Typologie(s)

château
maison d’habitation

Intervenant(s)

Styles

Architecture rurale
Néoclassicisme

Inventaire(s)

  • Le patrimoine monumental de la Belgique. Laeken - Domaine Royal (DPC - DCE)

Ce bien présente l’(es) intérêt(s) suivant(s)

  • Artistique
  • Esthétique
  • Historique
  • Paysager

Recherches et rédaction

2021

id

Urban : 39526
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Description

Situé avenue des Trembles, en bordure du parc public de Laeken, le domaine du Stuyvenberg – littéralement Montagne aux sous – était à l’origine formé de deux propriétés distinctes, séparées par un chemin creux, le Paepenweg: le château-ferme du Stuyvenberg ou Ferme Rose, et le château Meyer à l’origine dénommé château de Stelenbosch et actuel château du Stuyvenberg.

Historique

La Ferme rose

L’existence de la Ferme Rose est attestée dès le XVIe siècle: la plus ancienne source écrite, remontant à 1503, attribue le domaine à Louis Van Bodeghem, grand maître maçon de l’époque, notamment connu pour avoir participé à l’édification de la Maison du Roi sur la Grand-Place de Bruxelles. La ferme exploitait de nombreuses terres sur le Schempeghens Velt (près du Steenpoel), sur le Savel, inde Wellebore et op den Wannecoutere; soit un total de quelque 14 bonniers.

Deux siècles plus tard, en 1703, le domaine échoit à Joachim-Joseph Sire Jacob, conseiller au Mont de Piété de Bruxelles et seigneur héréditaire de Laeken. La ferme, qui formait alors une habitation de plaisance, est rebâtie entre 1713 et 1725. La tour de cinq étages qui domine l’ensemble est datée de cette époque (1713); elle a subi peu de modifications, si l’on en juge d’après un dessin de F.-J. Derons daté de 1733 (Deknop, A., 2007, p. 121).

Le domaine passe ensuite au fil des héritages dans la famille De Leeu de Moorsele avant d’être acquis, en novembre 1829, par Marc-Julien Deby qui fut plus tard bourgmestre de Laeken (1834-1859). En 1840, M.-J. Deby cède le domaine à l’État belge et achète la propriété voisine pour y construire une demeure connue plus tard sous le nom de château Meyer. En 1880, le domaine entre dans le patrimoine de Léopold II, dans le cadre du vaste échange de terrains nécessaires à la création du parc de Laeken; le souverain fait également l’acquisition du château Meyer en 1889.

Vers 1890, sous les auspices des architectes anglais Kidney et Berry, la ferme est restaurée pour y abriter une grange, des étables et une faisanderie, tandis qu’un nouveau bâtiment est construit à droite de la tour. Léopold II y fait transférer la buanderie lors de son emménagement dans le château voisin. La date de 1890 que l’on lit sur l’aile droite, de même que l’écusson royal, placé au-dessus de la porte de cette partie de la ferme, rappellent le souvenir de ces transformations.

Le château Meyer, actuel château du Stuyvenberg

Alors qu’il se sépare de la Ferme Rose, Marc-Julien Deby achète la propriété voisine (1840) pour y construire un petit château auquel il donne le nom de Stelenbosch. De style néoclassique, il s’agit d’une villa de campagne pourvue de tout le confort moderne (de l’époque). En 1850, Deby vend la propriété à Jean-Michael Huhnlein (probablement un homme de paille du roi Léopold Ier) qui lui-même la revend en 1851 à Arcadie Claret, épouse de Frédéric Meyer et maîtresse du roi Léopold Ier dont elle aura deux enfants, Georges-Frédéric (titré baron von Eppinghoven) et Arthur.

À la mort du roi en 1865 Arcadie Claret quitte le domaine et s’installe en Allemagne. Laissée à l’abandon, la propriété est finalement rachetée le 09.03.1889 par le roi Léopold II, comme la Ferme Rose voisine. Les deux propriétés se voient alors réunies en un seul domaine de 21 hectares. Pour exécuter la transaction, Léopold II utilise les services d’un homme de paille, le capitaine des Grenadiers Léonce Hubert Marlier. Le roi fait transformer le château Meyer par son architecte Alphonse Balat (travaux exécutés par l’entreprise Louis De Waele) qui rehausse le premier étage, y ajoute un second ainsi qu’une annexe sur caves pour la salle à manger. Sur le pourtour du château, l’architecte paysagiste Lainé dessine des jardins à la française autour de deux pièces d’eau. En 1904, l’architecte Charles Girault construit, adossée à la façade, une tour circulaire abritant un escalier (démolie).

