Recherches et rédaction
Voir les biens de ce lieu repris à l'inventaireLongue, large, coudée et arborée, l'avenue Voltaire débute rue Maréchal Foch pour se voir prolonger par l'avenue Paul Deschanel, rencontrant successivement la rue Camille Simoens à droite, la rue Metsys, la rue Général Eenens et la chaussée d'Helmet, la rue Van Ysendyck à gauche, la chaussée de Haecht et enfin la rue Ernest Laude et l'avenue Ernest Renan. Elle traverse dans son dernier tronçon le large terre-plein de l'avenue Louis Bertrand.
L'avenue reprend pour une grande part l'ancien tracé du chemin de fer de ceinture, reliant la gare du quartier Léopold à la gare du Nord, créé en 1866 par la Grande Compagnie du Luxembourg et cédé en 1873 à l'État belge. Unique, cette voie passait à l'air libre à l'emplacement des actuelles avenues Deschanel et Voltaire, pour obliquer, au milieu du deuxième tronçon de l'avenue Voltaire, vers la place Verboekhoven et continuer vers la gare du Nord. Elle connaissait sur son parcours schaerbeekois pas moins de huit passages à niveau. Dangereuse, cette situation entravait en outre le bon développement de la commune. Dès 1877, le Gouvernement essaye donc d'y remédier. Après de nombreux projets et une convention entre Schaerbeek et l'État signée le 03.03.1900, il est finalement décidé par arrêté royal du 10.02.1902 de déplacer la ligne de quelques dizaines de mètres vers l'est et de la faire passer en tranchée, générant sur tout son parcours la construction de ponts. Ces travaux, à charge du Gouvernement, voient leur achèvement au début des années 1910. Sur le tracé ainsi libéré par la voie ferroviaire est prévu un large boulevard.
Sur son parcours, l'avenue Voltaire présente des physionomies multiples. Sa première section (nos2 à 16c et 3 à 19) reprend l'assise de ce qui constituait le second tronçon de la rue Fraikin, décrété par arrêté royal du 02.07.1880. De 12 mètres à l'origine, sa largeur est portée à 22 mètres, suite à l'arrêté royal du 14.12.1897, en même temps que son terre-plein central est planté de cerisiers de Virginie. Le même arrêté prévoit, en remplacement de celui situé alors autour de l'hôtel communal, la création d'un champ de foire compris entre la place Verboekhoven, les rues Metsys et Général Eenens, et le chemin de fer de ceinture. C'est ce même arrêté qui ratifie la création d'un boulevard, deuxième tronçon de l'avenue actuelle, baptisé du nom d'Émile Vande Putte, échevin des Travaux publics de cette époque. Ce boulevard, coudé, est la plus large section de l'avenue Voltaire, avec 50 mètres, notamment formés par des zones non aedificandi de 5 mètres imposées devant les constructions et par un terre-plein central de 15 mètres, planté à l'origine de tilleuls de Hollande, remplacés plus tard par des platanes. Les égouts sont percés en 1903, alors que les premières maisons y sont déjà construites. Pour monumentaliser les angles avec la rue Metsys, les immeubles de coin voient leurs façades imposées par la Commune, qui prévoit pour leur édification un subside de 4000 francs (voir nos18-18a avenue Voltaire et 73-75 rue Metsys). Le champ de foire reste à l'état de projet et le bon développement du boulevard est longtemps mis à mal par la présence, jusqu'en 1910 environ, de la ligne de chemin de fer sur une partie de son côté pair (du no52 au no88).
C'est en vertu de l'arrêté royal du 26.08.1900, confirmé par celui du 10.02.1902, qu'est entérinée la prolongation du boulevard Émile Vande Putte vers le sud suivant l'ancien tracé du chemin de fer de ceinture – désormais déporté vers l'est –, qui formera la suite de l'avenue Voltaire et l'avenue Paul Deschanel. Les arrêtés ne prévoient cette fois plus de zone non aedificandi devant les constructions, limitant la largeur de l'artère à 40 mètres. Partiellement terrassée et pavée entre 1911 et 1914, la prolongation de l'avenue Voltaire n'est définitivement achevée qu'au début des années 1920. Lors de divers conseils communaux de 1911, 1912 et 1913, certains alignements aux abords de l'avenue Louis Bertrand sont revus afin de garantir de belles perspectives vers cette artère. Ces changements ne sont ratifiés que par l'arrêté royal du 04.01.1919. À son passage à travers le terre-plein de l'avenue Louis Bertrand, l'avenue Voltaire est bordée à l'est par diverses infrastructures liées au parc Josaphat (terrains de sport, plaine de jeux).
C'est en séance du Conseil communal du 02.09.1908 que la portion du boulevard Vande Putte correspondant à l'avenue Voltaire reçoit son nom définitif.
Résidentielle, l'avenue a largement conservé sa physionomie originelle. Ses premières constructions apparaissent en 1902, ses dernières en 1964, à l'exception d'un immeuble à appartements de 2002 au no83a (architecte Bruno Erpicum & partenaires). Ses premiers tronçons sont marqués par l'éclectisme et sont riches d'enfilades cohérentes de maisons de même époque, comme celles allant du no9 au no19 (voir nos9 à 13, 17, 19) – le n°15 d'inspiration néoclassique construit vers 1900 –, du no21 au no59, ainsi que du no18-18a au no42 (voir ces numéros). Les tronçons suivants, majoritairement construits dans les années 1920, 1930 et 1950, présentent des maisons unifamiliales et de petits immeubles de rapport. Certaines constructions sont marquées par l'Art Déco, comme le no144 (architecte Louis Leemans, 1925) ou l'ensemble dû à l'architecte Paul Posno en 1922 (nos158, 160 et 162). D'autres relèvent du modernisme, très épuré dans le cas du no93, maison-atelier du peintre Georges Latinis conçue par l'architecte Victor Bourgeois en 1926, plus souvent teinté de style Paquebot, comme aux nos174 (architecte C. Desmaré, 1936) et 176 (architecte J. Gerin, 1934). La fin de l'avenue côté pair est marquée par une série d'immeubles de rapport signés par l'architecte Michel Vidy: nos170 (1936), 172 (1937), 178 à 184 (1936) et 186 à 190 (1927).
Sources
Archives
ACS/Urb. 83a: 283-83-85; 93: 283-93; 144: 283-144; 158: 283-158; 160: 283-160; 162: 283-162; 170: 283-170; 172: 283-172; 174: 283-174; 176: 283-176; 178: 283-178; 180: 283-180; 180a: 283-180a; 182: 283-182; 184: 283-184; 186 à 190: 283-186-188-190.
ACS/TP 283.
ACS/TP Infrastructure 157, 228, 392, 999.
ACS/TP Dénomination des rues I.
ACS/Bulletin communal de Schaerbeek, 1897, pp. 539-540, 1607-1608; 1900, pp. 209-218; 1901, pp. 331-332; 1902, pp. 235-239; 1903, pp. 136-138, 588, 621-622; 1911, p. 639; 1912, p. 817; 1919, p. 35; 1921, pp. 497-502.
AAM/fonds Victor Bourgeois.
Maison des Arts de Schaerbeek/fonds local.
Périodiques
VAN SANTVOORT, Linda, «Le ‘Quartier Léopold'. Une gare, un quartier», Les Cahiers de la Fonderie, 24, 1998, p. 85.