Typologie(s)
établissement scolaire
hôtel de ville/maison communale
commissariat de police
salle de spectacle
hôtel de ville/maison communale
commissariat de police
salle de spectacle
Intervenant(s)
Guillaume (Willem ou Willy) VERMEIREN – architecte – 1949-1970
Joseph-Paul NICAISE – architecte – 1949
Christophe GEVERS – designer – 1971-1975
Statut juridique
Inscrit à l’inventaire légal le 19 août 2024
Styles
Traditionnalisme
Néo-Renaissance flamande
Inventaire(s)
- Actualisation du projet d'inventaire régional du patrimoine architectural (DMS-DML - 1995-1998)
- Inventaire du patrimoine architectural 1939-1999 (ULB)
- Le patrimoine monumental de la Belgique. Woluwe-Saint-Pierre (DMS-DML - 2002-2009, 2014)
Ce bien présente l’(es) intérêt(s) suivant(s)
- Artistique La signature d’un bien immeuble (bâtiment) par un architecte de renom ne peut pas être considérée comme un critère absolu. Pour évaluer la place qu’un bien occupe dans l’œuvre d’un architecte, ce critère doit être modulé avec la qualité architecturale (composition et structure interne) du bien, sa mise en œuvre (matériaux, maîtrise technique) et la place qu’il occupe dans l’histoire de l’architecture, ces trois éléments pouvant témoigner d’une phase ou d’un aspect de l’architecture urbaine ou paysagère du passé. Les critères suivants s’appliquent alors pour évaluer l’intérêt artistique : la rareté (typologie, style, utilisation des matériaux, sources), la représentativité (idem) et l’intégrité (idem + qualité d’exécution).
- Esthétique Le bien possède un intérêt esthétique s’il stimule les sens de l’observateur de manière positive (l’expérience de la beauté). Historiquement, cette valeur était utilisée pour désigner des zones naturelles ou semi-naturelles de grande valeur, mais elle peut également s’appliquer à de grands ensembles de bâtiments dans une zone urbaine, avec ou sans éléments naturels, ou à des monuments qui marquent le paysage urbain. D’autres intérêts sont automatiquement pris en considération, l’artistique en premier lieu, mais aussi le paysager (intégration de l’œuvre dans le paysage urbain, points de repère dans la ville) et l’urbanistique (ensembles urbains spontanés ou rationnels). Les critères de sélection suivants lui sont également associés : la représentativité, la valeur d’ensemble et la valeur contextuelle. Ces critères doivent être combinés avec d’autres critères (notamment artistiques).
- Historique Le bien présente un intérêt historique s’il témoigne d’une période particulière de l’histoire de la région ou de la commune, s’il représente un témoignage d’une période particulière du passé et/ou d’une évolution rare pour une période (par exemple, une cité-jardin représentative d’un mode de construction utilisé lors des grandes campagnes d’urbanisation après la Seconde Guerre mondiale, les noyaux villageois illustrant les premiers bâtiments groupés des communes de la Seconde couronne, la Porte de Hal comme vestige de la deuxième enceinte, etc.), s’il témoigne d’un développement urbain (et/ou paysager) particulier de la ville (par exemple, les immeubles des boulevards centraux ou du quartier Léopold), s’il présente un lien avec un personnage historique important, y compris les maisons personnelles d’architectes et les ateliers d’artistes (par exemple, la maison natale de Constantin Meunier, la maison de Magritte), s’il peut être associé à un événement historique important (par exemple, les maisons datant de la reconstruction de Bruxelles suite au bombardement de 1695, la colonne du Congrès), ou s’il possède une représentativité typologique caractéristique d’une activité commerciale ou culturelle (par exemple, les églises, les cinémas, l’architecture industrielle, les pharmacies).
- Social Cette valeur est difficile à distinguer de la valeur folklorique et généralement insuffisante pour justifier une sélection à elle seule. Il peut s’agir d’un : – lieu de mémoire d’une communauté ou d’un groupe social (par exemple, la potale à Berchem-Sainte-Agathe située place de l’église à Berchem-Sainte-Agathe, le Vieux Tilleul de Boondael à Ixelles)?; – lieu relevant d’une symbolique populaire (par exemple, le café «?La Fleur en Papier Doré?» situé rue des Alexiens)?; – lieu de regroupement ou de structuration d’un quartier (par exemple, les immeubles du Fer à Cheval dans la cité du Floréal).
- Urbanistique Certains biens architecturaux ont joué un rôle prépondérant dans la planification urbaine par le passé. Ils suivent généralement d’autres formes (plans) urbanistiques, entraînant une interaction entre les espaces bâtis et non bâtis (ou ouverts). Cet aménagement comprend également la cohérence entre les différents niveaux d’échelle. Un bien immobilier possède un intérêt urbanistique lorsqu’il joue un rôle dans ce domaine. En voici quelques exemples : les bâtiments d’angle, les places ou les enfilades d’immeubles présentant une certaine cohérence, les tours (immeubles de grande hauteur) habilement implantées et leur relation avec leur environnement qualitatif immédiat, qui peut être cohérent mais aussi contrasté, ainsi que les vestiges de concepts urbanistiques et la manière dont ils sont ou ont été remplis architecturalement (et typologiquement), comme les palais urbains et/ou les maisons de maître éclectiques encore préservés dans le quartier Léopold.
Recherches et rédaction
2004
id
Urban : 17416
Description
Monumental hôtel communal bâti suivant les plans de Guillaume (alias Willy) Vermeiren et Joseph-Paul Nicaise de 1949. Le bâtiment est érigé entre 1961 et 1975. Son esthétique traditionaliste s'inspire du style Renaissance flamande.
Historique
Durant la 1re moitié du XIXe siècle, l'administration de la commune rurale de Woluwe-Saint-Pierre ne possède pas de locaux propres. La 1re maison communale est bâtie en 1860 à l'angle des actuelles rues René Declercq et Louis Thys, une sobre maison de briques à pignons à gradinsPignon dont les rampants sont étagés en escalier, à la manière de gradins. d'inspiration Renaissance flamande, servant également d'école communale. Elle sera démolie en 1958. L'augmentation spectaculaire de la population de la commune au cours du XXe siècle entraîne une expansion constante des services administratifs. Ceux-ci se retrouvent rapidement éparpillés dans différents immeubles de bureaux, des locaux fort modestes comparés aux prestigieuses villas qui se construisent dans la commune.
Le Conseil communal se penche à de multiples reprises sur l'opportunité de construire de nouveaux locaux. Divers projets visant à l'érection d'un hôtel communal de prestige se succèdent. Un 1er emplacement est choisi en 1913 et des terrains sont achetés à l'angle des avenues Jules De Trooz et Charles Thielemans. En 1920, un projet de maison communale par l'architecte Alexis Dumont reste dans les cartons. Des plans approuvés par l'arrêté royal du 07.12.1925 prévoient la construction d'une maison communale bordée de deux artères reliant les avenues de Tervueren et Thielemans. Le projet est abandonné et, sur cet emplacement, l'arrêté royal du 18.03.1938 décrète la création de l'actuelle avenue Don Bosco.
En 1931, l'ancien palais RenaissanceLe style néo-Renaissance (de 1860 à 1914 environ) puise son inspiration dans l'architecture de la Renaissance, un courant artistique né en Italie au XVe siècle qui cherchait à ressusciter l’architecture de l'Antiquité gréco-romaine. du cardinal Granvelle du quartier de la Putterie au centre-ville, occupé par l'Université libre de Bruxelles, est voué à la démolition en raison des travaux de la jonction Nord-Midi. La commune de Woluwe-Saint-Pierre acquiert ses façades dans le but de les réemployer dans l'édification d'une nouvelle maison communale à l'angle de la rue Félix Poels et de l'avenue Thielemans, à l'emplacement de l'actuelle place des Maïeurs. Le 16.01.1931, le Conseil communal charge l'entrepreneur Jean-Baptiste De Quanter De Vogelaer du démontage pierre par pierre et de la mise sur camion des façades du palais.
L'arrêté royal du 19.06.1931 approuve l'expropriation de plusieurs bâtiments pour la création de la place publique devançant l'hôtel communal projeté. Le projet est probablement rapidement abandonné puisqu'en février 1939, il est question dans un rapport d'équarrir les pierres bleues non historiées du palais pour réaliser des bordures de trottoir, ce qui semble chose faite vers 1944. Avant 1943, une partie des pierres blanches historiées est réutilisée pour ériger une colonnadeRangée de colonnes et l'entablement qu'elles supportent. au cimetière de Stockel. Le reste des pierres sculptées disparaît progressivement, vendu à divers particuliers.
Durant les années 1940 et 1950, de nouveaux locaux administratifs provisoires voient le jour1. Ouverture vitrée dans une menuiserie ou baie de petite dimension; 2. Vide autour duquel se développent certains escaliers tournants. à l'angle de l'avenue Thielemans et de la rue Declercq. En 1941, le Collège charge l'architecte Vanvlasselaer de construire un petit bâtiment, rue Declercq no 7. En 1954, l'architecte communal Knippenberg dessine d'autres bureaux provisoires, bâtis en 1958 au no 2 de l'avenue Thielemans.