Le domaine du Stuyvenberg

Le domaine du Stuyvenberg devient propriété de la Donation royale en 1904. De 1929 à 1935, le château Meyer accueille les ducs de Brabant, le prince Léopold (futur Léopold III) et son épouse la princesse Astrid. Devenu roi, Léopold III s’installe au château de Laeken. Le château reste inoccupé jusqu’en 1951, lorsque la reine Élisabeth, veuve d’Albert Ier, qui habitait jusqu’alors le PavillonLe toit en pavillon est un toit à quatre versants droits couvrant un corps de bâtiment de plan sensiblement carré. La lucarne en pavillon est une lucarne dont le toit est en pavillon. aux Palmiers dans le complexe des SerresBâtiment indépendant, à parois translucides, où l’on abrite les plantes l’hiver et cultive des végétaux sensibles au froid. Contrairement au jardin d’hiver, la serre ne constitue pas une pièce de vie. de Laeken, s’y installe. Elle y reçoit les plus grands artistes et intellectuels belges et étrangers jusqu’à sa mort en 1965. Le domaine est alors mis à la disposition des Affaires étrangères et le château est réservé au logement des chefs d’État et hôtes de marque étrangers de passage à Bruxelles. Il devint aussi le lieu des grands conclaves budgétaires et autres négociations gouvernementales dans les années 1970.

De 1999 à 2014, le château est occupé par la reine Fabiola, veuve du roi Baudouin. Sa «Maison» (département administratif) prend ses quartiers dans la Ferme Rose. Elle y décède le 05.12.2014.

Descriptions sommaires

La Ferme Rose

Château-ferme de 1713-1725, de deux niveaux et de plan en L, marqué en son centre d’une tour carrée (millésimée «1713») de six niveaux sous toiture en pavillonLe toit en pavillon est un toit à quatre versants droits couvrant un corps de bâtiment de plan sensiblement carré. La lucarne en pavillon est une lucarne dont le toit est en pavillon.. En briques rouges et éléments de pierre blanche. Fenêtres à croiséeBaie à croisée. Baie divisée par des meneau(x) et traverse(s) se croisant à angle droit. de pierre et montants harpés. Toitures ajourées de lucarnesOuvrage construit sur un toit et permettant d’éclairer le comble par une ou plusieurs fenêtres.. AncresPièce métallique apparente ou noyée dans l’enduit de façade, fixée à l’extrémité d’un tirant en fer pour solidariser les murs et les planchers. Il existe des ancres purement décoratives, non reliées à des tirants.. En façade arrière travée1. Division verticale d’une élévation, composée d’une superposition d’ouvertures, réelles ou feintes. 2. En plan, la travée est l'espace compris entre deux rangées de supports disposées perpendiculairement à la façade. d’entrée en ressautSaillie d'une partie de mur par rapport à l’alignement général., flanquée de pilastresÉlément vertical plat en ressaut qui évoque un support (un pilier engagé). Il peut être muni d’une base et d’un chapiteau. à refends et sommée d’un frontonCouronnement de forme triangulaire ou courbe, à tympan et cadre mouluré formé de corniches..

