Voir les biens de ce lieu repris à l'inventaireRue rectiligne reliant la place du Châtelain à la chaussée de Waterloo, dont le tracé est fixé d'après le Plan général d'alignement pour l'ouverture de rues et places sur le territoire compris entre l'avenue du Bois de la Cambre et les chaussées de Waterloo et de Charleroi, soit le plan du quartier dit Ten Bosch, approuvé par l'arrêté royal du 20.02.1864. Elle prend alors le nom de rue du Châtelain dont elle forme le prolongement.
La rue est rectifiée par l'arrêté royal du 10.10.1879 et reçoit sa dénomination actuelle dès 1898. Un page désigne un jeune valet de noble ascendance placé auprès d'un grand seigneur, une fonction médiévale qui disparaîtra vers 1830. La rue porte ce nom en souvenir de l'époque où une partie d'Ixelles formait une châtellenie, tout comme les rues du Bailli, du Châtelain, du Prévôt, du Tabellion et du Magistrat.

Le bâti de la rue du Page est assez modeste et a subi de nombreuses transformations au fil du temps. Il est essentiellement composé de maisons édifiées vers 1900 qui adoptent le style néoclassique ou le style éclectique tel le no 19. Au no 78, on remarque un bâtiment de style éclectique formant l'angle avec la rue du Prévôt et appartenant au centre scolaire Ma Campagne (voir rue Africaine no 3). La rue du Page est également marquée par des bâtiments témoignant de la présence des métiers de l'industrie automobile, présents dans tout le quartier depuis le début du XXe siècle. Ainsi, le no 10, maison unifamiliale à l'origine, est transformée vers 1914 en commerce de « fournitures pour automobiles et cycles » (actuellement il fait office de supermarché) ; le no 45, une ancienne quincaillerie, un type de commerce lié à l'automobile (voir ce numéro) ; le no 87, anciennement « carrosserie de luxe et d'automobiles Snutsel Frères » (1906) qui était, d'après le Nouveau plan de Bruxelles industriel avec ses suburbains de Jules de Waele (1910 ; IVAIB, fiche 61), la deuxième carrosserie la plus importante du quartier avec celle des frères D'Ieteren. Ce bâtiment, dont la façade-pignon résulte d'une lourde transformation (1949), cache un autre bâtiment à toiture en sheds. Occupé aujourd'hui par l'ERG (École de recherche Graphique – Institut Saint-Luc), il est situé sur une parcelle en L qui relie la rue du Page à la rue Fourmois, la façade arrière étant située au no 15 de cette rue (châssis métalliques conservés à l'étage).

Il existait autrefois dans la rue du Page deux « carrés », ensembles de maisons ouvrières construites à l'arrière d'immeubles à front de rue et auxquels on accédait par une impasse. Il s'agit du Carré Claes (à hauteur du no 59) qui comptait, lors de sa création en 1866, six maisons et du Carré Fourie (à hauteur du no 64) qui en comprenait quatre. Ils étaient baptisés du nom de leur propriétaire.

Sources

Archives
ACI/TP Historique des rues (1925).
AVB/PP 1562 (1872).
ACI/Urb. 10 : 241-10 ; 19 : 241-19 ; 59 : 241-59 ; 64 : 241-64 ; 78 : 241-78 ; 87 : 241-87.

Ouvrages
Inventaire visuel de l'architecture industrielle à Bruxelles. Ixelles, AAM, Bruxelles, 1980-82, fiche 61.