Parallèlement, de nouvelles pistes pour l'érection d'un hôtel communal de prestige sont envisagées. Un projet d'emplacement face aux étangs Mellaerts, avenue de Villalobar, est adopté par le Conseil communal le 06.08.1940. En octobre 1945, un avant-projet de maison communale de plan triangulaire, avec cour centrale et tour à clocher à bulbe, est dessiné par l'architecte-urbaniste Marcel Schmitz, à l'angle de l'avenue de Tervueren et de l'actuel boulevard de la Woluwe, sur l'assiette qu'occupe aujourd'hui l'avenue des Prisonniers politiques. En 1947, un projet prévoit l'acquisition du Manoir d'Anjou et sa transformation en maison communale.
L'emplacement actuel est finalement choisi le 02.02.1948. L'arrêté royal du 31.01.1949 approuve un plan général d'alignement et d'expropriation des terrains choisis, situés dans une forte dépression en cuvetteEspace libre dans la partie inférieure de la gaine qui accueille certains éléments techniques tels que les amortisseurs, la poulie du limiteur de vitesse. entre les rues Paul Lancsweert, Louis Ceusters, François Gay et l'avenue Thielemans. Les terrains servent alors à la culture maraîchère et la plupart de leurs propriétaires sont établis rue Gay. Ils sont acquis ou échangés en 1949 et 1950. D'autres sont expropriés au terme d'une procédure judiciaire qui n'aboutira qu'en 1952.
Le Conseil communal décide d'organiser un concours de projets pour la construction du futur édifice. Un jury composé en grande partie d'architectes, présidé par le bourgmestre Jean-Marie Evrard, est mis sur pied. Au programme figurent les diverses superficies à affecter aux locaux. Les concurrents sont en outre invités, pour l'élaboration des façades, « à s'inspirer du style régional brabançon, adapté à notre époque ». Le projet des architectes Guillaume (alias Willy) Vermeiren et Joseph-Paul Nicaise est élu lauréat, suivi de celui de l'architecte Marcel Callie, dont le vocabulaire architectural puise directement dans le style Renaissance flamande. Le projet du peintre Jean Baltus et de l'architecte Philippe Dumont est classé 3e. Enfin, toute une série de projets sont classés 4es ex-aequo : ceux des architectes Jean Petit, René Coppens, un second projet de Vermeiren et Nicaise, Pierre Puissant, Raymond Moenaert, Robert Thoelen et J. B. Verstegen, Marcel Malcorps. Parmi les projets éliminés, citons ceux de l'architecte Joseph Diongre associé à son gendre, l'architecte Maurice Houyoux, d'Alexis Dumont et de Willem Minnigh.
Le projet primé de Vermeiren et Nicaise est adopté par le Conseil communal le 02.06.1950. II restera cependant dans les cartons jusqu'en 1959, faute d'avoir rallié une majorité suffisante pour être mis en œuvre. Vers janvier 1959, le parti « chrétien », autrement nommé « groupe Evrard », obtient la majorité absolue au Conseil communal. Le nouveau programme du bourgmestre Jean-Marie Evrard comprend la construction de l'hôtel communal sur base des plans primés. Ceux-ci, vieux de dix ans, font déjà l'objet de vives critiques. On leur reproche, avant même le début des travaux, de ne tenir aucun compte de l'évolution de l'architecture moderne, de pécher par excès de faste et de grandeur.
La décision est prise d'entreprendre la construction bloc par bloc, pour éviter de grever les finances. L'architecte Vermeiren dirige les travaux seul, sans son collaborateur Nicaise. L'aile administrative, dite « bloc B », à front de la rue Lancsweert, est bâtie en premier lieu. Le gros-œuvre est réalisé par l'entreprise Wittebort & Fils. Les travaux de fondation sont entamés au début de l'année 1961. La première pierre, pompeusement sculptée d'un texte commémoratif en latin, est posée le 10.06.1961. Les travaux de toiture se terminent en mars 1963.
Le nœud central du bâtiment, dénommé « bloc X », consistant en la partie avec tour située au croisement des deux ailes, est entamé alors que le gros-œuvre du bloc B est toujours en cours. Le bloc est sous toit et son parachèvement est entamé vers mai 1964. La maçonnerie de la tour est terminée en juillet 1964. Sa flèche est posée en septembre 1965.
Les parachèvements des blocs B et X sont menés de concert. Les soumissions ont lieu à la fin de l'année 1962 pour les travaux d'enduitL'enduit est un revêtement de plâtre, de mortier, de stuc, de ciment, de lait de chaux, de simili-pierre, etc., de menuiserieÉléments de bois relevant de l’art du menuisier. Pour une façade, le mot peut désigner les portes, les châssis, les éventuelles logettes et la corniche. Par extension, le terme désigne également l'huisserie métallique et en PVC. (entreprise Eugène Smits), de quincaillerieEnsemble des éléments métalliques fixés à une menuiserie : gonds, serrures, etc. (entrepreneur Victor Mergam) et de revêtement de sol (parqueterie De Waele). M. Entremon est déclaré adjudicataire le 13.07.1963 pour les travaux de ferronnerieÉléments en fer d’une construction, qu’ils soient en fer forgé, en fonte ou dans un autre matériau ferreux.. Les devis, plans et cahiers des charges pour l'ameublement des locaux de prestige sont approuvés le 22.11.1965. Les travaux sont menés par l'entrepreneur Max Deyaert. La lustrerie et les appliques électriques sont réalisées et placées en 1965 par les établissements Fiset, sur base de dessins de Vermeiren. Les vitraux sont l'œuvre du maître-verrier Jacques Colpaert de Schaerbeek. Les bâtiments sont occupés progressivement par l'administration à partir de novembre 1965.
Les travaux de gros-œuvre de l'aile parallèle à l'avenue Thielemans, le « bloc A », sont entamés près de deux ans après l'achèvement des deux 1ers blocs. Adjugés en janvier 1967 à l'entreprise Liekens en zonen, ils débutent le 01.06.1967 par l'excavation des fondations, suivie par le forage et le placement des pieux Franqui. L'histoire de ce chantier est jalonnée par de multiples incidents entraînant retards et arrêts des travaux, qui se solderont par l'abandon du chantier par les ouvriers le 03.06.1970, suivi de la mise en faillite de l'entrepreneur, publiée au Moniteur belge du 23.09.1970.
En janvier 1971 a lieu un changement de majorité communale. François Persoons devient bourgmestre. Le nouveau pouvoir hérite d'une situation difficile : les travaux sont à l'arrêt depuis plus d'un an. La charpente est exécutée, mais pas sa couverture, de sorte que le bloc est abandonné aux intempéries. Les travaux de parachèvement, adjugés à divers entrepreneurs à la fin de l'année 1968 et en 1969, n'ont pu être entamés en raison de l'arrêt de l'entreprise de gros-œuvre et des démêlés judiciaires qui lui sont associés.
Les goûts et les mentalités ayant changé, le programme de l'architecte Vermeiren ne rencontre plus l'approbation du nouveau collège. Une nouvelle étude est confiée en juillet 1971 au décorateur Christophe Gevers, auteur du Passage 44 à Bruxelles, œuvrant en collaboration avec le Service communal de Belgique. L'idée maîtresse est d'aboutir à un aménagement de conception « rationnelle et avantageuse ». Le nouveau Conseil communal demande des matériaux sobres, une décoration « moderne et discrète ».
Les travaux de gros-œuvre restants, confiés à l'entreprise De Schepper, reprennent vers mars 1971. Gevers négocie en 1972 avec les entrepreneurs adjudicataires de l'ancien programme. Moyennant dédommagement pour perte d'entreprise, la marbrerie SA Carrières et Usines Dejaiffe, le ferronnier Victor Mergam, la firme Simonis pour le mobilier et l'entreprise de menuiserieÉléments de bois relevant de l’art du menuisier. Pour une façade, le mot peut désigner les portes, les châssis, les éventuelles logettes et la corniche. Par extension, le terme désigne également l'huisserie métallique et en PVC. Eugène Smits SPRL acceptent d'adapter leurs commandes au nouveau programme. Les travaux de lustrerie sont adjugés en août 1973 à la SPRL Putman Frère. La société De Coene & Cie est adjudicataire le 27.06.1975 pour des travaux de mobilier supplémentaires. La maison de la culture et un centre de congrès sont inaugurés le 18.09.1975. La placette nouvellement aménagée devant la nouvelle construction est inaugurée le 15.04.1976 et baptisée esplanade Paul-Henri Spaak.
Au 1er étage du bloc A, Vermeiren avait prévu une monumentale salle du Collège et des mariages. Le programme Gevers de 1971 modifie le volume initial en créant un niveau intermédiaire, réduisant par deux la hauteur de la salle. À l'étage inférieur est établie la salle dite « Bal 300 », une salle polyvalente pouvant accueillir environ 300 personnes. L'étage supérieur est cloisonné et subdivisé en bureaux.
Fin 1997, le Collège lance un concours d'idée pour le réaménagement des lieux, appelés depuis lors salle Fabry. Le lauréat du concours est l'architecte Thierry Lanotte. La rénovation est terminée en janvier 2000. L'étage intermédiaire des années 1970 est supprimé et la salle retrouve le volume spacieux du projet de 1949.