Château du Stuyvenberg

Maison de plaisance ou de campagne de style néoclassique, 1840. Plan rectangulaire. ÉlévationDessin à l'échelle d'une des faces verticales d’un édifice. Par extension, façade d'un bâtiment ou ensemble de ses façades. enduite sur soubassementPartie massive d’un bâtiment construite au sol et constituant l’assise du bâtiment. À Bruxelles, le soubassement est d’ordinaire en pierre bleue. de pierre bleue, comptant deux niveaux surmontés d’un demi-étage sous toiture en bâtièreToit à deux versants.. En façade principale, bâtiment originel alignant cinq travées1. Division verticale d’une élévation, composée d’une superposition d’ouvertures, réelles ou feintes. 2. En plan, la travée est l'espace compris entre deux rangées de supports disposées perpendiculairement à la façade. percées de fenêtres rectangulaires: travées1. Division verticale d’une élévation, composée d’une superposition d’ouvertures, réelles ou feintes. 2. En plan, la travée est l'espace compris entre deux rangées de supports disposées perpendiculairement à la façade. latérales plus larges, les trois travées1. Division verticale d’une élévation, composée d’une superposition d’ouvertures, réelles ou feintes. 2. En plan, la travée est l'espace compris entre deux rangées de supports disposées perpendiculairement à la façade. axiales en ressautSaillie d'une partie de mur par rapport à l’alignement général. devancées à hauteur du rez-de-chaussée d’un porche de forme courbe résultant d’une transformation: accessible par deux rampes en pente douce (garde-corps métalliques), il est couvert d’une terrasse portée par des colonnes et des piliersSupport vertical de plan carré. à refendsLe refend est un canal dans un parement, accusant ou simulant le tracé de joints d'un appareil à bossages.. En travée1. Division verticale d’une élévation, composée d’une superposition d’ouvertures, réelles ou feintes. 2. En plan, la travée est l'espace compris entre deux rangées de supports disposées perpendiculairement à la façade. axiale, traitée en léger ressautSaillie d'une partie de mur par rapport à l’alignement général., porte d’entrée à arcStructure appareillée de couvrement, cintrée selon un profil donné. en plein cintreUn élément est dit en plein cintre lorsqu’il est cintré en demi-cercle.. Volets en bois.
À droite, façade prolongée de trois travées1. Division verticale d’une élévation, composée d’une superposition d’ouvertures, réelles ou feintes. 2. En plan, la travée est l'espace compris entre deux rangées de supports disposées perpendiculairement à la façade. plus sobres, ajoutées ultérieurement (première moitié du XXe siècle) et remplaçant la tourelle elle-même ajoutée en 1904 par l’architecte Ch. Girault.
À gauche, annexe d’un niveau sous toiture plate devancée, tant en façade avant qu’en façade arrière, d’un bow-windowDe l’anglais bow (arc dans le sens d’arqué, courbé) et window (fenêtre). Le bow-window apparaît avec l’Art nouveau. Il s’agit d’un élément en surplomb qui s’intègre par son plan cintré à la façade. Il se différencie de la logette, d’ordinaire de plan rectangulaire et qui paraît appliquée sur la façade. Le bow-window peut occuper plusieurs niveaux. de plan trapézoïdal.

En façade arrière, travée1. Division verticale d’une élévation, composée d’une superposition d’ouvertures, réelles ou feintes. 2. En plan, la travée est l'espace compris entre deux rangées de supports disposées perpendiculairement à la façade. axiale sommée à hauteur du demi niveau d’un édicule orné d’un médaillonCartouche rond ou ovale. portant le monogramme de Léopold II, sous frontonCouronnement de forme triangulaire ou courbe, à tympan et cadre mouluré formé de corniches. et flanqué de volutes. À hauteur du rez-de-chaussée, porche hors-œuvre de plan rectangulaire couvert d’une toiture terrasse fermée d’une balustradeGarde-corps composé de balustres, c’est-à-dire de petits supports en répétition, généralement profilés et de section circulaire..

À l’intérieur, hall pavé de dalles de marbre noir et blanc s’ouvrant sur une enfilade de trois salons et un escalier menant aux étages. Aile Est comprenant trois salles à manger.



Sources

Ouvrages
CAPRON, V., Le domaine du Stuyvenberg à Laeken, V. Capron éditeur, Bruxelles, 1995.
DEKNOP, A., (dir.), De la ville et ses plaisantes campagnes. Regards sur Bruxelles et ses environs au 18esiècle, La Renaissance du Livre, Bruxelles, 2007 (Fontes Bruxellae, 4).
DEMEY, Th., Le domaine royal de Laeken, Ministère de la Région de Bruxelles-Capitale, Bruxelles, 2004 (coll. Bruxelles, Ville d’Art et d’Histoire, 37).
DEMEY, Th., Léopold II (1865-1909), La marque royale sur Bruxelles, Badeaux, Bruxelles, 2009, pp. 390-393.
GUILLAUME, A., MEGANCK, M., Atlas du sous-sol archéologique de la Région de Bruxelles: 24 Bruxelles – Laeken, Région de Bruxelles-Capitale, Bruxelles, 2012.
La Dame du Stuyvenberg, J. Goemaere, Bruxelles, 1971.
WAUTERS, A. G., Histoire des environs de Bruxelles, Ch. Vanderauwera éditeur, Bruxelles, 1855, p. 377.

Sites internet
http://royalementblog.blogspot.com/2011/07/le-domaine-du-stuyvenberg.html