrique de plâtre, craie moulue et lavée». Elle ferma ses portes vers 1930. À sa place s’est implanté le Comptoir Brabançon des Cokes (no35-37), dont subsistent les deux corps de bureaux modernistes en L, celui de droite conçu en 1939 (architecte F. Engels), celui de gauche en 1945 (architecte A. Octors). Juste au sud-ouest, un pont de chemin de fer métallique reliait à la ligne de ceinture le site des abattoirs de Cureghem, inaugurés en 1890 de l’autre côté du canal (voir rue Ropsy Chaudron no 24). Du pont, reconstruit vers 1930 puis supprimé en 1953, on distingue encore la culée de maçonnerie côté quai Demets.

Au no50 de ce qui était alors le quai du Halage fut créée en 1873 la Brasserie Bavaro-Belge, qui devint l’une des plus importantes de Belgique. Rachetés en 1938 par la Brasserie Haecht, ses imposants bâtiments furent rasés en 1984, à l’exception de trois entrepôts parallèles (rue de Birmingham no112), intégrés dans un centre commercial. Inaugurée en 1903, l’ancienne usine centrale d’électricité de la Société des Tramways Bruxellois est aujourd’hui occupée par des ateliers de la STIB (voir nos32, 33-34), tandis que l’ancienne Meunerie Moulart, remontant à la même époque, accueille depuis 2016 le centre d’entreprises Coop (voir no23).

Sources

Archives
ACA/Urb. 35-37: 8823 (14.03.1902), 9358 (17.04.1903), 30933-30934 (08.09.1939), 31297 (05.06.1941), 31872 (10.07.1945).

Ouvrages
Bruxelles: un canal, des usines et des hommes, coll. Les Cahiers de la Fonderie, 1, Crédit Communal de Belgique, 1986, pp. 48-50.
CULOT, M. [dir.], Anderlecht 2. Inventaire visuel de l'architecture industrielle à Bruxelles, AAM, Bruxelles, 1980, fiches 117, 133, 135, 147, 184, 188, 190.
HUBERTY, C., VALENTE SOARES, P., Les canaux bruxellois, coll. Bruxelles, Ville d’Art et d’Histoire, 25, Région de Bruxelles-Capitale, 1998, pp. 11-12.
VAN AUDENHOVE, J., Les rues d’Anderlecht, Commémoration du vingtième anniversaire de la fondation d’Anderlechtensia, C.A.F.H.A, 1995, pp. 98-99.

Périodiques
Almanachs du Commerce et de l’Industrie, «Halage (quai du)», 1929, 1930.
«Brasserie Bavaro-Belge», Anderlechtensia, 130, décembre 2008, p. 21.
VANDERHULST, G., BOUTEILLER, A., «Les portiques et grues du canal de Charleroi», Bruxelles Patrimoines, 15-16, septembre 2015, pp. 34-39.

Cartes / plans
CRAAN, W. B., Plan géométrique de la Ville de Bruxelles, 1835.
MOMMAERTS, G., HAUBRECHTS, E., Dérivation du Canal de Charleroy à Bruxelles. Avant-projet, 1864 (AVB/PP 2890).
ROSSCHAERT, J., Projet d’un nouveau quartier à Cureghem avec bassin pour bains publics, 01.05.1877.