Bordant l'avenue Thielemans se dresse une haute sculpture-fontaine en granit rose devançant un bassin, œuvre du sculpteur français Jean-Paul Philippe, intitulée « La Lune Embarque ». Inaugurée le 23.11.2002, elle remplace une fontaine lumineuse dessinée par Vermeiren.
Style
Le style du bâtiment, qualifié par ses contemporains de « style brabançon adapté à notre époque », est caractéristique du renouveau de l'architecture nationale des années 1945-1955, courant conservateur dominant l'architecture de l'immédiate après-guerre. La volonté affichée est de renouer avec les traditions locales de l'Ancien Régime, par une recherche formelle tournant le dos aux innovations de l'architecture d'avant-garde de l'entre-deux-guerres.
L'hôtel communal incarne de manière monumentale l'esthétique d'une génération qui, au sortir de la guerre, veut vivre de manière moderne tout en marquant son attachement à la tradition. Elle recherche dans cette dernière dignité et intemporalité. Parallèlement, les conceptions les plus récentes sont mises en œuvre, tant pour les techniques de construction que pour les plans et le confort intérieur.
Pour les façades de l'hôtel communal, l'architecte renoue avec les matériaux traditionnels : pierre blanche, brique rouge et ardoise naturelle. Les matériaux de la modernité hérités de l'entre-deux-guerres, tel le béton armé, sont employés de manière intensive, mais toujours dissimulés sous des parements de matériaux « nobles ». La référence au programme de l'hôtel de ville flamand de la RenaissanceLe style néo-Renaissance (de 1860 à 1914 environ) puise son inspiration dans l'architecture de la Renaissance, un courant artistique né en Italie au XVe siècle qui cherchait à ressusciter l’architecture de l'Antiquité gréco-romaine. est manifeste : haute tour affirmant les libertés communales, balcon d'honneur du bourgmestre, escalier monumental. Il en va de même pour les références formelles au vocabulaire de l'architecture traditionnelleEn briques et en grèsLa maçonnerie en briques est combinée à des éléments en pierre blanche (par exemple pour la plinthe, l’encadrement des baies, la corniche, ...), alors que l’intérieur se compose d’éléments en bois. Ces immeubles sont couverts par une toiture en bâtière et affichent souvent un pignon à gradins (XVIe-XVIIIe siècles).En colombageUne construction en colombage se compose de terre glaise appliquée sur un squelette en bois, renforcé par un tressage (jusqu’au XIXe siècle). : sculptures ornementales figuratives, frontonsCouronnement de forme triangulaire ou courbe, à tympan et cadre mouluré formé de corniches., arcsStructure appareillée de couvrement, cintrée selon un profil donné. surbaissés à clefClaveau central d’un arc ou d’une plate-bande. Il s’agit d’un élément architectonique. Le terme s'utilise également pour des éléments purement décoratifs qui évoquent une clef à rôle structurel., hautes toitures couvertes d'ardoises, lucarnesOuvrage construit sur un toit et permettant d’éclairer le comble par une ou plusieurs fenêtres.. L'iconographie choisie pour les sculptures et les décors intérieurs, déterminée en collaboration avec l'historien local Pierre Falkenback, renvoie à l'histoire locale de l'Ancien Régime, avec un faste que ne connut pourtant pas le petit village sans prétention qu'était encore Woluwe-Saint-Pierre au XIXe siècle.
Si les références au passé sont nettes, l'interprétation se distingue cependant du pastiche. Les techniques mises en œuvre, les lignes monumentales, simplifiées et géométrisées, les proportions et dispositions des baiesOuverture, d'ordinaire une porte ou une fenêtre, ménagée dans un pan de mur, ainsi que son encadrement. dans lesquelles transparaît ça et là une influence moderniste, renvoient sans ambiguïté à l'époque de construction.
L'hôtel communal de Woluwe-Saint-Pierre, dessiné en 1949, ne voit sa première pierre posée qu'en 1961, époque à laquelle son style avait déjà cédé le pas au modernismeLe modernisme (à partir des années 1920) est un courant international prônant la suprématie de la fonction sur la forme. Il se caractérise par l’emploi de volumes géométriques élémentaires, de la toiture plate, des fenêtres en bandeau et des matériaux modernes comme le béton armé. drastique, appliqué aux bâtiments administratifs bruxellois dès la fin des années 1950. La construction des diverses ailes du bâtiment reste malgré tout étonnamment fidèle au même programme jusqu'en 1971. Les plans sont alors vieux de plus de vingt ans. La réalisation presque complète de cet imposant complexe prolongeant tardivement l'esthétique de l'immédiate après-guerre tient vraisemblablement à l'exceptionnelle longévité de Jean-Marie Evrard comme bourgmestre. Il présida en 1949 le concours d'architecture qui a vu primer les plans du bâtiment et n'abandonnera l'écharpe maïorale qu'en 1971. Ses successeurs s'empresseront d'ailleurs, dès cette date, de mettre fin à la mission de l'architecte Vermeiren « dans l'intérêt d'un style moderne et sobre » et d'adopter un programme radicalement moderniste pour les derniers travaux à effectuer, c'est-à-dire pour l'aménagement intérieur du centre culturel. Ce revirement explique également l'abandon des parties du programme initial dont le gros-œuvre n'était pas achevé en 1971. L'actuel avant-corps à portail monumental du bloc A devait initialement être dominé par deux statues colossales et devancé d'un escalier d'honneur de pierre blanche à deux volées droites menant directement de l'esplanade à la salle des mariages du 1er étage. Par ailleurs, deux petites ailes devaient s'élever perpendiculairement au bloc A, vers la rue Gay.
Description
Monumental bâtiment, à deux niveaux sur caves hautesSous-sol à demi enterré, surélevant le rez-de-chaussée., d'environ treize mètres de hauteur sous corniche, comprenant deux ailes agencées selon un plan en L, à l'intersection desquelles s'élève une haute tour. Façades de briques rouges rugueuses de Boom, appareillées de manière traditionnelle, sur soubassementPartie massive d’un bâtiment construite au sol et constituant l’assise du bâtiment. À Bruxelles, le soubassement est d’ordinaire en pierre bleue. de pierre blanche. BaiesOuverture, d'ordinaire une porte ou une fenêtre, ménagée dans un pan de mur, ainsi que son encadrement. des 1er et 2e étages à encadrement de pierre blanche. Sculptures figuratives extérieures par le sculpteur Alcide Mathieux d'Etterbeek. Haute toiture, culminant à une trentaine de mètres, où s'étagent trois rangs de lucarnesOuvrage construit sur un toit et permettant d’éclairer le comble par une ou plusieurs fenêtres., définissant trois niveaux de comblesEspace intérieur de la toiture..
La tour est haute de 65 mètres. À son r.d.ch., une porte d'entrée grillagée devancée d'un escalier mène au hall abritant le service de la population. Sur l'angle de la tour, à hauteur du 1er étage, balcon d'apparat du bourgmestre, en pierre blanche, à parapetUn parapet en maçonnerie est un muret servant de garde-corps. de pierre ajouré de carrés. Large baieOuverture, d'ordinaire une porte ou une fenêtre, ménagée dans un pan de mur, ainsi que son encadrement. rectangulaire sur l'angle. Sculptures figuratives réalisées vers 1964-1965 : sirène allégorique de la Woluwe, formant le culot du balcon, saint Pierre flanqué des armoiries communales, couronnant la baieOuverture, d'ordinaire une porte ou une fenêtre, ménagée dans un pan de mur, ainsi que son encadrement.. Partie supérieure de la tour ajourée de six petites fenêtres à arcStructure appareillée de couvrement, cintrée selon un profil donné. en plein cintreUn élément est dit en plein cintre lorsqu’il est cintré en demi-cercle. superposées, désaxées vers l'angle. Cadran d'horloge à sculptures en grèsTerre cuite de texture serrée, légèrement vitrifiée, glaçurée ou non. Le grès désigne également une famille de pierres composées de silice. cérame figurant les signes du zodiaque, réalisées en octobre 1963. Carillon électronique placé en 1969, actionnant dix-huit cloches en bronze fondues par Michiels de Louvain. Corniche en pierre blanche. LanternonPetite construction de plan centré, située au faîte du toit. octogonal paré de schiste, coiffé d'une flèche en cuivre réalisée aux ateliers Ribaut à Drogenbos.
Le bloc A, parallèle à l'avenue Thielemans, présente, à l'étage, des baiesOuverture, d'ordinaire une porte ou une fenêtre, ménagée dans un pan de mur, ainsi que son encadrement. à porte-fenêtre devancée d'un balcon à garde-corpsOuvrage de clôture qui ferme un balcon, une terrasse, une porte-fenêtre, une gaine d'ascenseur... en fer forgéFer façonné à chaud sur l’enclume, utilisé pour réaliser des éléments architecturaux comme des garde-corps, des ancres, des grilles, des épis de faîtage., s'inscrivant dans une embrasureEspace intérieur d’une baie. profonde. Celle-ci est ornée de métopesDans une frise d’entablement, surface nue ou ornementée qui alterne avec les triglyphes. en pierre d'Euville sculptées en 1968 et 1969, figurant des blasons liés à la commune et à la province de Brabant.
