Recherches et rédaction
Voir les biens de ce lieu repris à l'inventaireCette longue rue rectiligne relie la place Altitude Cent au square circonscrit par l’avenue des Sept Bonniers et l’avenue Neptune. Elle croise l’avenue Maréchal Joffre.
L’avenue des Armures fait partie d’un ensemble urbanistique composé de huit artères rectilignes rayonnant depuis la place Altitude Cent dominée par l’église Saint-Augustin. Le plan d’aménagement de cet ensemble est élaboré en 1899 dans le cadre d’un projet immobilier initié par la Société Anonyme des Villas de Forest et surtout l’un de ses promoteurs principaux, Alexandre Bertrand. Le cœur du nouveau projet «quartier Saint-Augustin» est la place circulaire.Le plan s’étend entre le parc de Forest (au nord), la chaussée d’Alsemberg (à l’est), la rue Joseph Bens (au sud) et le parc Duden et l’ avenue du Domaine (à l’ouest). Les terrains acquis par la Société anonyme sont ceux du domaine Zaman, anciennement connu comme Zevenbunder et Galgeveld. La Commune de Forest approuve le plan en 1901 et les alignements définitifs sont ratifiés la même année par l’arrêté royal du 04.05.1901.
Afin d’améliorer la connexion entre le quartier des parcs (dessiné par Victor Besme en 1875) et le nouveau quartier Saint-Augustin, un projet d’aménagement est prévu par l’État belge et la commune de Forest. Ce plan est ratifié par l’arrêté royal du 08.02.1912.
Initialement appelée avenue Beernaert, elle se voit attribuer son nom actuel vers 1910. Sa dénomination évoque, tout comme celle de la rue du Tournoi et de la rue de l’Escrime, les joutes et les tournois du Moyen-Âge.
Les maisons situées au début de l’avenue sont pour la plupart antérieurs à la Première Guerre mondiale (années 1906-1914). Toutes celles situées en aval du croisement avec l’avenue Maréchal Joffre remontent à l’entre-deux-guerres (1924-1936). Le bâti consiste en des maisons de rapport ou des maisons bourgeoises de gabarit modeste, de deux à quatre niveaux. Plusieurs immeubles forment des enfilades homogènes comme les nos13 à 17 (architecte Léon Janlet, 1906-1908) avec leurs éléments répétitifs et matériaux identiques, ou l’ensemble de maisons allant du no19 au no25, conçues en 1912 par l’architecte Camille Damman (voir ces numéros). Le no17, dont la menuiserie est d’origine, s’est vu rehaussé d’un quatrième niveau en 1929. Les maisons de rapport allant du no14 au no18 ont été construites pour Florimont Stiernet, d’après les plans du géomètre Fernand Stiernet (1913-1914). Les deux premières sont identiques, mais le no18 diffère tant en termes de gabarit (il n’a que trois niveaux) que dans le choix des matériaux (simili-pierre et pierre blanche au lieu de briques de couleur claire).
Le bâti de l’avenue des Armures se compose de maisons de style éclectique teinté d’éléments néogothiques (no20), Art nouveau (no10) et Art Déco (nos7 et 54). On citera par exemple les nos36 à 48 qui forment une enfilade cohérente de maisons en briques de deux à trois niveaux, marquées d’une logette caractéristique, ou encore le no40, une maison de style éclectique dont les éléments en briques et ceux enduits de crépi blanc donnent naissance à un joli jeu de formes géométriques (architecte René Housiaux, 1926).
Nombre de maisons ont été conçues par des architectes qui travaillèrent beaucoup Forest et de manière générale sur le territoire de Bruxelles comme Camille Damman, qui signe les plans du n°37-39 (voir ce numéro) et du n°22 qui a malheureusement perdu une grande part de son intérêt après le remplacement du garde-corps du balcon et la disparition des sgraffites (1907). Citons aussi les architectes Léon Deltombe (nos52, 75 et 90), Isidore Henrotay (voir le n°44-46 et le n°80), Gaston Ide dont la maison personnelle se trouvait au n°27 (voir ce numéro ainsi que les nos47 et 81), Léon Janlet (nos10, 13, 15, 17et 94) et Fernand Stiernet (nos14-18). En 1928, l’architecte et urbaniste Paul Posno signe les plans du n°77: une maison bourgeoise teintée d’éléments Art Déco, comme en témoignent les encadrements à ressauts, le culot de la logette et les appuis de fenêtres à becs.
En 1904, Camille Damman dessina pour Alexandre Bertrand – l’un des principaux promoteurs immobiliers du quartier Altitude Cent – les plans d’un pensionnat de jeunes filles et d’un couvent pour la Société des Sœurs de Sainte Ursule de la Vierge Bénie. Le bâtiment situé aux nos37-39 (voir ce numéro) frappe par sa longue façade néogothique de onze travées. Agrandie plusieurs fois au fil des ans, l’école occupe aujourd’hui un grand pâté de maisons qui s’étend jusqu’à l’avenue Victor Rousseau.
Du point de vue de leur typologie, les deux immeubles à l’angle de la place Altitude Cent sont à rapprocher de ceux qui bordent la place puisque, comme eux, ils abritent un espace commercial au rez-de-chaussée et des appartements aux étages. Le n°1-3 signé Léon De Greef fut construit en deux temps (1933 et 1935) et son rez-de-chaussée initialement aménagé en pharmacie.
Au bout de la rue se dressent de grands blocs d’appartements furent construits dans les années 1950 et 1960.
Sources
Archives
ACF/TP dossier 45, AR 08.02.1912.
ACF/Urb. 1-3: 12026 (1933), 12598 (1935); 7: 4622 (1908), 6369 (1913), 20559 (1983); 10: 4361 (1907), 10121 (1928); 14: 6494 (1914), 6658 (1914), 8799 (1925), 9719 (1928), 11616 (1932), 12709 (1935); 16: 6404 (1913), 6434 (1914), 6658 (1914), 14214 (1941), 16886 (1956), 23861 (2007); 17: 4626 (1908), 10294 (1929); 18: 6544 (1914), 6658 (1914), 8739 (1925); 20: 5047 (1909); 40: 8905 (1926), 18608 (1964); 54: 11821 (1932); 77: 9728 (1928); 80: 11017 (1930); 94: 8591 (1925), 14177 (1941), 15915 (1952).
Ouvrages
CABUY, Y., DEMETER, S., LEUXE, F., Atlas du sous-sol archéologique de la région de Bruxelles, 4, Forest, MRBC – MRAH, Bruxelles, 1993.
FRANCIS, J., La chanson des rues de Forest, Louis Musin éditeur, Bruxelles, 1976, p.34.
PIRLOT, A.-M., Le quartier de l’Altitude Cent, SPRB, Bruxelles, 2014 (Bruxelles, Ville d’Art et d’Histoire, 53), pp. 8-17, 19, 41.
VOKAER, J.-P., Par les rues de Forest. Études sur la toponymie locale, Imp. Cantrin, Bruxelles, 1954, p. 7.