Le bloc est devancé, sur sa droite, d'un avant-corps à portail monumental en pierre blanche. L'architecture de cet avant-corps est simplifiée en 1972 à la faveur du nouveau programme. Un monumental escalier devait s'adosser à cet endroit. L'avant-corps est percé, à l'étage, d'une vaste baieOuverture, d'ordinaire une porte ou une fenêtre, ménagée dans un pan de mur, ainsi que son encadrement. à arcStructure appareillée de couvrement, cintrée selon un profil donné. surbaisséUn élément est dit surbaissé lorsqu’il est cintré en arc de cercle inférieur au demi-cercle. et profonde embrasureEspace intérieur d’une baie. en biais. Lettres découpées en pierre blanche, formant l'inscription « WOLUWE St p WOLUWE », sous la corniche. Sculptures en pierre bleue figurant des sirènes, réalisées en 1971, amortissant les angles de la lucarneOuvrage construit sur un toit et permettant d’éclairer le comble par une ou plusieurs fenêtres..
Façade arrière, rue Lancsweert, marquée par la saillie de l'avant-corps abritant la cage d'escalierEspace à l'intérieur duquel se développe un escalier. et ouvert sur toute sa hauteur d'une monumentale baieOuverture, d'ordinaire une porte ou une fenêtre, ménagée dans un pan de mur, ainsi que son encadrement. rectangulaire, divisée en quarante fenêtres par des croiséesBaie à croisée. Baie divisée par des meneau(x) et traverse(s) se croisant à angle droit. de meneauxÉlément vertical de pierre ou de métal divisant une baie..
Les deux ailes devancent une esplanade monumentale d'une cinquantaine de mètres de profondeur. Quatre vasques fleuries reliées par des chaînes, sculptées par Mathieux en 1967, d'après un projet de Vermeiren de 1966. Réverbères de bronze également dessinés par Vermeiren.
Intérieur
L'aménagement intérieur demeure, dans les blocs B et X, celui conçu par l'architecte Vermeiren, dans l'esprit du projet initial de 1949. L'architecte s'est attaché à dessiner tous les détails intérieurs, jusqu'à la lustrerie, au mobilier et à la quincaillerieEnsemble des éléments métalliques fixés à une menuiserie : gonds, serrures, etc. d'ameublement. Le r.d.ch. est divisé en guichets vitrés à minces frontonsCouronnement de forme triangulaire ou courbe, à tympan et cadre mouluré formé de corniches. de chêne. Grand hall population du bloc X, terminé en mars 1966, à plafond à voûtes en pendentif, agrémentées de rosaces sculptées en 1965 par Mathieux, représentant d'anciens sceaux du Brabant. Vitraux de verre antique à plombs, à mascaronsDécor sculpté figurant un visage humain ou un masque. reproduisant des pièces de monnaie stylisées des époques évoquées par les blasons du plafond. L'ensemble est réalisé sur base de cartons du sculpteur Mathieux, par le maître-verrier Jacques Colpaert. Sol en « cassons » de marbre blanc avec bouchons de marbre noir. Au fond du hall, un escalier monumental mène aux étages.
Le 1er étage rassemble les locaux de prestige : les cabinets des bourgmestre et échevins ainsi que la salle du Collège. Le sol des bureaux est revêtu de parquet aux dessins géométriques complexes, combinant des bois d'essences différentes.
L'accès s'effectue par une vaste menuiserieÉléments de bois relevant de l’art du menuisier. Pour une façade, le mot peut désigner les portes, les châssis, les éventuelles logettes et la corniche. Par extension, le terme désigne également l'huisserie métallique et en PVC. de chêne enserrant des vitraux, ouvrant sur un grand hall, décoré de deux peintures monumentales du peintre Émile Fabry : d'un côté « Moïse devant Adam et Eve chassés du Paradis », de l'autre, « Eschyleia », un épisode de la vie de Prométhée. Un autre panneau monumental du même peintre, « l'effort », décore le bureau situé à gauche du hall. À droite de ce dernier, les cabinets des bourgmestre et échevins se répartissent de part et d'autre d'un long couloir, derrière de doubles portes monumentales en placage de noyer, à panneaux carrés revêtus de parchemin, placées vers 1965.
Sur la droite du couloir, éclairant le secrétariat, vitraux figurant les Arts et les Sciences. À gauche, la 1re porte monumentale, à commande électrique, ouvre sur le cabinet du bourgmestre et son somptueux décor. Antichambre devançant ce cabinet, à murs à décor de staff, vers 1965, constitué de pilastresÉlément vertical plat en ressaut qui évoque un support (un pilier engagé). Il peut être muni d’une base et d’un chapiteau. portant des frontonsCouronnement de forme triangulaire ou courbe, à tympan et cadre mouluré formé de corniches.. Sol en marbre de Carrare marqueté d'une étoile. Deux petites fontaines à fût de colonne cannelée portant une vasque en marbre de Carrare, sommées d'une sculpture de bronze symbolisant la forêt et la Woluwe, œuvres du sculpteur Liliane Denet.
Le cabinet du bourgmestre proprement dit est une vaste pièce à plafond à fausse poutraison de chêne. Cheminée monumentale à pilastresÉlément vertical plat en ressaut qui évoque un support (un pilier engagé). Il peut être muni d’une base et d’un chapiteau. et corniche de noyer, contre-cœur en grèsTerre cuite de texture serrée, légèrement vitrifiée, glaçurée ou non. Le grès désigne également une famille de pierres composées de silice. réfractaire sculpté par Mathieux de vieux sceaux des seigneurs de Woluwe et de Stockel ; taque armoriée, hotteLa hotte d'une cheminée est le départ de son conduit, au-dessus du manteau. et chenet avec initiales « SWP » pour la cheminée, commandés à Mergam en 1966. HotteLa hotte d'une cheminée est le départ de son conduit, au-dessus du manteau. bombée, sculptée en grèsTerre cuite de texture serrée, légèrement vitrifiée, glaçurée ou non. Le grès désigne également une famille de pierres composées de silice. de Brauvilliers par l'artiste Robert Degeneve, vers 1967, représentant la légende locale des chaudrons. Peinture sur panneaux inspirée de la RenaissanceLe style néo-Renaissance (de 1860 à 1914 environ) puise son inspiration dans l'architecture de la Renaissance, un courant artistique né en Italie au XVe siècle qui cherchait à ressusciter l’architecture de l'Antiquité gréco-romaine. italienne, formant friseBande horizontale, décorée ou non, située au milieu de l’entablement. Par extension, suite d’ornements en bande horizontale. continue, réalisée par le même Degeneve vers 1967, évoquant diverses scènes de la vie à Woluwe : le Val Duchesse, des chevaliers et hommes d'armes du Moyen Âge, Philippe le Bon et sa cour, l'humanisme d'Érasme, la forêt de Soignes et la chasse, des scènes paysannes avec la vieille église Saint-Pierre, la ferme de Bemel et le château Kieffelt. Mobilier et menuiserieÉléments de bois relevant de l’art du menuisier. Pour une façade, le mot peut désigner les portes, les châssis, les éventuelles logettes et la corniche. Par extension, le terme désigne également l'huisserie métallique et en PVC. en placage de noyer. Porte d'entrée monumentale surmontée d'une imposteUn élément dit en imposte se situe à hauteur du sommet des piédroits. Imposte de menuiserie ou jour d’imposte. Ouverture dans la partie supérieure du dormant d’une menuiserie. à vitrail. Bibliothèque avec fausses reliures cachant une porte dérobée menant anciennement dans la tour. Fauteuils en noyer garnis de simili-cuir. Les cabinets des échevins sont décorés avec moins de faste. Ébénisterie, pour l'essentiel plaquée de noyer, composée de bureaux à pieds en lyre, d'imposantes bibliothèques à frontonCouronnement de forme triangulaire ou courbe, à tympan et cadre mouluré formé de corniches. et de cache-radiateurs panneautés. Dans la salle du Collège, au fond du couloir, parquet orné d'une grande rosace, vaste tablePetite surface plane décorative, carrée ou rectangulaire. En menuiserie, on utilisera plus volontiers le terme panneau. cintrée de plan et longues consolesPièce de pierre, de bois ou de métal partiellement engagée dans un mur et portant un élément en surplomb. La console se distingue du corbeau par ses dimensions plus grandes et par le fait qu’elle s’inscrit grosso modo dans un triangle rectangle. La console désigne également des éléments non porteurs, mais apparentés d’un point de vue formel à une console. d'applique parées de placage de frêne. Lustre en verre de Venise.
Le Centre culturel et de congrès, dans le bloc A, aménagé par le décorateur Christophe Gevers, relève d'un tout autre esprit, tant pour le programme, guidé par le souci de constituer des espaces fonctionnels, que par l'esthétique basée sur des matériaux apparents mis en œuvre avec une grande sobriété. La salle de spectacle projetée en sous-sol par Vermeiren, dont les dimensions sont jugées, en 1971, hors de proportion avec les besoins, est conçue de manière à pouvoir être partagée en salles de 300, 600 et 820 places, au moyen de cloisons mobiles. Une salle de mariage de 200 places, polyvalente, toute de marbre blanc à plafond porté par des piliersSupport vertical de plan carré., est créée à l'étage intermédiaire. La salle prévue au départ pour des guichets du service population est transformée en bibliothèque. La monumentale salle des pas perdus devient une salle polyvalente et les dégagements comportent discothèque et bureaux. Des niveaux intermédiaires sont ajoutés de manière à former de grandes pièces à plafond relativement bas. Sols parés de dalles de marbre de Carrare, formant bandeauxÉlément horizontal, soit en saillie et de section rectangulaire, soit dans le plan de la façade. de largeur différente, murs en briques apparentes. Plafonds parés de lattes métalliques laquées ou sobrement plafonnés. Portes en verre Sécurit. Escaliers à rampe tubulaire ou constituée d'un simple bandeauÉlément horizontal, soit en saillie et de section rectangulaire, soit dans le plan de la façade. de tôle. En sous-sol, petit cabaret littéraire, composé de banquettes en béton armé peintes en rouge, formant un jeu de volumes. Petites tablesPetite surface plane décorative, carrée ou rectangulaire. En menuiserie, on utilisera plus volontiers le terme panneau. en bois sur pied rectangulaire en béton. Plafond paré de tapis à longs poils.
Au 1er étage du bloc A, salle Fabry, aménagée entre 1997 et 2000 par l'architecte Lanotte dans un style postmoderne. Vaste salle rectangulaire à plafond légèrement concave, partiellement tendu de toiles. Monumental podium couvert de zinc, cintré en plan et en élévation. Passerelles sur les longs côtés, à assiseRang d’éléments de même hauteur posés de niveau dans une maçonnerie. L’assise désigne également la plate-forme d’un balcon ou d'une logette, portée d’ordinaire par des consoles et sur laquelle repose le garde-corps. couverte de panneaux plaqués d'érable sycomore, galbée d'un profil analogue à celui d'une aile d'avion. Garde-corpsOuvrage de clôture qui ferme un balcon, une terrasse, une porte-fenêtre, une gaine d'ascenseur... à câbles tendus, en acier inoxydable. Mur du fond couvert de panneaux revêtus d'érable. Long couloir devançant la salle, décoré d'une monumentale toile du peintre Fabry.
Historique
Durant la 1re moitié du XIXe siècle, l'administration de la commune rurale de Woluwe-Saint-Pierre ne possède pas de locaux propres. La 1re maison communale est bâtie en 1860 à l'angle des actuelles rues René Declercq et Louis Thys, une sobre maison de briques à pignons à gradinsPignon dont les rampants sont étagés en escalier, à la manière de gradins. d'inspiration Renaissance flamande, servant également d'école communale. Elle sera démolie en 1958. L'augmentation spectaculaire de la population de la commune au cours du XXe siècle entraîne une expansion constante des services administratifs. Ceux-ci se retrouvent rapidement éparpillés dans différents immeubles de bureaux, des locaux fort modestes comparés aux prestigieuses villas qui se construisent dans la commune.
Le Conseil communal se penche à de multiples reprises sur l'opportunité de construire de nouveaux locaux. Divers projets visant à l'érection d'un hôtel communal de prestige se succèdent. Un 1er emplacement est choisi en 1913 et des terrains sont achetés à l'angle des avenues Jules De Trooz et Charles Thielemans. En 1920, un projet de maison communale par l'architecte Alexis Dumont reste dans les cartons. Des plans approuvés par l'arrêté royal du 07.12.1925 prévoient la construction d'une maison communale bordée de deux artères reliant les avenues de Tervueren et Thielemans. Le projet est abandonné et, sur cet emplacement, l'arrêté royal du 18.03.1938 décrète la création de l'actuelle avenue Don Bosco.
En 1931, l'ancien palais RenaissanceLe style néo-Renaissance (de 1860 à 1914 environ) puise son inspiration dans l'architecture de la Renaissance, un courant artistique né en Italie au XVe siècle qui cherchait à ressusciter l’architecture de l'Antiquité gréco-romaine. du cardinal Granvelle du quartier de la Putterie au centre-ville, occupé par l'Université libre de Bruxelles, est voué à la démolition en raison des travaux de la jonction Nord-Midi. La commune de Woluwe-Saint-Pierre acquiert ses façades dans le but de les réemployer dans l'édification d'une nouvelle maison communale à l'angle de la rue Félix Poels et de l'avenue Thielemans, à l'emplacement de l'actuelle place des Maïeurs. Le 16.01.1931, le Conseil communal charge l'entrepreneur Jean-Baptiste De Quanter De Vogelaer du démontage pierre par pierre et de la mise sur camion des façades du palais.
L'arrêté royal du 19.06.1931 approuve l'expropriation de plusieurs bâtiments pour la création de la place publique devançant l'hôtel communal projeté. Le projet est probablement rapidement abandonné puisqu'en février 1939, il est question dans un rapport d'équarrir les pierres bleues non historiées du palais pour réaliser des bordures de trottoir, ce qui semble chose faite vers 1944. Avant 1943, une partie des pierres blanches historiées est réutilisée pour ériger une colonnadeRangée de colonnes et l'entablement qu'elles supportent. au cimetière de Stockel. Le reste des pierres sculptées disparaît progressivement, vendu à divers particuliers.
Durant les années 1940 et 1950, de nouveaux locaux administratifs provisoires voient le jour1. Ouverture vitrée dans une menuiserie ou baie de petite dimension; 2. Vide autour duquel se développent certains escaliers tournants. à l'angle de l'avenue Thielemans et de la rue Declercq. En 1941, le Collège charge l'architecte Vanvlasselaer de construire un petit bâtiment, rue Declercq no 7. En 1954, l'architecte communal Knippenberg dessine d'autres bureaux provisoires, bâtis en 1958 au no 2 de l'avenue Thielemans.
Parallèlement, de nouvelles pistes pour l'érection d'un hôtel communal de prestige sont envisagées. Un projet d'emplacement face aux étangs Mellaerts, avenue de Villalobar, est adopté par le Conseil communal le 06.08.1940. En octobre 1945, un avant-projet de maison communale de plan triangulaire, avec cour centrale et tour à clocher à bulbe, est dessiné par l'architecte-urbaniste Marcel Schmitz, à l'angle de l'avenue de Tervueren et de l'actuel boulevard de la Woluwe, sur l'assiette qu'occupe aujourd'hui l'avenue des Prisonniers politiques. En 1947, un projet prévoit l'acquisition du Manoir d'Anjou et sa transformation en maison communale.
L'emplacement actuel est finalement choisi le 02.02.1948. L'arrêté royal du 31.01.1949 approuve un plan général d'alignement et d'expropriation des terrains choisis, situés dans une forte dépression en cuvetteEspace libre dans la partie inférieure de la gaine qui accueille certains éléments techniques tels que les amortisseurs, la poulie du limiteur de vitesse. entre les rues Paul Lancsweert, Louis Ceusters, François Gay et l'avenue Thielemans. Les terrains servent alors à la culture maraîchère et la plupart de leurs propriétaires sont établis rue Gay. Ils sont acquis ou échangés en 1949 et 1950. D'autres sont expropriés au terme d'une procédure judiciaire qui n'aboutira qu'en 1952.
Le Conseil communal décide d'organiser un concours de projets pour la construction du futur édifice. Un jury composé en grande partie d'architectes, présidé par le bourgmestre Jean-Marie Evrard, est mis sur pied. Au programme figurent les diverses superficies à affecter aux locaux. Les concurrents sont en outre invités, pour l'élaboration des façades, « à s'inspirer du style régional brabançon, adapté à notre époque ». Le projet des architectes Guillaume (alias Willy) Vermeiren et Joseph-Paul Nicaise est élu lauréat, suivi de celui de l'architecte Marcel Callie, dont le vocabulaire architectural puise directement dans le style Renaissance flamande. Le projet du peintre Jean Baltus et de l'architecte Philippe Dumont est classé 3e. Enfin, toute une série de projets sont classés 4es ex-aequo : ceux des architectes Jean Petit, René Coppens, un second projet de Vermeiren et Nicaise, Pierre Puissant, Raymond Moenaert, Robert Thoelen et J. B. Verstegen, Marcel Malcorps. Parmi les projets éliminés, citons ceux de l'architecte Joseph Diongre associé à son gendre, l'architecte Maurice Houyoux, d'Alexis Dumont et de Willem Minnigh.
Le projet primé de Vermeiren et Nicaise est adopté par le Conseil communal le 02.06.1950. II restera cependant dans les cartons jusqu'en 1959, faute d'avoir rallié une majorité suffisante pour être mis en œuvre. Vers janvier 1959, le parti « chrétien », autrement nommé « groupe Evrard », obtient la majorité absolue au Conseil communal. Le nouveau programme du bourgmestre Jean-Marie Evrard comprend la construction de l'hôtel communal sur base des plans primés. Ceux-ci, vieux de dix ans, font déjà l'objet de vives critiques. On leur reproche, avant même le début des travaux, de ne tenir aucun compte de l'évolution de l'architecture moderne, de pécher par excès de faste et de grandeur.
La décision est prise d'entreprendre la construction bloc par bloc, pour éviter de grever les finances. L'architecte Vermeiren dirige les travaux seul, sans son collaborateur Nicaise. L'aile administrative, dite « bloc B », à front de la rue Lancsweert, est bâtie en premier lieu. Le gros-œuvre est réalisé par l'entreprise Wittebort & Fils. Les travaux de fondation sont entamés au début de l'année 1961. La première pierre, pompeusement sculptée d'un texte commémoratif en latin, est posée le 10.06.1961. Les travaux de toiture se terminent en mars 1963.
Le nœud central du bâtiment, dénommé « bloc X », consistant en la partie avec tour située au croisement des deux ailes, est entamé alors que le gros-œuvre du bloc B est toujours en cours. Le bloc est sous toit et son parachèvement est entamé vers mai 1964. La maçonnerie de la tour est terminée en juillet 1964. Sa flèche est posée en septembre 1965.
Les parachèvements des blocs B et X sont menés de concert. Les soumissions ont lieu à la fin de l'année 1962 pour les travaux d'enduitL'enduit est un revêtement de plâtre, de mortier, de stuc, de ciment, de lait de chaux, de simili-pierre, etc., de menuiserieÉléments de bois relevant de l’art du menuisier. Pour une façade, le mot peut désigner les portes, les châssis, les éventuelles logettes et la corniche. Par extension, le terme désigne également l'huisserie métallique et en PVC. (entreprise Eugène Smits), de quincaillerieEnsemble des éléments métalliques fixés à une menuiserie : gonds, serrures, etc. (entrepreneur Victor Mergam) et de revêtement de sol (parqueterie De Waele). M. Entremon est déclaré adjudicataire le 13.07.1963 pour les travaux de ferronnerieÉléments en fer d’une construction, qu’ils soient en fer forgé, en fonte ou dans un autre matériau ferreux.. Les devis, plans et cahiers des charges pour l'ameublement des locaux de prestige sont approuvés le 22.11.1965. Les travaux sont menés par l'entrepreneur Max Deyaert. La lustrerie et les appliques électriques sont réalisées et placées en 1965 par les établissements Fiset, sur base de dessins de Vermeiren. Les vitraux sont l'œuvre du maître-verrier Jacques Colpaert de Schaerbeek. Les bâtiments sont occupés progressivement par l'administration à partir de novembre 1965.
Les travaux de gros-œuvre de l'aile parallèle à l'avenue Thielemans, le « bloc A », sont entamés près de deux ans après l'achèvement des deux 1ers blocs. Adjugés en janvier 1967 à l'entreprise Liekens en zonen, ils débutent le 01.06.1967 par l'excavation des fondations, suivie par le forage et le placement des pieux Franqui. L'histoire de ce chantier est jalonnée par de multiples incidents entraînant retards et arrêts des travaux, qui se solderont par l'abandon du chantier par les ouvriers le 03.06.1970, suivi de la mise en faillite de l'entrepreneur, publiée au Moniteur belge du 23.09.1970.
En janvier 1971 a lieu un changement de majorité communale. François Persoons devient bourgmestre. Le nouveau pouvoir hérite d'une situation difficile : les travaux sont à l'arrêt depuis plus d'un an. La charpente est exécutée, mais pas sa couverture, de sorte que le bloc est abandonné aux intempéries. Les travaux de parachèvement, adjugés à divers entrepreneurs à la fin de l'année 1968 et en 1969, n'ont pu être entamés en raison de l'arrêt de l'entreprise de gros-œuvre et des démêlés judiciaires qui lui sont associés.
Les goûts et les mentalités ayant changé, le programme de l'architecte Vermeiren ne rencontre plus l'approbation du nouveau collège. Une nouvelle étude est confiée en juillet 1971 au décorateur Christophe Gevers, auteur du Passage 44 à Bruxelles, œuvrant en collaboration avec le Service communal de Belgique. L'idée maîtresse est d'aboutir à un aménagement de conception « rationnelle et avantageuse ». Le nouveau Conseil communal demande des matériaux sobres, une décoration « moderne et discrète ».
Les travaux de gros-œuvre restants, confiés à l'entreprise De Schepper, reprennent vers mars 1971. Gevers négocie en 1972 avec les entrepreneurs adjudicataires de l'ancien programme. Moyennant dédommagement pour perte d'entreprise, la marbrerie SA Carrières et Usines Dejaiffe, le ferronnier Victor Mergam, la firme Simonis pour le mobilier et l'entreprise de menuiserieÉléments de bois relevant de l’art du menuisier. Pour une façade, le mot peut désigner les portes, les châssis, les éventuelles logettes et la corniche. Par extension, le terme désigne également l'huisserie métallique et en PVC. Eugène Smits SPRL acceptent d'adapter leurs commandes au nouveau programme. Les travaux de lustrerie sont adjugés en août 1973 à la SPRL Putman Frère. La société De Coene & Cie est adjudicataire le 27.06.1975 pour des travaux de mobilier supplémentaires. La maison de la culture et un centre de congrès sont inaugurés le 18.09.1975. La placette nouvellement aménagée devant la nouvelle construction est inaugurée le 15.04.1976 et baptisée esplanade Paul-Henri Spaak.
Au 1er étage du bloc A, Vermeiren avait prévu une monumentale salle du Collège et des mariages. Le programme Gevers de 1971 modifie le volume initial en créant un niveau intermédiaire, réduisant par deux la hauteur de la salle. À l'étage inférieur est établie la salle dite « Bal 300 », une salle polyvalente pouvant accueillir environ 300 personnes. L'étage supérieur est cloisonné et subdivisé en bureaux.
Fin 1997, le Collège lance un concours d'idée pour le réaménagement des lieux, appelés depuis lors salle Fabry. Le lauréat du concours est l'architecte Thierry Lanotte. La rénovation est terminée en janvier 2000. L'étage intermédiaire des années 1970 est supprimé et la salle retrouve le volume spacieux du projet de 1949.
Bordant l'avenue Thielemans se dresse une haute sculpture-fontaine en granit rose devançant un bassin, œuvre du sculpteur français Jean-Paul Philippe, intitulée « La Lune Embarque ». Inaugurée le 23.11.2002, elle remplace une fontaine lumineuse dessinée par Vermeiren.
Style
Le style du bâtiment, qualifié par ses contemporains de « style brabançon adapté à notre époque », est caractéristique du renouveau de l'architecture nationale des années 1945-1955, courant conservateur dominant l'architecture de l'immédiate après-guerre. La volonté affichée est de renouer avec les traditions locales de l'Ancien Régime, par une recherche formelle tournant le dos aux innovations de l'architecture d'avant-garde de l'entre-deux-guerres.
L'hôtel communal incarne de manière monumentale l'esthétique d'une génération qui, au sortir de la guerre, veut vivre de manière moderne tout en marquant son attachement à la tradition. Elle recherche dans cette dernière dignité et intemporalité. Parallèlement, les conceptions les plus récentes sont mises en œuvre, tant pour les techniques de construction que pour les plans et le confort intérieur.
Pour les façades de l'hôtel communal, l'architecte renoue avec les matériaux traditionnels : pierre blanche, brique rouge et ardoise naturelle. Les matériaux de la modernité hérités de l'entre-deux-guerres, tel le béton armé, sont employés de manière intensive, mais toujours dissimulés sous des parements de matériaux « nobles ». La référence au programme de l'hôtel de ville flamand de la RenaissanceLe style néo-Renaissance (de 1860 à 1914 environ) puise son inspiration dans l'architecture de la Renaissance, un courant artistique né en Italie au XVe siècle qui cherchait à ressusciter l’architecture de l'Antiquité gréco-romaine. est manifeste : haute tour affirmant les libertés communales, balcon d'honneur du bourgmestre, escalier monumental. Il en va de même pour les références formelles au vocabulaire de l'architecture traditionnelleEn briques et en grèsLa maçonnerie en briques est combinée à des éléments en pierre blanche (par exemple pour la plinthe, l’encadrement des baies, la corniche, ...), alors que l’intérieur se compose d’éléments en bois. Ces immeubles sont couverts par une toiture en bâtière et affichent souvent un pignon à gradins (XVIe-XVIIIe siècles).En colombageUne construction en colombage se compose de terre glaise appliquée sur un squelette en bois, renforcé par un tressage (jusqu’au XIXe siècle). : sculptures ornementales figuratives, frontonsCouronnement de forme triangulaire ou courbe, à tympan et cadre mouluré formé de corniches., arcsStructure appareillée de couvrement, cintrée selon un profil donné. surbaissés à clefClaveau central d’un arc ou d’une plate-bande. Il s’agit d’un élément architectonique. Le terme s'utilise également pour des éléments purement décoratifs qui évoquent une clef à rôle structurel., hautes toitures couvertes d'ardoises, lucarnesOuvrage construit sur un toit et permettant d’éclairer le comble par une ou plusieurs fenêtres.. L'iconographie choisie pour les sculptures et les décors intérieurs, déterminée en collaboration avec l'historien local Pierre Falkenback, renvoie à l'histoire locale de l'Ancien Régime, avec un faste que ne connut pourtant pas le petit village sans prétention qu'était encore Woluwe-Saint-Pierre au XIXe siècle.
Si les références au passé sont nettes, l'interprétation se distingue cependant du pastiche. Les techniques mises en œuvre, les lignes monumentales, simplifiées et géométrisées, les proportions et dispositions des baiesOuverture, d'ordinaire une porte ou une fenêtre, ménagée dans un pan de mur, ainsi que son encadrement. dans lesquelles transparaît ça et là une influence moderniste, renvoient sans ambiguïté à l'époque de construction.
L'hôtel communal de Woluwe-Saint-Pierre, dessiné en 1949, ne voit sa première pierre posée qu'en 1961, époque à laquelle son style avait déjà cédé le pas au modernismeLe modernisme (à partir des années 1920) est un courant international prônant la suprématie de la fonction sur la forme. Il se caractérise par l’emploi de volumes géométriques élémentaires, de la toiture plate, des fenêtres en bandeau et des matériaux modernes comme le béton armé. drastique, appliqué aux bâtiments administratifs bruxellois dès la fin des années 1950. La construction des diverses ailes du bâtiment reste malgré tout étonnamment fidèle au même programme jusqu'en 1971. Les plans sont alors vieux de plus de vingt ans. La réalisation presque complète de cet imposant complexe prolongeant tardivement l'esthétique de l'immédiate après-guerre tient vraisemblablement à l'exceptionnelle longévité de Jean-Marie Evrard comme bourgmestre. Il présida en 1949 le concours d'architecture qui a vu primer les plans du bâtiment et n'abandonnera l'écharpe maïorale qu'en 1971. Ses successeurs s'empresseront d'ailleurs, dès cette date, de mettre fin à la mission de l'architecte Vermeiren « dans l'intérêt d'un style moderne et sobre » et d'adopter un programme radicalement moderniste pour les derniers travaux à effectuer, c'est-à-dire pour l'aménagement intérieur du centre culturel. Ce revirement explique également l'abandon des parties du programme initial dont le gros-œuvre n'était pas achevé en 1971. L'actuel avant-corps à portail monumental du bloc A devait initialement être dominé par deux statues colossales et devancé d'un escalier d'honneur de pierre blanche à deux volées droites menant directement de l'esplanade à la salle des mariages du 1er étage. Par ailleurs, deux petites ailes devaient s'élever perpendiculairement au bloc A, vers la rue Gay.
Description
Monumental bâtiment, à deux niveaux sur caves hautesSous-sol à demi enterré, surélevant le rez-de-chaussée., d'environ treize mètres de hauteur sous corniche, comprenant deux ailes agencées selon un plan en L, à l'intersection desquelles s'élève une haute tour. Façades de briques rouges rugueuses de Boom, appareillées de manière traditionnelle, sur soubassementPartie massive d’un bâtiment construite au sol et constituant l’assise du bâtiment. À Bruxelles, le soubassement est d’ordinaire en pierre bleue. de pierre blanche. BaiesOuverture, d'ordinaire une porte ou une fenêtre, ménagée dans un pan de mur, ainsi que son encadrement. des 1er et 2e étages à encadrement de pierre blanche. Sculptures figuratives extérieures par le sculpteur Alcide Mathieux d'Etterbeek. Haute toiture, culminant à une trentaine de mètres, où s'étagent trois rangs de lucarnesOuvrage construit sur un toit et permettant d’éclairer le comble par une ou plusieurs fenêtres., définissant trois niveaux de comblesEspace intérieur de la toiture..
La tour est haute de 65 mètres. À son r.d.ch., une porte d'entrée grillagée devancée d'un escalier mène au hall abritant le service de la population. Sur l'angle de la tour, à hauteur du 1er étage, balcon d'apparat du bourgmestre, en pierre blanche, à parapetUn parapet en maçonnerie est un muret servant de garde-corps. de pierre ajouré de carrés. Large baieOuverture, d'ordinaire une porte ou une fenêtre, ménagée dans un pan de mur, ainsi que son encadrement. rectangulaire sur l'angle. Sculptures figuratives réalisées vers 1964-1965 : sirène allégorique de la Woluwe, formant le culot du balcon, saint Pierre flanqué des armoiries communales, couronnant la baieOuverture, d'ordinaire une porte ou une fenêtre, ménagée dans un pan de mur, ainsi que son encadrement.. Partie supérieure de la tour ajourée de six petites fenêtres à arcStructure appareillée de couvrement, cintrée selon un profil donné. en plein cintreUn élément est dit en plein cintre lorsqu’il est cintré en demi-cercle. superposées, désaxées vers l'angle. Cadran d'horloge à sculptures en grèsTerre cuite de texture serrée, légèrement vitrifiée, glaçurée ou non. Le grès désigne également une famille de pierres composées de silice. cérame figurant les signes du zodiaque, réalisées en octobre 1963. Carillon électronique placé en 1969, actionnant dix-huit cloches en bronze fondues par Michiels de Louvain. Corniche en pierre blanche. LanternonPetite construction de plan centré, située au faîte du toit. octogonal paré de schiste, coiffé d'une flèche en cuivre réalisée aux ateliers Ribaut à Drogenbos.
Le bloc A, parallèle à l'avenue Thielemans, présente, à l'étage, des baiesOuverture, d'ordinaire une porte ou une fenêtre, ménagée dans un pan de mur, ainsi que son encadrement. à porte-fenêtre devancée d'un balcon à garde-corpsOuvrage de clôture qui ferme un balcon, une terrasse, une porte-fenêtre, une gaine d'ascenseur... en fer forgéFer façonné à chaud sur l’enclume, utilisé pour réaliser des éléments architecturaux comme des garde-corps, des ancres, des grilles, des épis de faîtage., s'inscrivant dans une embrasureEspace intérieur d’une baie. profonde. Celle-ci est ornée de métopesDans une frise d’entablement, surface nue ou ornementée qui alterne avec les triglyphes. en pierre d'Euville sculptées en 1968 et 1969, figurant des blasons liés à la commune et à la province de Brabant.
Le bloc est devancé, sur sa droite, d'un avant-corps à portail monumental en pierre blanche. L'architecture de cet avant-corps est simplifiée en 1972 à la faveur du nouveau programme. Un monumental escalier devait s'adosser à cet endroit. L'avant-corps est percé, à l'étage, d'une vaste baieOuverture, d'ordinaire une porte ou une fenêtre, ménagée dans un pan de mur, ainsi que son encadrement. à arcStructure appareillée de couvrement, cintrée selon un profil donné. surbaisséUn élément est dit surbaissé lorsqu’il est cintré en arc de cercle inférieur au demi-cercle. et profonde embrasureEspace intérieur d’une baie. en biais. Lettres découpées en pierre blanche, formant l'inscription « WOLUWE St p WOLUWE », sous la corniche. Sculptures en pierre bleue figurant des sirènes, réalisées en 1971, amortissant les angles de la lucarneOuvrage construit sur un toit et permettant d’éclairer le comble par une ou plusieurs fenêtres..
Façade arrière, rue Lancsweert, marquée par la saillie de l'avant-corps abritant la cage d'escalierEspace à l'intérieur duquel se développe un escalier. et ouvert sur toute sa hauteur d'une monumentale baieOuverture, d'ordinaire une porte ou une fenêtre, ménagée dans un pan de mur, ainsi que son encadrement. rectangulaire, divisée en quarante fenêtres par des croiséesBaie à croisée. Baie divisée par des meneau(x) et traverse(s) se croisant à angle droit. de meneauxÉlément vertical de pierre ou de métal divisant une baie..
Les deux ailes devancent une esplanade monumentale d'une cinquantaine de mètres de profondeur. Quatre vasques fleuries reliées par des chaînes, sculptées par Mathieux en 1967, d'après un projet de Vermeiren de 1966. Réverbères de bronze également dessinés par Vermeiren.
Intérieur
L'aménagement intérieur demeure, dans les blocs B et X, celui conçu par l'architecte Vermeiren, dans l'esprit du projet initial de 1949. L'architecte s'est attaché à dessiner tous les détails intérieurs, jusqu'à la lustrerie, au mobilier et à la quincaillerieEnsemble des éléments métalliques fixés à une menuiserie : gonds, serrures, etc. d'ameublement. Le r.d.ch. est divisé en guichets vitrés à minces frontonsCouronnement de forme triangulaire ou courbe, à tympan et cadre mouluré formé de corniches. de chêne. Grand hall population du bloc X, terminé en mars 1966, à plafond à voûtes en pendentif, agrémentées de rosaces sculptées en 1965 par Mathieux, représentant d'anciens sceaux du Brabant. Vitraux de verre antique à plombs, à mascaronsDécor sculpté figurant un visage humain ou un masque. reproduisant des pièces de monnaie stylisées des époques évoquées par les blasons du plafond. L'ensemble est réalisé sur base de cartons du sculpteur Mathieux, par le maître-verrier Jacques Colpaert. Sol en « cassons » de marbre blanc avec bouchons de marbre noir. Au fond du hall, un escalier monumental mène aux étages.
Le 1er étage rassemble les locaux de prestige : les cabinets des bourgmestre et échevins ainsi que la salle du Collège. Le sol des bureaux est revêtu de parquet aux dessins géométriques complexes, combinant des bois d'essences différentes.
L'accès s'effectue par une vaste menuiserieÉléments de bois relevant de l’art du menuisier. Pour une façade, le mot peut désigner les portes, les châssis, les éventuelles logettes et la corniche. Par extension, le terme désigne également l'huisserie métallique et en PVC. de chêne enserrant des vitraux, ouvrant sur un grand hall, décoré de deux peintures monumentales du peintre Émile Fabry : d'un côté « Moïse devant Adam et Eve chassés du Paradis », de l'autre, « Eschyleia », un épisode de la vie de Prométhée. Un autre panneau monumental du même peintre, « l'effort », décore le bureau situé à gauche du hall. À droite de ce dernier, les cabinets des bourgmestre et échevins se répartissent de part et d'autre d'un long couloir, derrière de doubles portes monumentales en placage de noyer, à panneaux carrés revêtus de parchemin, placées vers 1965.
Sur la droite du couloir, éclairant le secrétariat, vitraux figurant les Arts et les Sciences. À gauche, la 1re porte monumentale, à commande électrique, ouvre sur le cabinet du bourgmestre et son somptueux décor. Antichambre devançant ce cabinet, à murs à décor de staff, vers 1965, constitué de pilastresÉlément vertical plat en ressaut qui évoque un support (un pilier engagé). Il peut être muni d’une base et d’un chapiteau. portant des frontonsCouronnement de forme triangulaire ou courbe, à tympan et cadre mouluré formé de corniches.. Sol en marbre de Carrare marqueté d'une étoile. Deux petites fontaines à fût de colonne cannelée portant une vasque en marbre de Carrare, sommées d'une sculpture de bronze symbolisant la forêt et la Woluwe, œuvres du sculpteur Liliane Denet.
Le cabinet du bourgmestre proprement dit est une vaste pièce à plafond à fausse poutraison de chêne. Cheminée monumentale à pilastresÉlément vertical plat en ressaut qui évoque un support (un pilier engagé). Il peut être muni d’une base et d’un chapiteau. et corniche de noyer, contre-cœur en grèsTerre cuite de texture serrée, légèrement vitrifiée, glaçurée ou non. Le grès désigne également une famille de pierres composées de silice. réfractaire sculpté par Mathieux de vieux sceaux des seigneurs de Woluwe et de Stockel ; taque armoriée, hotteLa hotte d'une cheminée est le départ de son conduit, au-dessus du manteau. et chenet avec initiales « SWP » pour la cheminée, commandés à Mergam en 1966. HotteLa hotte d'une cheminée est le départ de son conduit, au-dessus du manteau. bombée, sculptée en grèsTerre cuite de texture serrée, légèrement vitrifiée, glaçurée ou non. Le grès désigne également une famille de pierres composées de silice. de Brauvilliers par l'artiste Robert Degeneve, vers 1967, représentant la légende locale des chaudrons. Peinture sur panneaux inspirée de la RenaissanceLe style néo-Renaissance (de 1860 à 1914 environ) puise son inspiration dans l'architecture de la Renaissance, un courant artistique né en Italie au XVe siècle qui cherchait à ressusciter l’architecture de l'Antiquité gréco-romaine. italienne, formant friseBande horizontale, décorée ou non, située au milieu de l’entablement. Par extension, suite d’ornements en bande horizontale. continue, réalisée par le même Degeneve vers 1967, évoquant diverses scènes de la vie à Woluwe : le Val Duchesse, des chevaliers et hommes d'armes du Moyen Âge, Philippe le Bon et sa cour, l'humanisme d'Érasme, la forêt de Soignes et la chasse, des scènes paysannes avec la vieille église Saint-Pierre, la ferme de Bemel et le château Kieffelt. Mobilier et menuiserieÉléments de bois relevant de l’art du menuisier. Pour une façade, le mot peut désigner les portes, les châssis, les éventuelles logettes et la corniche. Par extension, le terme désigne également l'huisserie métallique et en PVC. en placage de noyer. Porte d'entrée monumentale surmontée d'une imposteUn élément dit en imposte se situe à hauteur du sommet des piédroits. Imposte de menuiserie ou jour d’imposte. Ouverture dans la partie supérieure du dormant d’une menuiserie. à vitrail. Bibliothèque avec fausses reliures cachant une porte dérobée menant anciennement dans la tour. Fauteuils en noyer garnis de simili-cuir. Les cabinets des échevins sont décorés avec moins de faste. Ébénisterie, pour l'essentiel plaquée de noyer, composée de bureaux à pieds en lyre, d'imposantes bibliothèques à frontonCouronnement de forme triangulaire ou courbe, à tympan et cadre mouluré formé de corniches. et de cache-radiateurs panneautés. Dans la salle du Collège, au fond du couloir, parquet orné d'une grande rosace, vaste tablePetite surface plane décorative, carrée ou rectangulaire. En menuiserie, on utilisera plus volontiers le terme panneau. cintrée de plan et longues consolesPièce de pierre, de bois ou de métal partiellement engagée dans un mur et portant un élément en surplomb. La console se distingue du corbeau par ses dimensions plus grandes et par le fait qu’elle s’inscrit grosso modo dans un triangle rectangle. La console désigne également des éléments non porteurs, mais apparentés d’un point de vue formel à une console. d'applique parées de placage de frêne. Lustre en verre de Venise.
Le Centre culturel et de congrès, dans le bloc A, aménagé par le décorateur Christophe Gevers, relève d'un tout autre esprit, tant pour le programme, guidé par le souci de constituer des espaces fonctionnels, que par l'esthétique basée sur des matériaux apparents mis en œuvre avec une grande sobriété. La salle de spectacle projetée en sous-sol par Vermeiren, dont les dimensions sont jugées, en 1971, hors de proportion avec les besoins, est conçue de manière à pouvoir être partagée en salles de 300, 600 et 820 places, au moyen de cloisons mobiles. Une salle de mariage de 200 places, polyvalente, toute de marbre blanc à plafond porté par des piliersSupport vertical de plan carré., est créée à l'étage intermédiaire. La salle prévue au départ pour des guichets du service population est transformée en bibliothèque. La monumentale salle des pas perdus devient une salle polyvalente et les dégagements comportent discothèque et bureaux. Des niveaux intermédiaires sont ajoutés de manière à former de grandes pièces à plafond relativement bas. Sols parés de dalles de marbre de Carrare, formant bandeauxÉlément horizontal, soit en saillie et de section rectangulaire, soit dans le plan de la façade. de largeur différente, murs en briques apparentes. Plafonds parés de lattes métalliques laquées ou sobrement plafonnés. Portes en verre Sécurit. Escaliers à rampe tubulaire ou constituée d'un simple bandeauÉlément horizontal, soit en saillie et de section rectangulaire, soit dans le plan de la façade. de tôle. En sous-sol, petit cabaret littéraire, composé de banquettes en béton armé peintes en rouge, formant un jeu de volumes. Petites tablesPetite surface plane décorative, carrée ou rectangulaire. En menuiserie, on utilisera plus volontiers le terme panneau. en bois sur pied rectangulaire en béton. Plafond paré de tapis à longs poils.
Au 1er étage du bloc A, salle Fabry, aménagée entre 1997 et 2000 par l'architecte Lanotte dans un style postmoderne. Vaste salle rectangulaire à plafond légèrement concave, partiellement tendu de toiles. Monumental podium couvert de zinc, cintré en plan et en élévation. Passerelles sur les longs côtés, à assiseRang d’éléments de même hauteur posés de niveau dans une maçonnerie. L’assise désigne également la plate-forme d’un balcon ou d'une logette, portée d’ordinaire par des consoles et sur laquelle repose le garde-corps. couverte de panneaux plaqués d'érable sycomore, galbée d'un profil analogue à celui d'une aile d'avion. Garde-corpsOuvrage de clôture qui ferme un balcon, une terrasse, une porte-fenêtre, une gaine d'ascenseur... à câbles tendus, en acier inoxydable. Mur du fond couvert de panneaux revêtus d'érable. Long couloir devançant la salle, décoré d'une monumentale toile du peintre Fabry.
Sources
Archives
ACWSP/TP 7121 à 7351.
SPC, fonds non classés.
Ouvrages
FALKENBACK, P., Historique de Woluwe-Saint-Pierre, Administration Communale de Woluwe-Saint-Pierre, 1992, pp. 143 à 146.
JURION - DE WAHA, F., La Mémoire des Pierres. Découvrez les Hôtels de Ville et les Maisons communales à Bruxelles, Bruxelles, Fondation Roi Boudouin, 1988, pp. 138-141.
Périodiques
ACWSP/TP 7121 à 7351.
SPC, fonds non classés.
Ouvrages
FALKENBACK, P., Historique de Woluwe-Saint-Pierre, Administration Communale de Woluwe-Saint-Pierre, 1992, pp. 143 à 146.
JURION - DE WAHA, F., La Mémoire des Pierres. Découvrez les Hôtels de Ville et les Maisons communales à Bruxelles, Bruxelles, Fondation Roi Boudouin, 1988, pp. 138-141.
Périodiques
CHABEAU-POELS, G., TEMMERMAN, C., « l'Hôtel Granvelle à Woluwe-Saint-Pierre », Wiluwa, 54, 1996, pp. 7-39.
« Un nouvel Hôtel communal », Architecture-Urbanisme-Habitation, 11, 1949, pp. CIV-CV, 121-128.
« Un nouvel Hôtel communal », Architecture-Urbanisme-Habitation, 11, 1949, pp. CIV-CV, 121-128.